| ||||||||
| ||||||||
Publié le 20/04/2014 Par l'est éclair
Il y a 110 ans, une page de l’histoire industrielle de Bar-sur-Aube s’ouvrait. Joseph De Bucy, un ingénieur venu de Haute-Marne, lançait la fabrication de moteurs à explosion à destination de l’industrie et du monde agricole. Après avoir passé quelques mois rue de la Gare à Bar-sur-Aube, les ateliers s’installaient rue Chenot.
La Première Guerre Mondiale va freiner et même interrompre quelques mois la production. En 1919, l’entreprise se trouve dans une situation financière préoccupante. Joseph De Bucy se retire progressivement tandis que la société se lance dans les premiers moteurs diesel à partir de 1931.
Avec la Seconde Guerre Mondiale, l’entreprise connaît un nouveau coup dur.
L’entreprise va rebondir avec le lancement d’une ligne de tracteurs. À partir de 1953, les moteurs Cérès équipent des tracteurs commercialisés sous la marque Champion. De multiples modèles sont produits à destination des petites et moyennes exploitations. Au fil des années, la gamme s’élargit.
En 1964, l’entreprise obtient la concession exclusive de toute la gamme des moteurs Rolls-Royce construits en Grande-Bretagne. Ces moteurs diesel servent surtout à animer des groupes électrogènes. Après des années fastes, la firme décline et subit une première mise en liquidation en 1988. En 1992, l’entreprise sombre définitivement et, en 2001, les bâtiments de la rue Chenot sont rasés. Aujourd’hui, un ensemble immobilier a remplacé ce haut-lieu de l’histoire industrielle baralbine.
L'ère de Joseph de Bucy Paul-Émile Victor
Un homme a eu une part essentielle dans cette histoire : Joseph de Bucy. Vicomte, Langrois passionné de mécanique, plein d'idées et de talents, il a 31 ans, quand il crée en 1903, à Bar-sur-Aube, avec un effectif de sept personnes, un atelier de mécanique, d'emblée spécialisé dans ce qui restera la spécificité de l'entreprise Cérès : le moteur à explosion. Initialement installé rue de la gare, Joseph de Bucy transfère dès 1905 son usine rue du Chénot. Un bâtiment, aux allures un peu loufoques de petit château néogothique surmonté d'un donjon, se retrouvera progressivement au cœur de vastes locaux industriels. L'activité prospère dès ses débuts. De Bucy se révèle un génial touche-à-tout. Il imagine et élabore de quoi donner à ses moteurs les applications les plus diverses. C'est l'époque de la belle épopée du progrès. Les innovations industrielles permettent de faciliter, de simplifier, d'améliorer les conditions de travail et de vie quotidienne. Joseph de Bucy met au point une perceuse entraînée par un moteur électrique, des motopompes, des groupes électrogènes et des motoscies qui remportent un grand succès.
Plus ambitieux et spectaculaires, les camions à deux ou quatre cylindres que Cérès fabrique à partir de 1905. Une photo de l'époque, publiée dans le livre de Christian Anxe, montre celui qui servait aux livraisons de l'usine, le nom de « Cérès » inscrit en gros sur la remorque.
Quoique restée sans lendemain, une autre réalisation mérite d'être soulignée. Sort de l'usine, en 1907, un traîneau à moteur, considéré par les spécialistes comme l'ancêtre des motoneiges. Mieux encore, et pourtant totalement oubliées : les automobiles de marque Cérès. « Après l'essai malheureux d'un modèle qu'il avait conçu, Joseph de Bucy, enthousiasmé par les prouesses des automobiles Dumont qui ont bouclé les 4 000 km du Tour de France automobile en mars 1912, commercialise sous sa marque les fabrications de cette société », révèle Christian Anxe. Le 1er août 1914, la mobilisation générale met fin à l'aventure et Cérès, comme tous les établissements de mécanique, doit se consacrer exclusivement à l'usinage des obus. | ||||||||
| ||||||||