PROVINCES & DEPARTEMENTS EN 1790

   
  BERRY
         
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 

Ancienne province

Département (nouveau)

Ville principale

Berry

18 - Cher
36 - Indre

Bourges

Chateauroux

 
         
 

VIEILLES PROVINCES DE FRANCE
   
  BERRY    -2
         
 

Berry (Bourges) : Cette province trouve son origine dans la vicomté de Bourges, acquise en 1101.

 

Le Berry (ou Berri) est une province historique de la France de l'Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Il constitue l'un des plus vieux terroirs agricoles de la France et doit son unité plus à l'histoire qu'à la géographie. Ses habitants sont les Berrichons, et ils se relient aujourd'hui par quelques éléments culturels qui sont propres à cette région, et s'expriment notamment dans des spécialités gastronomiques.

 
         
 

Histoire

 

Avant la conquête romaine, les Bituriges Cubi dont le Berry tire son nom étaient établis au sud de la Loire sur un territoire qui correspond à peu près à la moitié sud du département de l'Indre, au Cher et une partie du Limousin. La frontière qui les séparait des Carnutes correspondait à la ville de Vierzon, et l'Allier à l'Est marquait la frontière avec le territoire des Eduens. Au Sud, se trouvait le peuple des Boers installés par les Romains sur une partie du territoire des Eduens, et dont les contours du territoire correspondaient à l'actuel Bourbonnais exception faite de Saint-Amand-Montrond. La capitale des Bituriges Cubi était Avariko ou Avaricum (Bourges).

 

L'ancien territoire des Bituriges Cubi connut un sort variable à la fin de l'empire romain.

Intégré au duché d'Aquitaine, il est démantelé en 762 par Pépin 1er qui en confie un fief allant de la Brenne à Boischaut à l'administration de Remistan, l'oncle du duc d'Aquitaine Waifre. Puis au traité de Verdun il fait partie du royaume de Charles le Chauve qui devait devenir le royaume de France, partagé un temps entre les duchés d'Aquitaine et les comtés d'Anjou et de Blois, l'histoire du Berry fut très rapidement intimement liée à l'histoire de la monarchie capétienne et de la France, soit par son rattachement au domaine personnel du roi soit par son don en apanage aux enfants de celui-ci.

 

En effet, dès 1100, la vicomté de Bourges est achetée et réunie au domaine royal, le ratta-chement complet au domaine royal s'achevant sous Philippe Auguste au début du 13e siècle

 

 
 
       
   

«Carte du Berry» par Oie blanche

Le Berry sous l'Ancien Régime

 
       
 

Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean Ier de Berry (1340-1416).

 

Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416. puis le duché passe entre les mains de deux fils du roi Charles VI : D'abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII.

Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont Louis XVI et le second fils du roi Charles X.

 

Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

 
         
 

Costumes traditionel

 

Bien que le Berry ne présente pas d'uniformité dans ses costumes, on trouve plusieurs tenues de circonstance. Chaque région présente des spécificités, variant en ville selon la mode nationale. Communément, la biaude est blouse de travail du paysan qui portait aussi les guêtres et des bas blancs en coton. Le berger revêtait la limousine, grande cape de laine assez grossière généralement de couleur écru, parfois rayée de noir et rouge. Les hommes égayaient leur vêtement d'un mouchoir coloré.

 

Au quotidien et lors des grandes occasions, les femmes portaient diverses coiffes propres à chaque région. Celle de tous les jours était simple, blanche avec ou sans oreillons, tandis que celle des jours de fête était particulièrement raffinées. Elles comportaient des broderies sur fond de mousseline ou encore de tulle blanc. La coiffe de La Châtre était la plus spécifique, à cause de sa forme carrée très singulière.

 
 
 
 
         
 

 

Berry ancien avant 1381
D'azur semé de fleurs de lys à la bordure

engrelée de gueules

 

 

Blason moderne du duché du Berry 

D'azur aux trois fleurs de lys d'or à la bordure

engrelée de gueules

 
 

 

     
 

Sainte SOLANGE


Solange naquit aux environs de Bourges, au lieu-dit Villemont, à deux kilomètres du bourg de Saint-Martin-du-Crot. Instruite par ses parents dans la loi du Seigneur, elle donna dès les premières années de son existence les marques d'une rare piété et, à l'âge de sept ans, consacra sa virginité au Seigneur, l'époux des vierges. Dieu la combla de telles faveurs que, selon une antique et vénérable tradition, elle guérissait les malades et chassait les démons par sa seule présence. Occupée à garder les moutons de son père dans un pré du voisinage, elle occupait son temps à prier son divin maître et à s'entretenir familièrement avec lui


Un jour, l'un des fils du comte de Bourges, peut-être Bernard, comte de Bourges et d'Auvergne, rencontra la jeune bergère Solange et fut séduit par sa grande beauté. Par des avances et des promesses d'abord, par des menaces ensuite, il s'efforça d'obtenir qu'elle consente à devenir son épouse. Mais, fidèle à son voeu, elle repoussa ce projet. N'avait-elle pas décidé de n'aimer que le Christ.

 

Sainte Solange (Musée du Berry, Bourges),

sainte patronne du Berry

 
         
 

Alors le jeune homme, dans un élan de furie, l'enleva de force, la mit sur sa monture et l'entraîna avec lui dans une course folle. Mais la jeune fille, qui avait moins peur de mourir que d'être infidèle à son Seigneur, se déroba à son ravisseur et se laissa tomber à terre, au bord d'un ruisseau. C'est alors que, dans sa rage, le séducteur tira son épée de son fourreau et trancha la tête de la jeune bergère. Elle subit ce martyre à la fin du IX° siècle, un 10 mai (peut-être le 10 mai 878...).

 

La légende rapporte que la tête de Solange, bien que séparée du reste du corps, invoqua encore trois fois le saint Nom de Jésus. Toujours selon la légende, Solange, décapitée, prit sa tête dans ses mains et la porta jusqu'à l'église Saint-Martin. Elle fut donc ensevelie en l'église Saint-Martin du village de Saint-Martin-du-Crot. Mais par la suite, une nouvelle église fut édifiée à la place de l'ancienne, placée sous le vocable de Solange, et le bourg lui-même prit le nom de la sainte martyre : Sainte-Solange (c'est la seule commune de France à porter ce nom). Le Seigneur confirma par de nombreux miracles l'héroïcité des vertus de sa servante et son tombeau n'a jamais cessé d'être honoré par les fidèles du Berry qui vénèrent sainte Solange comme leur patronne spéciale.

 
 
     
   
         
 
 
     
 

 

 

    

LA BUCHE DE NOËL

EN BERRY

 

D'après

La nuit de Noël dans tous les pays

paru en 1912

 

Monseigneur CHABOT

Prélat de Sa Sainteté

CURÉ DE PITHIVIERS (LOIRET)

 
         
 

En Berry, elle s'appelle cosse de Nau (cosse = souche) et quelquefois tréfoué, trouffi.au, trufau (trois fois).


Les forces réunies de plusieurs hommes sont nécessaires pour apporter et mettre en place la cosse de Nau, car c'est ordinairement un énorme tronc d'arbre destiné à alimenter la cheminée pendant les trois jours que dure la fête de Noël.


A l'époque de la féodalité, plus d'un fief a été donné, à la charge, par l'investi, de porter, tous les ans, la cosse de Nau au foyer du suzerain (BOUTAMC, Traité des drois seigneuriaux, p. 645).

 
         
 

La cosse de Nau doit, autant que possible, provenir d'un chêne vierge de tout élagage et qui aura été abattu à minuit. On le dépose dans l'âtre, au moment où sonne la messe nocturne, et le chef de famille, après l'avoir aspergé d'eau bénite, y met le feu.


C'est sur les deux extrémités de la bûche ainsi consacrée que les mères et surtout les aïeules se plaisent à disposer les fruits, les gâteaux et les jouets de toute espèce auxquels les enfants feront, à leur réveil, un si joyeux accueil. Comme on a fait croire à ceux qui pleuraient pour aller à la messe de minuit, qu'on les mènerait à la messe du cossin blanc - c'est-à-dire qu'on les mettrait au lit, - on ne manque jamais, le lendemain matin, de leur dire que, tandis qu'ils assistaient à cette messe mystérieuse, toutes ces belles et bonnes choses ont été déposées là, à leur intention, par le petit Naulet (Le petit Jésus, Naulet, Noëlet, enfant de Noël).

 
 
         
 

On conserve ces débris de la cosse de Nau d'une année à l'autre : ils sont recueillis et mis en réserve sous le lit du maître de la maison. Toutes les fois que le tonnerre se fait entendre, on en prend un morceau que l'on jette dans la cheminée, et cela est suffisant pour protéger la famille contre le feu du temps, c'est-à-dire contre la foudre (Laisnel de La Salle, tom. I, p. 1 et suiv).

 

Dans quelques vieilles maisons de notre Berry, je cherchais à m'expliquer pourquoi l'un des deux grands chenets en fer forgé était d'une seule pièce, tandis que l'autre se démontait en deux pièces par le simple emboîtement de la branche verticale sur la branche horizontale et formait, de cette manière, un simple tréteau : une octogénaire m'en a donné l'explication suivante : Dans mon jeune temps, la veille de Noël, on choisissait pour le truffiau (tréfeu) le tronc d'un arbre assez gros pour qu'on fût obligé de le faire traîner par un cheval, et les chenets étaient ainsi faits pour pouvoir le hisser plus facilement.

 
 
         
 

On posait l'une des extrémités sur le grand chenet et l'on faisait glisser latéralement l'autre extrémité sur le chenet démonté, à l'aide de leviers, car cette bûche atteignait très souvent deux ou trois mètres de long sur un mètre de circonférence. On se servait le plus souvent de trognards que l'on rencontre encore beaucoup dans nos haies : le bois fendu était rigoureusement exclu. La longueur de ces bûches explique la forme de ces cheminées géantes d'autrefois " (H.-G., d'Henrichemont, Cher).

 

Dans l'Orléanais, province voisine du Berry, existaient à peu près les mêmes usages.

 

La ménagère plaçait dans le foyer, au milieu d'un épais lit de cendres, et enguirlandée de branches de bruyère ou de genièvre, la plus forte souche du bûcher. C'était ordinairement une énorme culée de chêne.

 
 

 

 
 

Dans la Beauce et le val Orléanais (rive gauche de la Loire), cette bûche se nomme, selon les localités, tréfoy, trifoué ou trifouyau.

 

Le moment de déposer, dans l'âtre nettoyé avec soin, la bûche traditionnelle variait selon les pays. Ici on la plaçait aux premiers coups de la cloche annonçant l'office de la nuit, là on atténuait l'instant où la cloche sonnait la voir Dieu, c'est-à-dire l'élévation de la messe de minuit. C'était le grand-père, quelquefois le plus jeune enfant qui, après l'avoir aspergé d'eau bénite, y mettait le feu en se signant et en prononçant à haute voix : In nomine Patres et Filii, et Spiritus Sancti. Amen!


Le tréfoué devait brûler, sans flamme, l'espace de trois jours, afin d'entretenir une constante et douce chaleur dans la chambre où se réunissaient, avant et après les ofiices mais principalement avant et après la messe de minuit, tous les membres de la famille.

 

 
 
 

Cependant la bûche de Noël se consumait lentement. Les fêtes terminées, on recueillait les restes du tréfoué et on les conservait d'une année à l'autre.