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Article issu de La Manche Libre 11/7/1971
Ils présentèrent l'église, l'un des plus vieux édifices religieux du diocèse, vénérable joyau roman des 11e, 12e, 13e et 15e siècles, en granit de Chausey, au fond du petit cimetière, dans son cadre de verdure. L'église abrite un Saint Hélier en bois du XVe siècle. M. Le Gresley, sculpteur Jersyais très connu, en a refait une merveilleuse réplique, et nous a annoncé son inauguration le 16 juillet dans l'église paroissiale de Saint-Hélier, jumelant ainsi spirituellement la capitale de l'île fleurie et la petite paroisse Brévillaise.
Nous avons pu consulter un vieux guide, intitulé "Guide pittoresque à l'Ile de Jersey ", imprimé à Londres par "Ward-Lock, and Co". On y lit ceci :
"Saint-Hélier capitale de Jersey est véritablement la seule place importante, à l'exception de Saint Aubin et de Gorée, tire son nom de Saint-Helerius, martyre du temps des barbares. (On sait qu'avec Saint-Marcouf, Heilig ou Helier, avait fondé un ermitage à Jersey). L'ermitage s'avance sur un rocher dans la baie près du château Elisabeth, il est au sommet d'une sorte d'escalier de marches rompues, creusé dans le roc. La hutte est dans un bon état de conservation. Le lit du saint creusé dans le roc, et son oreiller de pierre, sont montrés aux visiteurs qui peuvent marcher le long de la baie, lorsque le flot s'est retiré".
On raconte assez brièvement la légende de Saint-Hélier : Il était le fils de Sigebert, Franc austrasien et de Luzigard de Souabe, qui avaient désiré longtemps, vainement, un fils. Voué en conséquence au service de Dieu, il fut élevé par un prêtre nommé Cunebert, et enfin reclus. On rapporte de lui différents miracles, entre autres, ceux d'avoir rendu la vue à un aveugle et d'avoir fait sortir un serpent qui s'était introduit dans le gosier d'un homme endormi. | ||||||||||
Par esprit de mortification il creusa deux trous à hauteur de genou, les remplit d'eau froide, mit au fond des pierres tranchantes et se tenait de bout sur elles jusqu'à ce que saignassent ses pieds gelés de froid. Il s'empêchait de tomber, soit en avant, soit en arrière, au moyen de planches bardées de pointes. Il resta 5 ans, se condamnant à une telle pénitence. Enfin, après que l'ermite eut, pendant des années, rendu le rocher où il vivait, fameux par ses bonnes oeuvres, arrivèrent dans ces parages des bâtiments montés par des Normands, "ces sauvages écumeurs de mer", contre lesquels ni les biens ni la vie n'étaient en sûreté. Ils débarquèrent, avides de pillage et de rapines, accueillirent avec des rires de mépris les avertissements d'Helerius, qui les exhortait à abandonner leurs mauvais dessins. Un de leurs chefs leva sa pesante hache d'armes et en assoma le saint ermite pendant qu'il plaidait pour les pauvres insulaires; mais un ouragan furieux s'éleva pendant la nuit, brisant sur les rochers les embarcations des pirates, qui, semblables à la vantarde armée de Sennachérib, n'étaient plus, le lendemain, que des cadavres.
Des siècles plus tard un noble Normand fonda l'Abbaye de Saint-Hélier en mémoire du martyr.
Il s'occupa activement de son apostolat. Un trait qui peut ajouter à la bonne opinion que nous avons de Saint-Hélier c'est que depuis la prétendue réforme du XVIe siècle, sa mémoire a continué à être en vénération dans l'île, dont la ville principale porte son nom, et que les légendaires, même protestants, montrent encore avec respect, près du château Elisabeth, le lieu qu'il habitait.
Une autre légende veut qu'un jour, on découvrit sur le sable, au bord de la mer, un lourd cercueil. On le hissa sur un chariot tiré par des boeufs. Ceux-ci le conduisirent à l'emplacement de l'église de Bréville... Une chose est certaine, c'est la dévotion des insulaires, et des Brévillais à l'égard du saint ermite. |
La statue de Saint Helier dans l'église de Bréville-sur-Mer |
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Eglise de Bréville CPA collection LPM 1900
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