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Les départements d'Outre Mer
La Martinique La Guadeloupe La Guyane La Réunion |
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L'aventure commence au temps de Louis XIII et de son principal ministre, le cardinal Richelieu. Celui-ci crée des compagnies privées pour faciliter les entreprises de colonisation. L'objectif de ces compagnies à charte, dotées d'importants privilèges fiscaux, est avant tout d'approvisionner la métropole en sucre, une denrée de luxe traditionnellement achetée dans les pays musulmans et qui occasionne d'importantes sorties de métaux précieux. Selon la doctrine mercantiliste de l'époque, ces sorties de numéraire sont le principal facteur d'appauvrissement de l'État.
En 1635, un agent de la Compagnie des Isles d'Amérique, Pierre Belain d'Esnambuc, prend possession de la Martinique, une île volcanique des petites Antilles. La même année, ses lieutenants prennent possession de l'île voisine de la Martinique, la Guadeloupe.
Très vite, la Compagnie des Isles d'Amérique va promouvoir sur ces deux îles la culture de la canne à sucre qui va faire la fortune des familles békés (blancs créoles).
L'extension de l'esclavage nécessite en 1685 la promulgation d'un code en vue de réglementer les rapports entre maîtres et esclaves. Ce code, plusieurs fois réécrit au siècle suivant et surnommé «Code noir», va donner une base légale à l'esclavage sans pour autant l'humaniser, tant il est vain de vouloir faire un compromis entre un principe d'humanité et une réalité inhumaine.
En Amérique du sud, vers 1637, des marins normands accostent sur la côte de l'Amazonie. Le gouvernement de Louis XV, au siècle suivant, va tenter de mettre en valeur cette région inhospitalière, la Guyane, en pratiquant le drainage à la façon des voisins hollandais. L'insuccès sera total.
L'océan Indien n'échappe pas à l'oeil de Richelieu. En 1638, le capitaine Goubert prend possession d'une île volcanique superbe et inhabitée de 2500 km2 dans l'archipel des Mascareignes...
La Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion, que la France a peuplées, en bonne partie hélas par la contrainte, sont devenues une part indissociable de la nation. C'est pourquoi, dans l'enthousiasme de la Libération, elles ont obtenu de l'Assemblée nationale, le 19 mars 1946, qu'elles soient hissées au rang de département d'outre-mer. |
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LA GUYANE | ||||
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Rappel historique entre 1890 et 1946.
La Guyane, occupée en 1664, par A. Lefebvre de la Barre sur la demande de Colbert pour combattre l’hégémonie hollandaise, n’est vraiment explorée que dans la première moitié du XIX° siècle. C’est surtout à partir de 1877 que les importants voyages du docteur Crévaux* et d’Henri Coudreau font définitivement sortir de l’inconnu les pays compris entre l’Oyapock et l’Amazone.
De 1852 à 1938, Saint-Laurent du Maroni est le lieu de déportation des condamnés aux travaux forcés. Dès 1878, elle est dotée d’un conseil général et représentée en France par un député.
En 1946, la Guyane devient un département français et est représentée par un sénateur.
Grande comme une quinzaine de départements métropolitains, son chef-lieu est Cayenne.
La Guyane, colonie française
A l’origine le pays était peuplé par les « Amérindiens » comme dans le reste de l’Amérique du Sud. Ils avaient leur propre civilisation, langues, art, économie etc.... Les indiens vivent toujours dans la région. Il y a environ 10.000 Amérindiens en Guyane, répartis dans six tribus différentes. La FOAG (Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane) est leur principale force sociale représentative. La FOAG a des rapports très étroits avec d’autres organisations autochtones de l’Amérique, particulièrement en Amazonie. Ils exigent que leurs droits soient respectés tels qu’ils sont indiqués dans la déclaration 169 de l’OIT (organisation internationale du travail). Peu après la « découverte » de l’Amérique du Sud, les Français sont venus s’établir à Cayenne en 1600 après avoir combattu les autochtones. |
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Carte de la Guyane françoise et l'isle de Cayenne effectuée en 1793 par Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772) cartographe affecté au ministère de la Marine française. |
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Comme d’autres pays européens, la France a organisé l’esclavage et pratiqué le commerce d’esclaves noirs africains.
A partir des esclaves sur les plantations, deux sortes de personnes sont nées : les Marrons (esclaves en fuite) qui ont échappé à l’esclavage et ont rétabli une vie traditionnelle dans la forêt près des fleuves, et les Créoles qui sont restés sur les plantations, dans les villages et les villes. La plupart des Marrons (les BushiNenges) vivent au Surinam, plusieurs d’entre eux se sont établis en Guyane depuis 1700. Leur population s’élève à 15.000 personnes, principalement située près du fleuve Le Maroni, frontière avec le Surinam.
Les Créoles, plus ou moins mélangés aux anciens maîtres blancs, constituent la majeure partie de la population de Guyane : 50.000. Pendant la période de la « fièvre de l’or », la Guyane a connu plusieurs vagues d’immigration et la population s’en est trouvée plus mélangée. Il y a environ 200.000 personnes qui vivent en Guyane.
Le premier statut politique était celui de la colonie, basé sur l’esclavage. En 1946, le parlement français a imposé un autre statut pour les colonies françaises comme la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane. Ces pays sont alors devenus des « départements français d’outre-mer ». Les députés des quatre colonies réclamaient à l’époque l’égalité pour tous les citoyens français, et ce statut leur a semblé être le meilleur àl’époque. Il est intéressant de noter que les quatre dernières colonies de la France étaient listées par l’ONU jusqu’en 1947 comme pays à décoloniser, et elle recevait des explications de la France au sujet de ces colonies. Ainsi, après la départementalisation de 1946, la France a prétexté cet argument « légal » pour retirer la Réunion, la Guyane, la Martinique, et la Guadeloupe et de la de la liste des pays à décoloniser.
Pas plus de trois ou quatre ans après 1946, les contestations du statut départemental ont commencé dans les trois colonies d’Amérique. Tout le monde connaît Aimé CESAIRE en Martinique, DAMAS et Justin CATAYÉE en Guyane. Justin CATAYÉE et son parti ont réclamé un Statut Spécial pour notre pays. |
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En 1958 la France a organisé un référendum (constitution de 1958) demandant aux ressortissants de ses colonies s’ils souhaitaient rester sous l’application des lois françaises. La Guyane était sur le point de dire « NON » mais André MALRAUX, ministre de la France, a été dépêché en Guyane et a promis que le statut spécial que le peuple guyanais demandait serait pris en compte dans la nouvelle constitution française. Alors, les leaders politiques guyanais ont demandé au peuple de voter « OUI » et d’adopter la constitution de 1958 qui confirmait l’ancrage des dernières colonies dans la France. Mais aucun changement de statut politique ne s’est produit jusqu’à présent !!
Dans les années 60 un Front démocratique a commencé à manifester dans les rues de Pointe à Pitre (Guadeloupe), de Cayenne et de Fort-de-France (Martinique). La plupart des forces politiques et sociales réclamaient alors l’autonomie. En 1962, Justin CATAYÉE, député appartenant au Parti Socialiste Guyanais (PSG), prononçait ses derniers mots à l’Assemblée Nationale Française et décidait de retourner dans son pays. Son avion s’écrasa lors de son retour au-dessus de la Guadeloupe. En 1965 le gouvernement français a décidé d’établir en Guyane un nouveau centre spatial en raison de l’indépendance de l’Algérie et du déplacement nécessaire de la base française de Hamaguir. Ils ont tenu des réunions en Guyane en répondant aux représentants du pays que la base serait une base civile seulement. En fait le centre spatial Guyanais est sous l’autorité du ministère français de la Défense et des satellites militaires y sont lancés. En mai 2001 le sous-marin nucléaire « Inflexible » a lancé un missile balistique en direction de la Guyane. Les forces militaires françaises testaient de nouveaux équipements sur ce type de sous-marin. Les forces militaires françaises basées en Guyane, sont ensuite allées rassembler la tête du missile pour analyser les résultats de ce tir.
En 1965 une autre parti progressiste s’est créé : l’UPG (l’Union du Peuple Guyanais). En 1973 la plupart des forces sociales et politiques a manifesté à Cayenne refusant l’installation de la Légion Etrangère en Guyane. Mais la France installe la Légion de force. Les légionnaires sont basés à Kourou pour s’occuper du centre spatial. Le Nouvel Observateur, un hebdomadaire français révélait en mars 2001, que la France possède un des plus grands centres secret d’écoute des télécommunications à travers le monde. Ce centre est basé à Kourou sous la protection des légionnaires. |
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En la même année 1973 le syndicat le plus important, l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais), a réclamé l’indépendance pour notre pays. En décembre 1974 le gouvernement français a arrêté, déporté et emprisonné 8 militants guyanais appartenant au syndicat UTG et aux forces politiques progressistes. Deux mois plus tard la Cour de Sûreté de l’état n’a pas prononcé de condamnation en raison de l’absence de preuves évidente. C’est ce que l’on a appelé le « Complot de Noël ». Il y avait plusieurs mouvements qui réclamaient l’indépendance, en particulier le MOGUYDE (Mouvement Guyanais de décolonisation) créé en 1974.
1978 : création de l’Unité Guyanaise, un parti politique pour le socialisme et la souveraineté. En 1980, 5 militants indépendantistes ont été déportés et emprisonnés en France. Ils ont passé toute une année en prison et ont été amnistiés à la suite de l’élection du président français MITTERRAND. En 1982, la France a changé son organisation administrative en liant ses 97 départements en 22 nouveaux territoires appelés « Régions ». En même temps, sans consultation de la population locale, la Martinique, Guyane et la Guadeloupe sont devenus trois « Régions » chacune, en étant également un "département". Notre pays a maintenant deux assemblées majeures sur son territoire !
En 1983 le principal syndicat et les forces indépendantistes ont gagné trois sièges lors de la première élection « Régionale ». Celle-ci se compose de 31 sièges. Un autre parti nationaliste, le PNPG a été créé en 1986 et le MDES est né en 1991.
Depuis 1992 l’histoire sociale et politique de Guyane s’est accélérée et les événements qui s’y sont produits ont été durs et violents. Octobre 1992 : six jours de grève générale avec des barrages dans tout le pays. Le mouvement unitaire des syndicats, unissant les syndicats locaux des patrons et des employés, a bloqué tout le pays en revendiquant un « développement économique ».
En novembre 1996, 5 jours d’émeutes ont eu lieu à Cayenne. Les lycéens et les étudiants exigeaient de meilleures conditions pour leur éducation et notamment la création d’un Rectorat en Guyane. La Guyane dépendait alors du rectorat de la Martinique qui est situé à 1500 kilomètres de là. Deux ministres de la France sont venus précipitamment et le Rectorat de Guyane fut créé. La Guadeloupe a alors emboîté le pas et a exigé aussi son propre Rectorat local qu’elle a obtenu le même mois. |
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Jacques CHIRAC a indiqué à l’époque qu’il était normal que chaque territoire ait son propre rectorat. Pourtant, la Guyane l’avait constamment réclamé pendant les 20 dernières années ! Cinq jours d’émeutes ont eu raison de 20 ans de demandes des élus politiques. En janvier 1997, l’opinion publique entière de Guyane a décidé de tenir le plus grand forum que nous ayons jamais vu dans ce pays : les Etats Généraux du développement économique réel et durable. La France avait alors missionné son préfet en place afin d’ouvrir la première séance du forum. Quand le gouvernement français s’est rendu compte que la conclusion des Etats généraux l’accuserait et demanderait un nouveau statut politique pour la Guyane, il a refusé d’y participer, ses représentants sont sortis de la conférence et Jean-Jacques De Perretti, alors ministre des colonies a annoncé unilatéralement depuis Paris la dissolution de ce grand forum. Tout ceci s’est passé pendant la célèbre dissolution de l’Assemblée nationale française
Dans le même temps, entre Avril et juillet 1997, des jeunes et des militants progressistes ont été ciblés par la France afin de leur faire payer le prix le Rectorat. 30 jeunes ont été arrêtés et forcés d’accuser des indépendantistes et des responsables syndicaux d’une tentative d’incendie criminel. 8 jeunes gens, deux responsables du PNPG, deux dirigeants du MDES, militants de l’UTG ont été déportés et emprisonnés en Guadeloupe et Martinique. Des émeutes et des manifestations ont éclaté encore. Après deux mois les militants étaient libérés mais toujours accusés d’avoir brûlé la porte de la maison du procureur de cayenne. Cette accusation montée de toutes pièces a conduit a un non-lieu |
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