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Destination Caen
Parti de Rambouillet, le 22 dès 5 heures du matin, le convoi est accueilli à 7 heures par le préfet de l’Eure à Groussainville, puis traverse Dreux, Nonancourt et Verneuil. Vers midi, il entra dans l’Orne. L’empereur s’accorda un arrêt de cinq quarts d’heures au château de Tubeuf qu’il consacra à dîner et à recevoir les autorités constituées de Laigle et des environs. Il passa ensuite par Laigle, Sainte- Gauberge, s’arrêta au Haras du Pin, traversa au pas Argentan et puis quitta le préfet de l’Orne à Occaignes à 19 h 00. Falaise s’illumina pour le passage du cortège et ce n’est qu’à onze heures qu’on atteignit Caen. La voiture impériale filait à si vive allure qu’elle dépassa la tente où se tenaient le préfet du Calvados et le maire de la ville. Ceux-ci ne purent placer leurs discours et le maire se contenta de remettre les clés de la ville. Le lendemain, jeudi de l’Ascension, l’empereur assiste à la messe célébrée par l’évêque de Bayeux, reçoit et se prête aux cérémonies d’apparat. Le vendredi, il visite Ouistreham et l’embouchure de l’Orne, décidant à l’issue qu’il serait creusé un canal de Caen à la mer. Il prolonge son séjour à Caen, se fait présenter les produits de l’industrie locale, honore de sa présence, un instant, le bal donné en l’honneur du couple impérial à l’Hôtel-de-ville, le samedi soir. Moins d’un an plus tard, Napoléon 1er enverra dans la ville son aide de camp, le général Durosnel, avec les pleins pouvoirs et plus de 1 000 de ses soldats afin de réprimer immédiatement et très sévèrement (8 exécutions capitales) une révolte populaire, somme toute inoffensive, déclenchée à la halle au grain le 2 mars 1812. Les émeutiers avaient commis le sacrilège de bousculer et poursuivre le préfet, son représentant, et de caillasser l’hôtel de la préfecture. Après la gloire, Napoléon 1er usa à Caen de la terreur. En l’espace de quelques mois, la ville a fait l’expérience des deux leviers du pouvoir dictatorial.
Destination Cherbourg
A l’issue d’une messe très matinale, le couple impérial quitte Caen le dimanche 26 mai. Il est attendu au pont du Vey entre 6 et 8 heures du matin, pendant la marée descendante, aussi s’arrête-t-il à peine à Bayeux, sans y poser le pied. De même à Isigny-sur-Mer. La limite du département est atteinte vers 10 heures, au Petit Vey où 400 prisonniers espagnols sous la direction de l’ingénieur Pattu creusent le nouveau lit de la Vire pour établir les fondations d’un pont. Le couple franchit la Vire sur un pont provisoire. Le baron Bossi, préfet de la Manche, accompagné de la Garde d’honneur à cheval de l’arrondissement de Saint-Lô, d’un fort détachement de la compagnie départementale, de compagnies de grenadiers et de chasseurs du 113e régiment et de la musique de la Garde nationale, accueillit par un bref discours les monarques. Tous remontèrent dans les voitures pour se rendre à Carentan où un nouveau comité patientait au pont de Saint-Hilaire. A la porte de Geismard qui marquait l’entrée dans la ville close, auprès d’un arc de triomphe « d’un très bel effet », douze demoiselles de la ville présentèrent un bouquet de fleurs à l’impératrice et lui dirent ce poème. | ||||||||
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Leurs majestés furent reçues à dîner par Jean-Charles Cornevin de Chanvalon, maire, en son hôtel (aujourd’hui presbytère). En quittant Carentan, l’empereur remit à Chanvalon une bague ornée de brillants
Le cortège tant attendu parvint enfin à Valognes au début de l’après-midi. La déception de ses habitants et de la municipalité sera à la mesure des efforts déployés plusieurs journées durant. Valognes avait sablé, fleuri ses rues, dressé un arc de triomphe dont nous avions la description précise dans les archives municipales, fait fabriquer une clé en argent doré, commandait à M. Langlois, le directeur de la manufacture de porcelaine, un plat au décor original qui permettrait au maire Pontas-Duméril de présenter la clé… Mais sitôt l’empereur arrivé, il repart ! Le clergé de Valognes qui sort à sa rencontre en procession de l’église Saint-Malo ne lui voit que les talons !
Le dépit est immense à la sous préfecture. Au moins l’arc de triomphe sera-t-il remonté deux ans plus tard lorsque l’impératrice reviendra. La clé et le plat en porcelaine, toujours conservés à Valognes, reprendront du service en août 1858 à l’occasion de la halte de Napoléon III en gare de Valognes qui s’en allait à Cherbourg inaugurer la statue équestre de son oncle et le bassin qui prit son nom. | ||||||||