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Cherbourg sous l'Empire CPA collection LPM 1900 | ||||||||
Naissance d'un port militaire Texte issu de WIKIPEDIA
La ville est touchée par la peste dans les années 1620, et surtout en 1626 à cause d’un navire en provenance de La Rochelle. L’Hôtel-dieu, détruit par les flammes cette même année, n'est reconstruit qu’en 1639.
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Sous l’impulsion de Colbert, la corporation des drapiers fonde, le 16 avril 1668, la manufacture de draps qui produit deux milliers de pièces par an. Deux ans plus tôt, Colbert avait favorisé également l’implantation de la manufacture de verre dans la fôret de Tourlaville.
Pour compléter les deux ports d’envergure que sont Brest sur l’Atlantique et Toulon sur la Méditerranée, Louis XIV désire édifier un nouveau port sur les côtes de la Manche, face à l’Angleterre, afin d’héberger les navires de passage. Après l'échec en 1665 d'une première commission chargée d’étudier la meilleure place, Colbert vante les mérites en 1678 de la fosse de Colleville, à l’embouchure de l’Orne, sans plus de résultat. Vauban inspecte les ports de la Manche en 1680 et remet un mémoire au Roi en 1686, préconisant de renforcer la fortification de Cherbourg et de porter la capacité du port à 40 navires de 300 à 400 tonneaux et autant de frégates de 20, 30 et 40 bouches à feu. Privilégiant la Hougue pour bâtir un port militaire d’envergure, il envisage toutefois de fermer la rade de Cherbourg par deux digues, l’une de 200 toises partant du Homet, l’autre de 600 toises partant de l’île Pelée, capables d’abriter une dizaine de vaisseaux. Au delà de la simple consolidation, il conçoit une nouvelle enceinte aux fortifications modernes, autour d’une ville nouvelle de seize rues droites, avec place royale centrale, hôpital, casernes, trois portes et cinq bastions. Les travaux de fortifications et d’aménagement du château débutent l’année suivante mais ses opposants, dont Louvois, parviennent en décembre 1688, par crainte des attaques anglaises et par jalousie, à convaincre le Roi d’arrêter les travaux. Le mois suivant, pour ne pas courir le risque de laisser aux mains des Anglais une place forte solide, l’ordre est donné de raser les fortifications, mobilisant pendant trois années près de 3 500 ouvriers.
En 1692, la protection de cette place forte du Cotentin fraîchement démantelée fait cruellement défaut à l’amiral de Tourville lors de la tentative manquée de repli de la bataille de la Hougue. Abîmés lors de la bataille de Barfleur et sans aucun port pour les protéger, trois des navires de la flotte s'abritent dans la baie de Cherbourg sous la protection de l’artillerie et la mousqueterie du fort du Gallet, construit deux ans auparavant par la milice bourgeoise : le Triomphant s'échoue à l’entrée du port, L’Admirable sur les Mielles, et le vaisseau amiral Soleil Royal sur la pointe du Homet. Le dimanche 1er juin 1692, devant de nombreux badauds venus du Nord-Cotentin, et alors que le curé a déplacé à l’extérieur (face à la bataille) la messe de la fête paroissiale, les brûlots anglais incendient les trois bâtiments. Les stocks de poudre explosent, les corps des marins et les débris jonchent la plage et les rues de la ville, tandis que le toit de la basilique de la Trinité est soufflé par l’explosion du Triomphant.
La destruction des remparts cherbourgeois n'engendre pas un étalement de la ville qui conserve son aspect médiéval. Des constructions prennent la place des anciennes fortifications et englobent peu à peu le faubourg proche de la Divette. Au début du règne de Louis XV, on dénombre 800 feux à Cherbourg, soit environ 4 000 habitants. Valognes en compte 1 000. En 1731, Chantereyne revendique 5 500 habitants, le recensement de 1774 en dénombre 6 257, et celui de Dumouriez en 1778, 7 300, en y incorporant probablement les garnisons en place.
En 1739, les ingénieurs Hüe de Caligny, directeur en chef des travaux publics de la province de Normandie, et de Caux, ingénieur en chef, entreprennent pour 560 000 livres, le creusement d’un port de commerce (aujourd'hui au niveau de la place Divette), avec la construction d’une écluse, d’un pont tournant, d'une jetée de chaque côté du chenal et de quais. Achevé en 1742, ce port est dévasté en août 1758 par une attaque anglaise sous les ordres du général Bligh et l’amiral Howe dans une ville abandonnée par le maréchal de camp comte de Rémond, retiré au château du Mont-Épinguet de Brix, puis à Valognes. | ||||||||
Gravure de Cherbourg, XVIIe siecle. Collection CPA LPM 1900 | ||||||||
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Cherbourg sous l'Empire CPA collection LPM 1900 | ||||||||
Un nouveau « bassin du commerce » est aménagé en 1769 et inauguré en 1775, après le détournement de la Divette.
Avec ces travaux, Cherbourg – depuis longtemps port commercial de faible importance, ville sans université ni activité culturelle, régulièrement pillée, aux faibles relations avec Paris – acquiert un poids essentiel dans le Cotentin et cela se traduit, à la veille de la Révolution française, par la création de réseaux de sociabilités par les bourgeois réunis en associations – comme la Société royale académique de Cherbourg en 1755 et la loge « la Fidèle maçonne ».
Le 30 novembre 1758, suite au « Grand dérangement » et à la chute de Louisbourg, un navire britannique amène des déportés acadiens de l’Île Royale et l’Île Saint-Louis. Le dénuement et un état sanitaire dramatique provoquent la mort de nombreux réfugiés. Deux mois plus tard, le 14 janvier, un second convoi amène depuis Halifax, au terme de seize jours de traversée, 147 Acadiens originaires majoritairement de Pobomcoup et du Cap Sable. Parmi eux se trouve la famille nobiliaire d’Entremont, dont l’ancêtre Philippe Mius d'Entremont (1601-1700) baron de Pobomcoup, était originaire de Cherbourg. Les bourgeois locaux organisent leur secours, protestant officiellement contre la décision royale de supprimer la solde accordée aux réfugiés. En 1773, 163 des 228 Acadiens de Cherbourg partent pour le Poitou. Au lendemain de la Révolution française, on compte encore dans la ville deux centaines d’Acadiens, auxquels l’Assemblée nationale reconduit le versement d’une pension sur l’insistance du président de la Société des amis de la Constitution locale, Étienne-François Le Tourneur.
Louis XV manifeste l'intention de reprendre les travaux d'un port militaire, mais le raid anglais de 1758 l'arrête. Le soutien français aux insurgés américains réveille ensuite le projet dans l’esprit de Louis XVI. En 1776, à la demande du Roi, une commission – sous l’égide de Suffren, réunissant notamment Dumouriez, futur gouverneur de la place, et le capitaine de vaisseau et hydrographe La Bretonnière – est chargée de choisir entre Cherbourg, Ambleteuse et Boulogne le port stratégique pour la défense des côtes de la Manche.
Le rapport de La Bretonnière et de Méchain considère que seul le port normand peut protéger convenablement 80 bateaux de guerre. Dépassant les projets de Vauban, il projette la construction d’une digue de 4 kilomètres de long entre l’île Pelée et la pointe de Querqueville. Dumouriez et le chef du génie Decaux conseillent quant à eux une rade plus courte, allant en droite ligne de l’île Pelée et la pointe du Homet comme préconisé par Vauban, avec une passe centrale unique et mettant l’accent sur les défenses militaires. On donne finalement raison à La Bretonnière. Quant à l’édification, Decaux vante les mérites des caissons de maçonnerie de béton tandis que La Bretonnière préfère le sabordage de vieux navires de guerre et un enrochement à pierres perdues. Mais les plans de l’ingénieur Louis-Alexandre de Cessart sont choisis : un môle construit à partir de 90 cônes de bois de 20 m sur 20, remplis de pierres et de béton, reliés par des chaînes de fer.
Le premier cône est coulé le 6 juin 1784 à un kilomètre de l’Île Pelée et la rade s'emplit des 300 à 400 bateaux qui font la navette depuis le port du Becquet pour le transport des pierres. Mais les quatre premiers cônes ne résistent pas aux tempêtes. Le 22 juin 1786, Louis XVI fait son unique voyage en province pour voir l’avancement des travaux et et assister à l’immersion du neuvième cône de pierre. On conclut en 1788 à l’échec de l’option de Cessart et on revient, les caisses vides, à la conception de La Bretonnière.
En 1785, conséquence de l’importance que prend la ville, une subdélégation est créée, toutefois plus restreinte que la vicomté supprimée quatorze ans plus tôt car couvrant essentiellement la Hague, jusqu’à Héauville et Helleville inclus, ainsi que Tourlaville, Bretteville, Digosville et Martinvast, et toujours sous la dépendance de la circonscription de Valognes. | ||||||||
Projet non retenu de Louis-Alexandre de Cessart pour la rade | ||||||||
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Cherbourg Bassin de l'Avant-Port CPA collection LPM 1900 | ||||||||
À la veille de la Révolution française, toutes les conditions sont réunies pour la survenue d’un mouvement politique: Un corps municipal mésestimé, un Dumouriez favorable au renversement de celui-ci que soutiennent des bourgeois de robe réformateurs, un duc de Beuvron sans autorité et une population ouvrière soumise à la disette, des hostilités au sein du pouvoir militaire et des bourgeoisies, dues aux mauvaises récoltes et au chômage créé par l’abandon des cônes et le ralentissement des travaux
Effectivement, ville ouvrière et bourgeoise, Cherbourg accueille favorablement la Révolu-tion. Le cahier de doléances dénote une volonté réformatrice mais modérée de la part de bourgeois proche des Feuillants. Malgré l’importance prise par la ville en quelques années, sa population n'est pas représentée lors des États généraux de 1789 ; elle y envoie cependant un député extraordinaire, Victor Avoyne de Chantereyne, qui obtient la nomination de Cherbourg comme chef-lieu de district.
La nouvelle de la prise de la Bastille est reçue le 17 juillet avec joie, et l’ordre de porter la cocarde est donné le lendemain. Mais le 21 juillet en fin de journée, des ouvriers de la digue et des matelots se réunissent place du Calvaire pour réclamer l’ouverture des magasins de blé et du pain à bas prix. Puis la foule passe la nuit à saccager les maisons des notables Garantot et Chantereyne ; elle ouvre la prison de la Trinité et se disperse à l’aube. Après avoir d'abord laissé faire les agitateurs, Dumouriez forme dans la nuit la milice nationale qui arrête entre 150 et 300 pillards (en fonction des sources). Il châtie les fauteurs de troubles, condamnant deux d’entre eux à la pendaison et sept autres, dont une femme, à être marqués et fouettés. Apeuré, le maire Demons de Garantot démissionne alors que le duc d’Harcourt, gouverneur de Normandie, et le duc de Beuvron, lieutenant général du Royaume, s'exilent en Angleterre. La municipalité, placée sous l’autorité du chevalier de Gassé, refuse de se soumettre à l’autorité de la milice de Dumouriez ; cette opposition dure plusieurs mois, jusqu’au départ du militaire en fin d’année. Cessart abandonne également la ville, laissant ainsi seul La Bretonnière, dont les subsides sont coupés en 1790 et qui est contraint à la démission en 1792. Malgré la loi du 1er août 1792 décrétant la construction de l’avant-port militaire, tous les travaux sont suspendus cette même année, et pour dix ans. | ||||||||
La ville confie ensuite sa défense et sa sécurité à un comité de 14 notables et échappe aux premières purges.
En 1793, la chouannerie se propage dans le Sud-Manche et la Terreur est décrétée. Jean-Baptiste Le Carpentier est envoyé le 19 septembre à Cherbourg par le Comité de salut public comme représentant du peuple. Il dissout le comité et le remplace par une Commission de surveillance aux pouvoirs répressifs élargis. | La rade de Cherbourg pendant sa construction | |||||||
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Pour autant, on ne compte qu’une seule victime de la guillotine, le directeur des Postes Leroy, au terme d’un procès à charge. En janvier 1794, alors qu’une large majorité des prêtres ont émigré, le représentant du peuple Bouret ordonne le saccage des ornements, statues, draperies et orgues de l’église de la Trinité.
Durant cette période, de nombreuses fêtes patriotiques sont organisées, parmi lesquelles l’anniversaire de la prise de la Bastille (14 juillet 1790), la fête de l’Être-Suprême (8 juin 1794), et la fête en l’honneur des héros morts au siège de Granville (10 juillet 1794).
En 1802, Bonaparte ordonne la reprise des travaux de la digue, selon la méthode de La Bretonnière, en aménageant la partie centrale pour recevoir des canons. Par le décret du 25 germinal an XI (1803), il charge l’ingénieur Cachin du creusement de l’avant-port militaire, qu’il qualifiera de lac de Moeris (inauguré le 27 août 1813 par l’impératrice Marie-Louise), et décide de la construction du nouvel Arsenal. Le Premier consul veut faire de Cherbourg un des ports militaires principaux, visant l’invasion du Royaume-Uni. En 1803, Cherbourg est à l’abri des attaques anglaises et devient un port d’attache de corsaires.
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Cherbourg Arsenal CPA collection LPM 1900 | ||||||||
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Cherbourg Bassin de l'Avant-Port CPA collection LPM 1900 | ||||||||
Après une visite en 1811, Napoléon fait de Cherbourg une préfecture maritime, un chef-lieu d’arrondissement de la Manche et le siége d’un tribunal de première instance. Il décrète également l’édification d’un nouvel hôpital de 300 lits, construit à partir de 1859 sur le territoire tourlavillais annexé. Il prend acte ainsi du développement de la ville, et lui donne une plus grande importance dans le Cotentin, face à Valognes qui était sous l’Ancien régime la principale ville de la péninsule, et sous-préfecture de la Manche jusqu’alors.
Les travaux de la digue centrale, interrompus à nouveau entre 1813 et 1832, ne sont terminés que sous Napoléon III, en 1853, tandis que les digues de l’Ouest et de l’Est sont achevées en 1895. Les bassins Charles X (commencé en 1814 — 290 x220 x18 mètres) et Napoléon III (commencé en 1836 — 420 x200 x18 mètres) du port militaire sont respective-ment inaugurés le 25 août 1829 en présence du Dauphin, et le 7 août 1858 par le couple impérial. Les travaux de la digue sont conclus par la Troisième République, avec l’adjonc-tion des digues de l’Est (1890-1894) et de l’Ouest (1889-1896), et la construction de la Petite rade (digue du Homet, 1899-1914, et digue des Flamands, 1921-1922). Les digues de Cherbourg, qui constituent depuis la plus grande rade artificielle du monde, n'ont pu être détruites par les Allemands en 1944. L’ampleur des travaux séculaires eut un écho important en France, à l’image d’Émile Zola qui écrit en 1879 dans Nana : « À Cherbourg, il avait vu le nouveau port, un chantier immense, des centaines d’hommes suant au soleil, des machines comblant la mer de quartiers de roche, dressant une muraille où parfois des ouvriers restaient comme une bouillie sanglante ». | ||||||||
Ouvert en 1793, l’ancien arsenal (à l’emplacement de l’actuel quai Lawton-Collins) construit des bâtiments de surface à voile. Le premier, le brick La Colombe, est lancé le 27 septembre 1797 après un chantier de trois ans.
En 1803, Bonaparte décide de bâtir un nouvel arsenal à proximité du port militaire en projet, à l’Ouest de la ville. Construisant des navires à voile, puis à hélices jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’arsenal se spécialise à partir de 1898, dans la construction de sous-marins. Les premiers sont Le Morse et Le Narval. Depuis, plus de 91 bâtiments y ont été construits. | Le Bassin Napoléon III en construction | |||||||
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Profitant du blocus du Havre et de Dieppe par les Britanniques au début du XIXe siècle, le commerce avec l’Amérique, la péninsule ibérique et les pays du Nord s'accroît. Pour lutter contre les risques d’épidémies, un conseil de santé est mis en place en octobre 1800, et la quarantaine est décrétée pour tous les navires à risque. Les mesures strictes de confinement des équipages et de javellisation des marchandises n'empêchent pourtant pas le choléra de sévir en mai 1832, puis de mai à décembre 1849. La municipalité s'attaque à l’insalubrité des rues, un surveillant de la commission de salubrité publique étant chargé de veiller au respect des consignes dans chacun des 15 arrondissements de la ville. Un autre cas de choléra est pourtant signalé le 7 novembre 1865.
Les travaux du port provoquent la densification et l’étalement de la vil- le, et l’enrichissement de la bour- geoisie locale. Au début du XIXe siècle, les rues sont assainies, pavées, éclairées, et équipées de fontaines publiques.
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Cherbourg Statue de Napoleon Ier CPA collection LPM 1900 | ||||||||
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Cherbourg Casino CPA collection LPM 1900 | ||||||||
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Témoins de l’importance que prend le port, des bâtiments publics s'élèvent, comme l’hôtel de ville, les halles centrales, le tribunal, les halles au blé en 1833 (trop grandes, dont une partie est par la suite détruite pour accueillir le théâtre municipal) mais aussi un cimetière.
Les premiers travaux du XVIIIe siècle, qui avaient permis la canalisation de la Divette et du Trottebec, ainsi que le creusement du bassin du commerce, sont complétés par l’assèchement des marais du Cauchin sous la mandat de Collart, dont la place prend postérieure-ment le nom, avant d’être rebaptisée place Divette. La vie culturelle se complète par la constitution de nouvelles sociétés savantes. On aménage également le front de mer et la ville sort de ses limites anciennes. Annexé au territoire tourlavillais par Napoléon Ier en 1811, le nouveau quartier du Val-de-Saire se développe, relié au centre historique par le pont tournant. On y érige le casino (aujourd'hui disparu), l’église Saint-Clément à partir de 1853 (consacrée en 1856), l’hôpital dont la première pierre est posée en 1859. L’emprise de la ville s'étend également à l’Ouest, vers Querqueville et le port militaire, avec le quartier du Vœu qui, autour de l’église du même nom, s'embourgeoise. Sur les terres incultes arrosées par les ruisseaux de la Bucaille et de la Polle sont bâtis des immeubles de rapport et des hôtels particuliers, comme celui de la famille d’armateurs Liais ; une congrégation religieuse s'y installe.
Le 16 août 1830, Charles X, détrôné, embarque pour l’exil au port militaire de Cherbourg sur le Great Britain, laissant la place à la Monarchie de Juillet. Dix mois plus tard, le bateau d'un autre souverain déchu, Pierre Ier du Brésil, mouille au même endroit. À la fin du mois d’août 1833, le Louxor, qui ramène de Thèbes l’Obélisque de Louxor, mouille dans la rade avant de gagner Paris par la Seine et reçoit la visite de Louis-Philippe.
Dans ces années, Cherbourg peut être considérée comme bonapartiste. Reconnaissante envers l’Empereur d’avoir fait de Cherbourg un port d’importance primordiale, le conseil municipal avait officiellement demandé que la ville soit nommée « Napoléonbourg » en septembre 1813 mais la défaite de Waterloo empêche la réalisation du projet. En 1831, les électeurs choisissent Armand de Bricqueville, fidèle colonel des dragons napoléoniens, comme représentant à la Chambre des députés ; à sa mort (1844), la ville lui offre des obsèques populaires et finançant l’année suivante un buste installé sur les quais. Le 8 décembre 1840, à la demande du conseil municipal, la Belle Poule, qui ramène les cendres de Napoléon en France fait sa première escale à Cherbourg. Suite à une cérémonie d’hommage, la place du Rempart, gagnée sur la mer, est baptisée place Napoléon.
Le 5 septembre 1850, le peuple accueille le président Louis-Napoléon Bonaparte par une « Vive la République » et « Vive Napoléon » mêlés. Alexis de Tocqueville pour le conseil général et Joseph Ludé, en tant que maire, lui demandent la conclusion des travaux de l’arsenal entrepris par son ancêtre et la construction de la ligne ferroviaire reliant Cherbourg à Paris.
Le 4 août 1858, à l’occasion de son retour, en tantqu’empereur, pour l’inauguration de la ligne Paris-Cherbourg, une statue équestre de Napoléon est érigée à l'Arsenal.
Le 19 juin 1864 a eu lieu, au large de Cherbourg, un épisode célèbre de la guerre de Sécession : le navire de guerre des Confédérés, le CSS Alabama, est coulé par le navire de l’Union USS Kearsarge après deux heures de combat, sous l’œil de milliers de spectateurs, venus en train pour l’inauguration du casino.
Assistant au combat depuis un voilier, Manet l’a immortalisé dans l'une de ses œuvres.
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Cherbourg Place du château CPA collection LPM 1900 | ||||||||