LES HOMMES DE CHERBOURG | ||
AIMABLE-GILLES TROUDE 1762-1824 | ||
Général d’Empire Surnommé par Napoléon l'Horace Français
Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne,1843
Simple pilotin en 1776, il fait en 1777 deux campagnes à la Martinique. Lors de la guerre entre la France et l'Angleterre, il sert sur les bâtiments de l'État. Embarqué en 1781 sur L'Hercule, il participe aux combats livrés par Guichen et le comte de Grasse aux amiraux Hood et Rodney, ainsi qu'à la prise de Sainte-Lucie et Tabago. La paix de 1783 à 1792 le rend au commerce et fait de lui un capitaine au long cours.
Retourné ensuite à la marine militaire, avec le titre d'enseigne, il fait partie, sur L'Achille de l'armée navale de Morard de Galles. . | Portrait d'Aimable Troude par A. Maurin | |
Lieutenant de vaisseau le 2 juillet 1793, Troude, après avoir été deux ans sur L'Éole et devenu capitaine, prend à Rochefort le commandement de la corvette La Bergère avec laquelle il fait diverses campagnes à Cayenne, au Brésil, et à la Guadeloupe. Embarqué ensuite sur le Desaix, d'abord appelé Tyrannicide, il fait partie de l'escadre destinée, sous les ordres du contre-amiral Ganteaume, à transporter des troupes en Égypte
De retour à Toulon, l'escadre ayant été partagée en deux divisions, le Desaix passe sous les ordres du contre-amiral Linois, qui, lors de l'engagement avec Saumarez, originaire de Guernesey, dans la rade d'Algésiras, donne à Troude la direction du Formidable, dont le capitaine vient d'être tué. Il s'agit de se rendre à Cadix avec quelques autres bâtiments. Après une lutte héroïque contre les Anglais, Troude réussit à rentrer dans la rade de Cadix.
Rentré en France en juillet 1801 et appelé à Paris, il est présenté au premier consul Bonaparte qui dit en le serrant dans ses bras : « Messieurs, je vous présente l' Horace français, le brave capitaine Troude. » Nommé en mars 1803 au commandement de la frégate L'Infatigable, il fait une campagne de sept mois à Saint-Domingue. Au renouvellement des hostilités entre la France et l'Angleterre, Troude prend à Rochefort, le commandement du Suffren, appartenant à l'escadre placée sous les ordres de Missiessy qui, après avoir ravitaillé les Antilles françaises, attaque et dévaste les Antilles anglaises. Troude, ayant pris position sous la ville du Roseau, avec le Suffren, la foudroie avec tant de vigueur qu'il fait taire les canons qui la défendent.
Revenue à Rochefort, l'escadre passe sous le commandement du chef de division allemand, avec lequel le Suffren fait la campagne qui vaut à l'escadre le surnom d'Invisible. Appelé au commandement d'une division destinée à porter des troupes et des munitions à la Martinique, Troude ne peut appareiller avant février 1809. Mais ayant dû mouiller avec une partie des bâtiments aux Sables-d'Olonne (Vendée), il soutient contre l'amiral Stopford un brillant et victorieux combat. Ayant repris sa route, et informé que la Guadeloupe est bloquée par les Anglais, il entre aux Saintes pour y attendre les ordres du gouverneur général de l'île. Mais ayant été aperçus par les Anglais, les vaisseaux français sont immédiatement cernés. Troude réussit à forcer le passage. Il parvient à faire perdre ses traces et à tromper la vigilance des croisières qui bloquent les côtes de France.
En 1811, Troude commande la division de Cherbourg lorsque Napoléon visite cette place. Ayant reconnu celui que lui-même avait proclamé capitaine, il dicte au ministre Decrès l'ordre suivant : « De par l'empereur, le capitaine Troude, au reçu de la présente, arborera le pavillon de contre-amiral et sera reconnu en cette qualité. 27 mai 1811. »
En avril 1814, Troude reçoit du duc de Berry, venu à Cherbourg, l'ordre de se rendre dans l'un des ports anglais pour s'y mettre à la disposition de Louis XVIII. À Portsmouth, où il arrive sur le vaisseau Le Polonais, il reçoit un accueil triomphal de la population. À Hartwell, Troude, qui est déjà officier de la Légion d'honneur, reçoit de Louis XVIII la croix de chevalier de Saint-Louis. Mis à la retraite en janvier 1816, il meurt huit ans plus tard le 1er février 1824 . | ||