L’Afrique occidentale française 5

 

1895-1958

Le Sénégal

Le Soudan

La Guinée

la Côte-d’Ivoire

 

Le Dahomey

Le Niger 

La Mauritanie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 EDITION MANCHOT 2011 LES COLONIES FRANCAISES   N°05 AOF 05
 

 

 

     
 
 L’Afrique occidentale française 5

 

Créée par décret du 16 juin 1895, un an après le ministère des colonies, l’AOF, fédération de colonies, est une entité qui vise à coordonner la présence française en Afrique de l’Ouest.

 

A son origine, elle regroupe quatre colonies : le Sénégal, le Soudan, la Guinée et la Côte-d’Ivoire. Elle est placée sous l’autorité d’un gouverneur général résidant à Saint-Louis du Sénégal, puis à Dakar et coiffant des lieutenants gouverneurs. Ces appellations changeront, le gouverneur général devenant haut-commissaire et les lieutenants gouverneurs devenant gouverneurs. Les frontières de chacune de ces colonies sont négociées avec les puissances coloniales voisines par des conventions ou définies par des décisions administratives en cas de voisinage franco-français. Au fur et à mesure de l’implantation française, sont créées des unités administratives, les cercles et les subdivisions.

 

Le Dahomey, le Niger et la Mauritanie sont successivement rattachés à l’AOF. En 1921, une partie du Soudan devient la Haute-Volta qui sera dissoute en 1932 et reconstituée en 1947.

 

En 1946, l’Union française institue une loi électorale permettant aux populations africaines d’envoyer des députés et des sénateurs au parlement français.

 

En 1951, des assemblées territoriales élues au suffrage universel sont organisées sur la base d’un double collège. Un Grand Conseil de 40 membres, 5 par territoire, assiste le haut-commissaire.

 

La loi-cadre de 1956 dote chaque territoire d’un conseil de gouvernement présidé par le gouverneur de la colonie et dont les ministres sont nommés par l’assemblée territoriale élue au suffrage universel avec un collège unique.

 

En 1958, l’adhésion à la Communauté française est approuvée par tous les territoires sauf la Guinée.


Dans les deux ans qui suivent, tous accèdent à l’indépendance et sont admis dans l’Organisation des Nations unies. Haut-Commissariat et gouvernances ferment leurs portes.

 

 
 LE SOUDAN

 

Rappel historique entre 1890 et 1970.

 

Bamako est la capitale du Soudan et la voie ferrée Kayes-Niger, terminée en 1904, est raccordée au Dakar-Kayes en 1924. En 1921, une partie du territoire du Soudan est individualisée et constitue la Haute-Volta. Le nouveau Soudan est encore deux fois plus grand que la France.


En 1932, la Haute-Volta est partagée entre Soudan, Niger et Côte d’Ivoire, sa partie nord-ouest est rattachée au Soudan jusqu’en 1947.


Dans le cadre de l’Union française, en 1959, le Soudan se fédère avec le Sénégal sous le nom de Mali. Fédération éphémère qui éclate le 28 septembre 1960, trois mois après avoir acquis l’indépendance. Le Soudan garde le nom de Mali.


Le Soudan français est le nom porté par la colonie française érigée sur le territoire de l’actuel Mali entre 1891 et 1904 puis de 1920 à 1946, intégrée à l’Afrique-Occidentale française (AOF).


Histoire


Dans la deuxième moitié du XIX siècle, la colonisation française, avec le colonel Faidherbe progresse par la vallée du fleuve Sénégal. Elle rencontre la résistance notamment de El Hadj Oumar Tall, avec le siège du fort de Médine en 1857, ainsi que de Samory Touré.

 

 

En juillet 1891 la colonie du Soudan français est créée.


En 1892, Kayes en devient la capitale qui est transférée à Bamako le 17 octobre 1899.


En 1895, la colonie du Soudan français est intégrée à l’Afrique-Occidentale française (AOF). La prise par l’armée coloniale de Sikasso le 1 mai 1898 puis la capture de Samory Touré en

septembre de la même année marque la fin de la pénétration coloniale française.


En 1904, le Soudan français est intégré à la colonie au Haut Sénégal et Niger. La ligne de chemin de fer du Dakar-Niger, construite pour le transport des marchandises vers le port de Dakar, est achevée en 1924.


En 1920, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) est créée par démembrement du Haut Sénégal et Niger. Le territoire restant reprend le nom de Soudan français avec Bamako comme capitale.


Henri Terrasson de Fougères en est tout d’abord gouverneur intérimaire (en mars 1920, puis à nouveau le 21 août 1921 pour être ensuite nommé gouverneur du Soudan français à partir du 26 février 1924 jusqu’en 1931. Il réside au Palais de Koulouba à Bamako.


Après la Seconde Guerre mondiale, des revendications en faveur de l’indépendance prennent de l’ampleur. En 1945, Fily Dabo Sissoko est élu député au parlement français.


En 1946, Le Rassemblement démocratique africain est créé à Bamako avec sa section soudanaise, l’Union soudanaise dirigée par Mamadou Konaté et Modibo Keïta.


Lors du référendum du 28 septembre 1958, les électeurs du Soudan français votent massivement (97 %) en faveur de la création de la République soudanaise au sein de la Communauté française. La République soudanaise s’allie avec le Sénégal pour créer la Fédération du Mali qui obtient son indépendance le 20 juin 1960.

 

Après l’éclatement de la Fédération du Mali, Modibo Keïta proclame l’indépendance de la république soudanaise sous le nom de République du Mali le 22 septembre 1960.

 

Convoi de chameaux au repos, collection CPA LPM 1900

 

Organisation territoriale 

 

Pour asseoir sa domination sur les populations, le colonisateur français met en place un système très centralisé, qui instrumentalise les chefs de cantons.


À la fin des années 1910, se mettent en place des communes-mixtes, prévue par un arrêté du gouverneur général du 1 janvier 1911. Les premières communes-mixtes sont constituées dans un premier temps à Bamako et Kayes (Mali) le 1janvier 1919)  puis à Mopti au 1 janvier 1920


Les communes mixtes de Ségou et Sikasso sont instituées en 1953 et 1954.


Ces communes-mixtes sont gérées par un administrateur-maire nommé par arrêté du lieutenant-gouverneur, assisté d’une commission municipale du 1er degré composée de 8 membres titulaires (4 notables citoyens français, 4 notables sujets français) et 4 membres suppléants (2 citoyens français, 2 sujets français


La loi française N° 55-1489 du 18 novembre 1955 prévoit la création de communes de plein exercice par décret pris sur les rapports du ministre de la France d’Outre-mer après avis de l’assemblée territoriale intéressée. Un conseil municipal est élu par un collège unique qui désigne un maire en son sein. Par cette même loi, Bamako, Kayes, Ségou et Mopti deviennent en 1956 des communes de plein exercice. Sikasso devient commune de plein exercice en 1959.


Sept communes de moyen exercice sont créées en 1958 : Il s’agit de celles de Kita, Kati, Koulikoro, Koutiala, San, Tombouctou et Gao. Le maire est un fonctionnaire nommé par le chef de territoire, assisté d’un conseil municipal élu par un collège unique.

 

Économie


Les Français veulent développer les cultures irriguées dont les productions étaient exportées vers la métropole. L'essentiel des investissements est ainsi concentré sur l'Office du Niger, dont les coûts d'investissement sur la période 1928-1939 s'élèvent à 4 milliards de francs.


Cette politique a permis d'augmenter les productions exportées


Productions agricoles au Soudan français en 1928 et 1959


Production 1928

Riz paddy 90 000 tonnes

Arachide 35 000 tonnes

Coton 1 000 tonnes


Production 1959

Riz paddy 182 000 tonnes

Arachide 105 000 tonnes

Coton 8 500 tonnes

 

 SIEGE DU FORT DE MEDINE

 

Le siège du fort de Médine eut lieu en 1857 au Mali entre les troupes françaises commandées par le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal et les guerriers toucouleurs d'El Hadj Oumar Tall.


Origine 

 

Poussée par la rivalité de son puissant voisin le Royaume-Uni, la France avait l'ambition de créer un empire colonial dans l'ouest de l'Afrique. Une première tranche de crédit pour la ligne de chemin de fer du Dakar-Niger qui formera la colonne vertébrale avait été votée l'année précédente par le pouvoir législatif.

 

L'armée et ses tirailleurs avaient déjà fait une partie du travail : forçant son chemin vers l'est, elle avait réussi à établir une série de forts, ainsi qu'une ligne télégraphique, acheminant troupes et canons par les fleuves, sur des navires à vapeur apportés en pièces détachées au début des voies navigables.

 

Bataille 

 

L'armée toucouleure comptait de 20 000 à 25 000 hommes armés de fusils et elle fit le siège du fort de Médine, le plus avancé. Le siège dura 97 jours, durant lesquels, à chaque assaut, les assiégeants laissèrent des centaines de cadavres au pied du mur du fort.

 

Rapidement, les monceaux de corps en putréfaction empestèrent la garnison. Le 18 juillet 1857, les militaires et les quelques 7 000 habitants du village allié relié au fort n'eurent plus rien à manger. Le commandant, le sergent Desplat, à court de munitions, prépara des grenades pour se faire sauter « quand il verrait l'ennemi dans la place ».

 

C'est alors que surgit Faidherbe lui-même, à bord d'un bateau à vapeur transportant « 500 combattants, dont 100 Blancs ». À quelques kilomètres, le navire fut bloqué par des hauts-fonds. Faidherbe clama : « Le devoir est de périr ou de sauver Médine. » On « surchargea les soupapes de sûreté et on poussa les feux ».

 

Le bateau s'arracha. La garnison fut sauvée.

 

Fichier:MedineMage1857.jpegLe siège du fort de Médine vu par Eugène Mage dans Voyage dans le Soudan occidental (1868)

 

 

 LOUIS ARCHINARD

 

Louis Archinard, né au Havre le 11 février 1850 et mort à Villiers-le-Bel le 8 mai 1932, est un général français de la Troisième République, qui contribua à la conquête coloniale de l'Afrique occidentale par la France. Il est souvent présenté comme le conquérant et le pacificateur du Soudan français (actuel Mali).

 

Louis Archinard est issu d’une famille protestante du Havre. Son père dirigeait les écoles protestantes de la ville. Il fait ses études à l’École polytechnique (Promotion X 1868), d’où il sort le 10 mai 1870 comme sous-lieutenant au régiment d’artillerie de marine.

 

Après une mission en Cochinchine entre 1876 et 1878, il est nommé inspecteur des études à l’École polytechnique avant de rejoindre en 1880 le Soudan français à la demande de Borgnis-Desbordes. Il y mène différentes campagnes permettant à la France de poursuivre sa pénétration coloniale. Il pénètre à Ségou en 1890 et s’empare de Djenné en 1893.

 

De retour en métropole, il est promu général de brigade en avril 1896, général de division, puis commandant de la 32eme division à Perpignan. Il est nommé au conseil supérieur de la guerre en 1911. En juillet 1914, il est promu Grand-croix de la Légion d’honneur. En 1917, il est chargé de créer l’armée polonaise en France. En 1919 il reçoit la médaille militaire.

 

Le général Archinard prit sa retraite à Villiers-le-Bel. Le président de la République Paul Doumer, qui était venu lui rendre visite le 5 mai 1932 fut assassiné, le lendemain, alors qu’il s’était rendu à la « Journée du livre », par un émigré russe, Paul Gorgulov. Atteint de plusieurs balles de revolver, le président, transporté d’urgence à l’hôpital Beaujon, mourut dans la nuit. Lorsqu’il apprit la nouvelle, le général Archinard, âgé de 82 ans, s’affaissa, tué par l’émotion.

 

Grades

 

10 mai 1870 : sous-lieutenant

23 avril 1896 : général de brigade

24 novembre 1900 : général de division

 


 

Fichier:Louis Archinard.jpg

Le général Archinard

 

 GAETAN BONNIER
 

Gaëtan Bonnier est né à Saint-Leu de La Réunion le 3 décembre 1857. Comme son frère aîné, Eugène, il va choisir la carrière militaire et entrera à Polytechnique. Polytechnicien promotion de 1877, il participe comme officier d'artillerie de marine à la conquête du Soudan Français.

De 1883 à 1892, il se bat avec bravoure sous les ordres du Colonel Archinard. Blessé et décoré pour faits de guerre à Oussébungou en 1883, il est fait officier de la légion d'honneur en 1892, il a 35 ans.


Rentré en France, il est attaché à la direction de l'artillerie au ministère de la Marine. Il apprend la mort héroïque de son frère Eugène Étienne (lieutenant-colonel) lors du siège de Tombouctou, le 15 janvier 1894 et décide de retourner au Soudan.

 

Nommé chef de cabinet civil et militaire du Gouverneur général de l'Afrique occidentale française, (AOF), il se fait un devoir de ramener en 1896 les cendres de son frère Eugène et de ses hommes massacrés.


Nommé Colonel en 1900, il enseignera à l'École supérieur de la Marine avant de diriger le laboratoire central de la Marine. Successivement il est inspecteur des fabrications d'artillerie navale, commandant du 2 eme Régiment d'Artillerie Coloniale puis commandant supérieur de la défense de Dakar.

Il rentre en France pour commander le 3 emeRégiment d'artillerie coloniale, puis la brigade d'artillerie coloniale. Puis il va découvrir l'avion.

 

Fichier:Gaetan Bonnier.jpg

Gaëtan Bonnier

 

Nommé général de brigade en 1908, il passe son brevet de pilote, N° 137. Gaëtan Bonnier devient ainsi le premier général aviateur de l'armée française. Nommé au commandement supérieur des troupes de l'AOF, il va révolutionner la tactique militaire en y introduisant l'aviation.


Pendant la Première Guerre mondiale, il participe à la bataille de la Somme à la tête de la 16 eme Division Coloniale. Grand officier de la légion d'honneur sur le front en 1916, il termine sa carrière en 1919 comme commandant des Forces de l'AOF.


Après un pèlerinage à Fort Bonnier (fort de Tirailleurs Sénégalais situé à Tombouctou, édifié le 20 janvier 1894 par le Commandant Joffre qui repris cette place des mains des Touaregs responsables de la mort de son frère le lieutenant-colonel Eugène Étienne Bonnier), il rentre en France pour s'adonner à l'écriture. Il meurt au Cannet, Alpes-Maritimes, le 29 octobre 1944

 

 Campagne du Soudan 1894, collection CPA LPM 1900