SAINT-LÔ
  CC 44.10 SAINT-LÔ AGGLO
   
  DU XVeme AU XVIeme SIECLE
         
 

Jean-Baptiste Corot - La Vire à Saint-Lô (1850-1855)- Musée du Louvre

 
     
 

La période de paix était de retour mais le Cotentin perdit de son importance. François Ier fut acclamé devant la porte du Neufbourg en 1532.

 

Au XVIe siècle, le protestantisme gagna la Manche. Saint-Lô possédait une église réformée dès 1555 et les premiers livres imprimés seront des ouvrages protestants. Les huguenots, tenant Saint-Lô et Carentan, allèrent piller Coutances en 1562 et se saisirent de l'évêque Artus de Cossé-Brissac qui fut traîné dans la ville de Saint-Lô sur un âne. Mais alors que l'édit de pacification d'Amboise avait incité la ville à se soumettre à Charles IX, en février 1574, les protestants normands firent de Saint-Lô leur quartier général. Les troupes conduites par le Maréchal de Matignon assiégèrent la ville le 1er mai et montèrent à l'assaut dix jours après. On compta plus de 500 morts dont le chef Colombières, seigneur de Bricqueville, mais le grand capitaine protestant Gabriel Ier de Montgomery s'échappa par la porte de la Dollée. La ville est cédée à Jacques II de Matignon qui fit construire la citadelle.

 

Suite à cela, Saint-Lô perd en 1580, le siège du présidial, transféré à Coutances, capitale du bailliage.

 

La révolte des va-nu-pieds secoua un peu la région en 1636, lorsque le gouvernement voulut étendre la gabelle au Cotentin.

 

La région prospéra surtout dans la fabrication de bas de laine dits « d'estame ». En 1678, les reliques de Saint Laud sont ramenées à Notre-Dame. La route royale entre Paris et Cherbourg, construite vers 1761, passe à Saint-Lô, facilitant le commerce. La Révolution française de 1789 bouleversa le découpage administratif de la France et le chef-lieu du département fut temporairement fixé à Coutances entre 1794 et 1796. Saint-Lô prit le nom républicain de « Rocher de la Liberté » et un arbre fut planté sur le Champ de Mars. La ville est relativement épargnée pendant le régime de la Terreur et on ne compte que quelque heurt avec les chouans.

 

La période napoléonienne vit la création du Haras national . En 1827, Marie Thérèse de France, duchesse d'Angoulême, passa par Saint-Lô et elle fut frappée par la beauté du paysage. Elle projeta alors de faire venir la mer jusqu'à Saint-Lô en rendant navigable la Vire. La création du canal de Vire et Taute en 1833 permit d'établir la liaison entre Carentan et Saint-Lô. Puis, par ordonnance du 10 juillet 1835, la Vire fut classée navigable. Le baron Alfred Mosselman construit un port à Saint-Lô en recrutant près de 250 détenus militaires et prisonniers espagnols. Un chantier de bateaux est créé et le trafic passe de 50 tonneaux en 1841 à plus de 132 en 1846. Mosselman lance alors des chalands et introduit sur la voie navigable la traction par les chevaux en aménageant des voies de halage.

 

Plusieurs marchandises sont transportées mais principalement la tangue et la chaux provenant des carrières de Pont-Hébert et de Cavigny. Il fit ainsi passer la production de chaux de 1233 tonnes en 1841 à 30 000 en 1858. En 1867, la papeterie de Valvire est construite près du déversoir et fabriqua du papier d'emballage. Elle fut détruite par un incendie en 1930 et de l'usine il ne reste plus que la cheminée.

 
     
 

Seule la cheminée de la papeterie résista à l'incendie

 
     
 

La papeterie de Valvire,Collection CPA LPM 1900

 
     
 

Saint-Lô fut écartée du tracé de la ligne ferroviaire Paris-Cherbourg car ses habitants, ayant peur du progrès industriel, refusèrent un tracé les reliant à Paris. Elle ne sera rattaché qu'en 1860 au réseau ferré. Au XIXe siècle, Saint-Lô, au cœur d'une riche région d'élevage, s'imposa comme une grande place pour les foires aux animaux mais la peur de la population rurale vis-à-vis de la révolution industriellebloquait son développement. Le trafic fluvial ne vit transiter plus que 53 000 tonnes de marchandises dont seulement 6% de denrées. On constata également une fuite dans le canal et la Vire est déclassée en 1926. La région subit un important exode rural et subit les pertes humaines de la guerre de 1870 et de la première Guerre mondiale. La papeterie de Valvire brûla dans les années trente et ne sera jamais reconstruite. La démographie du département est très négative à partir de 1850. La ville aborde la deuxième guerre mondiale dans une situation déclinante

 
     
 

La foire aux bestiaux place des Alluvions Saint Lô,Collection CPA LPM 1900