LA MANCHE EN 1880
   
  COURS D'EAU
         
   
     
 

ADOLPHE JOANNE

GEOGRAPHIE DU DEPARTEMENT DE LA MANCHE

PARU EN 1880

 
     
 

COURS D'EAU

 

Cours d'eau 9 canaux.

 

Le Cotentin, n'offrant qu'un versant de faible largeur, n'a point de grandes rivières : celles qui reçoivent des bâtiments, telles que la Vire, ne les portent que dans la partie maritime de leur cours. Les eaux du département s'écoulent presque entièrement dans la mer de la Manche; l'Ccéan ne reçoit, par Saint-Lô,

 

a Mayenne, la Maine et la Loire, que les ruisseaux de 4 à 5 communes.

 

Vers la Manche se dirigent la Vire, la Tante, la Sinope, la Saire, le ruisseau de Pont-aux-Fèvres, le ruisseau de la Gouplière, la Divette, la Diélette, le ruisseau du Rozel, la Gerfleur, la Grise ou rivière d'Olonde, l'Ay, la Sienne, le Boscq,

la Saigne, le Tar, la Sée, la Sélune, le Couesnon et un grand nombre de ruisseaux.

 

La Vire naît sur les confins de la Manche et du Calvados, au pied de la colline de Saint-Sauveur-de-Chaulieu (367 mètres). Après avoir servi pendant o kilomètres de limite aux deux départements, elle entre dans le Calvados, y baigne le pied de réminence qui porte la ville de Vire, puis, à 3 kilomètres en aval de Pont-Farcy, entre définitivement dans le département de la Manche. Elle y baigne Tessy, Condé, Sainte-Suzanne, la Mancellière, Saint-Lô, prête sa vallée au chemin de fer de Saint-Lô à Lison, puis à celui de Paris à Cherbourg, arrose Rampan, Pont-Hébert et la Meauffe. A 3 kilomètres en aval de Tembouchure du canal de Vire-et-Taute (F. p. 19), elle sert de nouveau de limite, jusqu'à son embouchure, entre le département de la Manche et celui du Calvados. A partir du pont du Vey, elle parcourt une grève, couverte à marée haute, où serpente aussi rOuve, et tombe dans la Manche entre les bancs du Grand- Vey et les rochers de Grandcamp. Cours, 132 kilomètres, dont 46 dans le département de la Manche. La Vire est navigable de Pont-Farcy à la mer, sur une longueur de 45,900 mètres. Il reste encore, entre Pont-Farcy et Vire (Calvados), 27 kilomètres environ à canaliser. En aval du chenal d'Isigny, la navigation est exclusivement maritime. Les transports consistent pour les deux tiers en chaux, tangues et engrais de mer.

 

La Vire reçoit dans le département : — en aval de Tessy, (rive droite) la Sacre; — le ruisseau de Condé{r\wQ droite), au village de ce nom; — en aval de la Mancellière, (rive gauche) le ruisseau de Gourfaleur; — un peu plus bas, (rive gauche) la Joigne ; — à Saint-Lô , (rive droite) le Torteron et la Dolée ; — • en face de Montmartin-en-Graignes, (rive droite) VElle, rivière qui naît au-dessus de Notre-Dame-d'EUe, près de Rouxeville, passe à Bérigny et à Moon, coupe le chemin de fer de Lison à Saint-Lô, puis entre dans le département du Calvados, où elle a son embouchure. L'afiluent de l'EUe le plus important est le Rieu (rive droite), qui appartient au Calvados, mais qui sert de limite à la Manche pendant quelques centaines de mètres entre la gare de Lison et son embouchure à 1 kilomètre en aval.

 

La Taute naît à Camprond, passe au pied de Samt-Sauveur-Lendelin, traverse les marais de Garentan, et tombe dans la Manche au passage du Grand-Vey. Cours, 55 kilomètres. La Taute est navigable depuis le moulin de Mesnil jusqu'à la rencontre de rOuve, sur 21 kilomètres; mais la navigation y est très-faible en amont du confluent de la Vanloue. Elle est fréquentée par des gabarres de 10 à 15 tonneaux. Les matières transportées consistent en tangues et engrais marins.

 

La Taute a pour affluents : — (rive droite) le Lozon (25 kilomètres), qui naît dans le canton de Marigny et a son embouchure à Tribehou; — (rive droite) la Térette ou Terrette (35 kilomètres), qui a sa source au-dessus de Carantilly et se mêle à la Taute en face de Saint-André-de-Bohon; ce cours d'eau est considéré comme navigable sur 7 kilomètres ; — et (rive gauche) rOuve. L'Ouve naît à 6 kilomètres au sud de Cherbourg, à la lande de la Gravelle, commune de ToUevast, dans des collines de schistes et de grès de 177 mètres. Elle passe à Soltevast, reçoit la Gloire (rive gauche) et la Claire (rive droite) à Négreville, puis la Seye (près de Magneville; rive droite) descendue des collines de Grosville et de Saint,-Germain-le-Gaillard (120 mètres) et grossie du ruisseau de Bricquehec. L'Ouve recueille ensuite les eaux de la Sandre (près de Sainte-Colombe; rive droite) venue des collines de Saint-Pierre-d'Arthéglise, baigne Saint-Sauveur-le- Vicomte, s'engage dans de vastes prairies marécageuses, s'augmente du Merderet (50 kilomètres ; rive gauche), de la rivière de Valognes, et de la Sève (rive droite), puis se jette dans la Taute au Four-de-Taute, au-dessous de Carentan. Cours, 69 kilomètres. L'Ouve est navigable depuis Saint-Sauveur-le-Vi comte jusqu'à son embouchure, sur une longueur de 30 kilomètres. Elle est parcourue par des gabarres de 18 tonnes. — La Sève ou Sèves (35 kilomètres) naît dans le canton de Périers, reçoit la Holcrotte au-dessous de Nay, et le canal du PJessis (F. p. 20), qui sert au dessèchement des marais de Saint-Georges. A partir de la chaussée de Baupte, la Sève se partage en deux bras : l'un qui garde le nom de Sève, et l'autre, celui de droite, qui prend le nom de Madelaine. Le premier est classé comme navigable jusqu'à sa rencontre avec l'Ouve, sur 7 kilomètres; l'autre ne l'est qu'à partir de Textrémité de ce qu'on appelle le canal d’Auvers, sur 6 kilomètres.

 

La Sinope naît dans les collines de Montaigu, passe à Saint-Martin-d'Audouville et débouche dans l'Océan sur la plage de Quinéville.

 

La Saire descend des collines du Mesnil-au-Val, baigne le Vast, Valcanville, Anneville, *et tombe dans la Manche entre Barfleur et Saint- Yaast. Cours, 35 kilomètres.

 

Les ruisseaux insignifiants de Pont-aux-Fèvres et de la Couplière ont leurs embouchures près duRaz-de-Gatteville.

 

La Divette descend des collines de Bricquebosq (132 mètres), reçoitle Tro^^efec, et se jette dans le port de Cherbourg. Cours, 26 kilomètres.

 

Entre l'embouchure de la Divette et le cap de la Hague débouchent dans la mer de nombreux petits cours d'eau dont les moins insignifiants sont : le ruisseau Lucas, augmenté du ruisseau de Rouland; le ruisseau des Castelets, qui a, comme le précédent, son embouchure près de la Pointe de Querqueville; la Biale, qui passe à Urville-Hague; YHubillane; la rivière de la Sabine^ que domine Eculleville, et la rivière d' Omonville-la-Rogue,

 

Au sud du cap de la Hague, dans l'anse de Vauville, village dont l'étang, ou mare de Vauville, n'est séparé de la mer que par une étroite bande de sable, on rencontre successivement l'embouchure du Petit-Doué, celle du ruisseau de la Grande-Vallée, grossi du ruisseau de Branval, celui du Val-Tollé, voisin de Biville, le petit fleuve formé par la réunion des ruisseaux des Mines et de Claire-Fontaine, la rivièrede Siouville.

 

La Dielette descend des collines de Gros ville (126 mètres), baigne Benoîtville, Tréauville, et tombe dans la Manche à Dielette.

 

Le ruisseau duRozel débouche dans l'anse de Sciotot. La Gerfleur est le petit fleuve qui se perd dans le havre de Carteret.

 

La Grise, ou rivière d'Olonde, passe près de Caii ville et du château d'Olonde, baigne Ourville et se jetle dans la Manche aux o^rèves du havre de 'Portbail.

 

h'Ay (55 kilomètres) prend sa source à Montsurvent, passe à Lessay et tombe dans la Manche, par un large estuaire, aux grèves de Saint-Germain-sur-Ay, en face de Jersey.

 

La Sienne (76 kilomètres) naît dans les collines que recouvre la forêt de Saint-Sever (Calvados), arrose Saint-Maurdes-Bois, Villedieu-les-Poëles, Gavray, Ouettreville, Hyenville, et tombe dans la Manche au havre de Regnéville. Elle est navigable du confluent de la Soulle à la mer (7 kilomètres), avec un tirant de 1 mètre 20. Le mouvement annuel est de 5000 à 6000 tonnes. — La Sienne a pour affluents : — près de l'Orbehaie (rive droite), h ruisseau (\m passe près dePeixy; — près du château de Ver, en aval de Gavray, (rive gauche) ÏAiron ou Héron, qui passe à Beauchamps ; — à Quettreville, (rive droite) la Vanne; — au pont de la Roque, (rive droite) la Soulle (45 kilomètres), qui naît au nord de Percy, dans des collines de 276 mètres, passe près de Gerisy-la-Salle et à Coutances. De cette ville jusqu'à son embouchure, la Soulle est suivie par le canal de Coutances.

 

Le Boscq est la rivière de Granville.

 

La Saigue tombe dans la mer à Saint-Pair. [ Le Tar (25 kilomètres) passe à la Haye-Pcsnel, traverse le petit lac appelé Mare de Bouillon, coule au milieu des dunes, et, prenant la direction du nord, a son embouchure près de Saint-Pair.

 

La Sée (65 kilomètres) a sa source dans le canton de Sourdeval, dans des collines de 312 mètres d'altitude, passe à Chérencé-le-Roussel, à Cuves, près de Brécey, à Vernix, à Ponts, à Saint-Jean-de-la-Haize, au pied de la colline d'AI vranches, et se jette, en même temps que la Sélune, dans la baie du Mont-Saint-Michel. Parmi ses nombreux affluents, tous insignifiants, nous citerons la Braise, qui a son embouchure en vue d'Avranches, et la rivière de Bien, qui prend sa source à Saint-Martin-le-Bouillant. La Sée est navigable à partir de Tirepied (22 kilomètres), mais la navigation, impossible sans l'aide des marées, est de fait nulle, à cause des dangers qu'offrent les vastes grèves mobiles où s'égare la rivière.

 

La Sélune, ou Célune (60 kilomètres), naît dans les collines de Saint-Cyr-du-Bailleul (170 mètres), passe à Saint-Hilaire-du-Harcouet, à Ducey, à Pontaubault, et se jette dans la baie du Mont-Saint-Micheh Elle est censée navigable depuis le port de Ducey (15 400 mètres); mais les grèves rendent rentrée en rivière et la sortie impossibles. — Les principaux affluents delà Sélune sont: — (rive droite) la Ganse ou Cance qui naît dans des collines granitiques de plus de 300 mètres, passe à Saint-Clément, à Mortain, où elle coule dans un vallon bordé de rochers pittoresques; la Ganse et le Canson, son affluent, forment à Mortain les belles cascades du Saut-du-Diable et du Saut-du-Puits ; — VOir ; — près de Saint-Hilaire-du-Harcouet (rive gauche), VAiron, qui descend de la Dorée (Mayenne); — (rive gauche) le Beuvron, qui naît dans la commune de Parigné (Ille-et-Vilaine) et arrose Saint- James.

 

Le Couesnon prend sa source dans la commune de Saint-Pierre-des-Landes (Mayenne). 11 sépare le département de la Manche de celui d'Ille-et-Vilaine et baigne Pontorson avant de se jeter dans l'anse la plus reculée de la baie du Mont-Saint-Michel. I1 est censé navigable sur une longueur de 21 kilomètres ; mais la navigation y est nulle par suite du danger que courent les navires en s'aventurant sur les grèves mobiles de l'embouchure. Ils doivent s'arrêter à Moidrey, à l'extrémité sud du canal construit par la compagnie des Polders de l'Ouest et repris par l'Etat comme canal navigable. Mais le mouillage dans ce canal est très-mauvais à cause du fort courant qui y existe. Pour remédier à cet inconvénient, on a déjà exécuté dans le Gouesnon une rectification dite coupure des Milardières; une seconde coupure, dile du Pas-du-bœuf, a été déclarée d'utilité publique en 1874. Pontorson deviendra donc prochainement un port secondaire d'un accès sûr et facile, qui comblera la lacune que présente l'étendue d'environ 70 kilomètres de côtes entre le Vivier (Ille-et-Villaine) et le port de Granville. — Le Couesnon reçoit dans le département, et par la rive droite : — le Tronçon (grossi du ruisseau de la Martelais), qui a sa source et son embouchure dans Ille-et-Vilaine, mais qui sert de limite, pendant quelques kilomètres, au département de la Manche ; — la Dierge , qui naît aussi dans Ille-et- Vilaine, et qui passe à Argouges; — et le Loison, qui a sa source près de Villiers.

 

Le département de la Manche n'envoie à la Loire, par la Mayenne et la Maine, que les eaux de deux rivières : ces deux rivières sont l'Egrenne et le Colmont.

 

L’Égrenne naît près deSaint-Martin-de-Chaulieu, sert, pendant quelques kilomètres, de limite entre la Manche et l'Orne, puis entre dans ce dernier departement, où il a son embouchure, à Torchamp, dans la Varenne, affluent de la Mayenne.

 

Le Colmont a sa source dans des collines du canton du Teilleul, sert de limite entre la Manche et la Mayenne, et se jette dans la Mayenne, à Mons.

 

Canaux.

 

— Le canal de Vîre-et-Taute réunit ces deux rivières, à 10 kilomètres environ en amont de leur embouchure. Il a son origine sur la Vire, au hameau du Porribet, et se termine sur la Taute, au hameau de Cap, en amont de Carentan. Sa longueur est de 11 800 mètres. On y a joint, pour la concession, la Vire canalise'e, de Saint-Lô au Porribet, sur une longueur de 20 kilomètres. Le mouillage du canal est de l^ôO; la pente totale, de 9 mètres, est rachetée par 6 écluses. La moyenne annuelle des transports (sables, chaux, tangues) est de 24 500 tonnes par kilomètre.

 

Le canal de Coutances met la ville de ce nom en communication avec la Sienne au pont de la Roque. Il suit la rivière de Soulle, depuis Coutances jusqu'à son embouchure. Il a une longueur de 5632 mètres ; son mouillage est de 1,30 ; la pente, de 9°60, est rachetée par 4 écluses. Le canal, débouchant dans la Sienne en un point où cette rivière est ensablée, n'est accessible que par la marée. Son trafic annuel s'élève à une moyenne de 5400 tonnes de tangue.

 

Le canal du Plessis (4600 mètres) va des mines de houille du Plessis au pont de Baupte, où la Sève commence à devenir navigable. Son mouillage normal est de 1 mètre. Il est de niveau dans toute son étendue