MATERIEL D'HIER
  LA HERSE
         
 

La herse est un instrument agricole constitué d'un châssis en forme de grille, formée par deux séries de barres, les unes verticales, les autres horizontales, parallèles entre elles et fixées aux points de croisement.

 

Cet outil est muni de dents courtes et proches les unes des autres qui permettent de travailler la terre en surface pour préparer un lit de semence ou pour le recouvrir. Son passage aplanit le sol, en pulvérisant les mottes, et en enlevant tout ce qui pourrait gêner la germination de la semence.

 

Pline et d'autres historiens agronomes de la même époque (Caton, Varron, Columelle, Palladius) mentionnent déjà la herse.

 

Diderot 1750

 

HERSE, (Agriculture) instrument nécessaire au labourage pour ameublir & unir les terres. C'est une espece d'assemblage de pieces de bois, en triangle tronqué & à double base, garni en dessous, sur ses côtés & ses bases, de dents de fer ou de bois. Il en faut avoir de différentes grandeurs ; les construire de bois lourd, les façonner solidement, les bien ferrer, & leur donner des dents longues & fortes. On attache, quand il en est besoin, une ou deux pierres à la herse pour lui ajouter du poids & la rendre propre à briser toutes sortes de terre. Le boeuf ou le cheval traîne la herse à laquelle il est attaché par le petit côté. Il y a des herses à roue & d'autres sans roue.

   
     
 

Les premieres sont plus commodes. Les roues sont placées sur le devant. On veut que la herse ait six pieds de long, que les dents en soient rangées à cinq pouces les unes des autres, & qu'elles ayent environ quatre pouces de saillie hors des travers. Une herse bien mince, & chargée convenablement, entre en terre d'un bon doigt, ce qui suffit à son effet. Les herses sans dents ne sont qu'un tissu d'osier, ou des especes de fortes claies avec lesquelles on applanit les terres semées en lin, lorsqu'elles sont sabloneuses & légeres. Voyez la herse à labour, Planche d'Agriculture. Voyez l'article HERSER.

 

HERSER, c'est faire passer la herse à plusieurs reprises, sur une terre semée, ou seulement labourée. Beaucoup de laboureurs n'emploient la herse qu'à recouvrir la semence lorsqu'on ne l'enterre pas par un leger labour ; mais on ne peut trop en multiplier l'usage. Cette opération divise les grosses mottes retournées par la charrue, & rend la terre plus féconde en l'atténuant. Le labour ne remplit parfaitement son objet qu'autant qu'il est suivi du herser. Il faut donc herser la terre autant de fois qu'on la laboure. Dans toutes les terres moyennes cette pratique est très-utile ; & elle est nécessaire dans les terres fortes & argilleuses. On n'en peut excepter que les sables.

Ce n'est pas immédiatement après le labour que le herser est avantageux. On doit laisser passer quelques jours. Si la terre a été labourée dans un tems très-sec, il faut attendre qu'une pluie l'ait un peu trempée & attendrie ; mais que le tems soit actuellement sec. Si le labour a été fait dans un tems humide, il faut que la terre soit ressuyée, un peu hâlée ; mais sans être durcie. Outre qu'en passant à plusieurs reprises & en tout sens, la herse atténue les mottes, elle acheve de déraciner les herbes que la charrue n'avoit pas entierement détruites. Le hâle empêche ces herbes de reprendre racine. On se sert presque toujours de herses qui ont des dents de bois, & elles suffisent aux usages ordinaires. Mais lorsqu'une terre, immédiatement après avoir été semée, est battue par une pluie forte, on est contraint quelquefois d'avoir recours à des herses dont les dents soient de fer. Qu'on ne craigne pas alors de déraciner une partie du grain qui est levé. On n'a rien à attendre dans une terre battue & scellée, & il n'y a de ressource que dans cette espece de labour superficiel, qui est un bienfait de la herse. Mais dans ce cas-là, il faut choisir un tems couvert & légérement humide, pour ne pas exposer au hâle les racines du grain que l'on veut conserver.