LA MANCELLIERE SUR VIRE

Bourgvallées au 01/2016

  CC 45.03 CA de SAINT-LÔ AGGLO
   
  La Guerre de 100 ans à La Mancellière
         
 

La Mancelliere Sur Vire  Eglise  Ikmo-ned — Travail personnel

 
     
 

Article de Bernard Leconte

http://bernard-mancelliere.e-monsite.com

 

Ce texte, dont une transcription (partielle) de M. Alfred Butot est aux Ach. Départ. De la Manche (145 J 9), et l’original aux Arch. Nat. JJ 119 fo 10900, dont une amie m’en a procuré une copie (intégrale) que j’ai remis aux Archives Départementales.

 

Pour que chacun comprenne de quoi il s’agit voici une traduction de ce texte enfrançais contemporain, que Monsieur René Lepelley, professeur honoraire del’Université de Caen, à accepter de me faire, ce dont je lui suis très reconnaissant.

 

Banlieu de Saint-Lo en Costentin, ou quand on enfouissait ses biens dans la terre.

 

Cas d’arme de feu en 1357.

(titre et sous-titre d’A Butot)

(lettre de rémission adressée par le Roi à un criminel)

 

‘‘Charles VI … Nous faisons savoir à tous présents et à venir que ceci nous a été exposé de la part de Jehan Cuilleron de la paroisse de La Mancellière, de la banlieue de Saint-Lô en Cotentin : il y a environ 24 ans, les guerres étaient si grandes entre les partis de Normandie que les bonnes gens du plat pays ne savaient pas où cacher leurs biens ni où aller se réfugier en hâte dans une place fortifiée sans être surpris par les Anglais ou d’autres ennemis de notre Royaume. Certains gens de ladite paroisse avaient fait des fossés (tranchées) et avaient creusé des fosses dans la terre, dans lesquels ils avaient mis une partie de leurs biens en sécurité, par crainte desdits ennemis qui, à ce moment-là, tenaient plusieurs places fortes dans le pays en question. Et à peu près à cette époque, il arriva qu’un jour des malfaiteurs qui faisaient semblant d’être Anglais et qui criaient « Saint George » prirent et dérobèrent une grande quantité desdits biens qui appartenaient aux dites gens de ladite paroisse. Ces gens-là, pour remédier à cela et retrouver leur dits biens se rassemblèrent une certaine nuit, à minuit, parce qu’ils savaient que les dits malfaiteurs seraient alors audites fosses pour accomplir le dit vol ; eux-mêmes y étaient allés (y sont allés) pour guetter ces malfaiteurs, qu’ils trouvèrent en train d’emporter et de dérober leurs dits biens. Et parce qu’il faisait nuit, et qu’ils ne voyaient pas ni ne savaient quels gens c’était, et qu’alors lesdits malfaiteurs se mettaient à fuir avec leurs dits biens, ledit suppliant et quelques autres, pour récupérer leurs dits biens, entreprirent de chercher les dits malfaiteurs et, en le faisant, lancèrent du feu (des torches enflammées) pardessus les dites fosses ou les trous pour savoir si tel ou tel de ces malfaiteurs y étaient restés en embuscade ou autrement pour dérober leurs dits biens. Dans les fosses ou trous en question, il n’était resté aucun de ces malfaiteurs à l’exception seulement de celui qu’on appelle Yon Ozenne qui y était allé avec les dits malfaiteurs pour faire le dit vol. Cet homme était le voisin du dit suppliant, chose dont en vérité ce suppliant et les autres de son groupe ne savaient rien. On dit que c’est à cause de ce feu et de la fumée qui s’en suivit que ce dit Yon fut tué et mourut dans les fosses ou trous.

 

Mais vraiment, quand le fait de la mort de son voisin vint à la connaissance du dit suppliant, celui-ci en fut très surpris, triste et affligé.

 

Toutefois le dit suppliant redoute que, à l’instigation de certaines gens pleins de haine et de sévérité sur la justice, il ne puisse être accusé, poursuivi ou inquiété à l’occasion dudit fait ainsi advenu, (il craint aussi) d’être convoqué à nos jours d’audience (à notre tribunal) et que, s’il en était ainsi, notre soutient ne lui soit pas acquis.’’