LES ROIS DE FRANCE                                             41
   
  LOTHAIRE 954-986
     
   
     
 

Fils de Louis IV d'Outremer et de Gerberge de Saxe, il succède à son père, et est sacré le 12 novembre 954 en l'abbaye Saint-Remi de Reims par l'archevêque Artaud. Suivant la volonté de son père qui l'avait associé au trône en 952, Lothaire écarte de la succession son jeune frère cadet Charles né au cours de l'été 953. En 954, à la mort du roi Louis IV, pour la première fois lors d'une dévolution dans laquelle l'hérédité joue le premier rôle, la tradition de partage du royaume des Francs entre ses fils ne prévaut pas. Lothaire, frère aîné de Charles, succède à Louis IV. C'est une nouveauté dans la succession royale depuis la fondation du royaume des Francs à l'époque mérovingienne.

 

Les historiens expliquent parfois la dévolution du titre royal au seul Lothaire par la faiblesse de l'institution royale mais cet argument ne peut expliquer que prévale également la solution unitaire dans le royaume de Germanie où la puissance et le prestige de la royauté sont forts. De fait, l'affaiblissement du principe héréditaire au profit du bénéfice électif a consacré le principe unitaire, le choix répété de rois en dehors de la dynastie carolingienne excluant nécessairement cette pratique des partages née de la seule hérédité. Le renforcement de l'idéologie unitaire dont Jonas d'Orléans et Agobard de Lyon s'étaient fait les porte-parole a pu jouer également un rôle2. Les accidents généalogiques qui, en ne laissant après les morts des pères que des fils uniques, a également renforcé la structure verticale patrilinéaire, aussi bien chez les Robertiens que chez les Carolingiens.

 

Au début de 986, Lothaire envisage d’attaquer Cambrai, ville d’empire mais dépendant de l’archevêché de Reims ainsi que Liège19.

 

Il pense que l’évêque Rothard pourrait livrer la ville, en échange de sa nomination comme archevêque de Reims et de Liège, dont l’archevêque Notger a finalement rallié les Ottoniens20 mais il meurt subitement à Laon le 2 mars 98621. Il a droit à de grandioses funérailles et fut enterré à gauche de Louis IV, son père dans le chœur de Saint-Remi de Reims.

 

À un an du changement de dynastie, la royauté de Lothaire semblait indestructible car si la Lotharingie n'était pas encore soumise, l'inertie de la cour de Germanie pouvait lui laisser envisager de nouvelles conquêtes22. Selon Richer : « Il recherchait par quelle nouvelle avance il pourrait étendre encore son royaume. Ses affaires étaient très prospères et l'état du royaume, favorisé par la capture des grands, l'y engageaient ». De fait, dans ses dernières années de règne, Lothaire a déployé, tant sur le plan diplomatique que militaire, une activité exceptionnelle tendue vers la Lotharingie

 

Mariage et descendance

 

Il épouse Emma d'Italie (Emme) (née en 948 – morte vers 1006), fille de Lothaire d'Arles. De ce mariage sont issus :

 

    Louis V roi des Francs (né en 967 – mort en 987) ;

    Eudes ou Otto, chanoine à Reims (né en 970 - mort en 985).

 

D'une maîtresse supposée être une sœur du comte Robert, maire du palais de son frère Charles de Lorraine24, Lothaire est le père de deux fils illégitimes :

 

    Arnoul (né avant 967, mort en 1021), archevêque de Reims ;

    Richard (mort après 991).

 

Tombeau

 

Sa sépulture, préservée jusqu'à sa destruction sous la révolution a fait l'objet de descriptions : les deux tombeaux de Louis IV et de son fils le roi Lothaire se trouvaient de part et d'autre du cœur, du côté de l'épître pour Louis IV et du côté de l'évangile pour Lothaire. Leurs restes avaient déplacés au milieu du XVIIIe siècle et transportés à droite et à gauche du mausolée de Carloman Ier sous la première arcade de la nef collatérale du côté de la sacristie de la basilique Saint-Remi de Reims. Les statues placées sur les tombes initiales furent laissées à leur place. Les deux statues étaient peintes et on voyait des fleurs de lys d'or au manteau jeté sur l'épaule de chaque roi. Le trône de Lothaire était plus orné que celui de Louis IV. Un peu plus haut et moins large, il portait au fronton de sa toiture une fleur de lys et deux autres fleurs. La couronne de Lothaire était un cercle surmonté de quelques fleurs, une autre fleur assez semblable à une fleur de lys était au haut de son sceptre. Il portait une tunique et par dessus une chlamyde attachée sur son épaule droite. À ses pieds, on pouvait voir une figure d'enfant ou de nain qui avait l'air de le chausser ou de le déchausser.