BRICQUEBEC
  CC 40.02 COEUR DU COTENTIN
   
  LA FORET DE BRICQUEBEC


     
 

La forêt de Bricquebec est une ancienne qui était Propriété des seigneurs de Bricquebec, elle s'étendait sur six communes : Les Perques, Quettetot, Le Vrétot, Sénoville, Pierreville et Surtainville . Elle avait « un périmètre de six lieues de tour » et elle était l'« une des plus étendues et des plus importantes de Normandie. On évaluait sa contenance à 10 000 vergées.  


De 1300 à 1627, la forêt est exploitée « en commun par le Seigneur et les habitants de 15 communes voisines, par le Seigneur comme propriétaire, et par les habitants comme usagers ».

 

Coutume de la forêt de Bricquebec (1300)

 

Ce texte, initialement rédigé en l'an 1300, est issu du petit cartulaire de Bricquebec, copié en 1405 par Nicolas de Mons, notaire impérial, par l'ordre de Fouquet Painel, seigneur de Hambye et de Bricquebec, à partir de documents antérieurs [1]

 

 

Bois du Longbosc Auteur : Samfu

 
     
 

Texte


Les coustumes de la forest coutumiere de Briquebec.

 

En l'an de grace mil et trois cens fut accordey entre le seignour de Briquebec et ses borgeis et les porquiez de la paroisse de Briquebec, par commun conseil et par commun acort, que euz et lors hoirs [2] aront [3] des ore en avant [4] eu [5] meis de carey [6] le vert en gesant et le sec estant en la forest coustumiere, et poent ferir les dis coustumiers III coups eu vert sans amonder, et ceste coutume est commune a tous les coustumiers de la forest. Et est ainxi que, quant les borgeis et les porquiers ont emploié ceste coustume, se il a arbre brisié en la dicte foreste coustumiere, euz peuent avoir du dit arbre une caretee sus le feu, et autre sus l'essoel; et quant cele de sus le feu sera emploié, euz poent mettre cele de la carete et raler a l'autre. Et est assavoir que euz ne peuent mettre ou dit arbre ne coing ne mail pour fendre ne pour amenisier, ne ne poent prendre fors ce que I home et son varlet poent lever en la carete sans roe abatre, et ont ceste coustume en tout brisié et en tout voley sans caable; et deivent avoir eu versey les branques qui sont desevrees de l'arbre, sans mettre coing ne mail et sans roe abatre, auxi comme en brisié sans caable. Et les autres coustumiers deivent avoir le faiz a la hart sans caable, che est assavoir que le caable est entendu quant on poet veer d'une veue V arbres versés et brisiez par dessus XV piez d'estoc; et est eisi que le seignour ou sa gent peuent monter sur lequel que il voudront des diz V arbres pour voier les autres quatre. Et se il y avoit meins de V arbres, ce ne seroit pas tenu pour caable; et est assavoir que caable ne poent pas estre jugié por V arbres versés et brisiez seulement, se il n'est en autel maniere en aucun lieu en la forest coutumiere. Et est eissi que euz deivent avoir eu caable l'arbre brisié par desus XV piez, et les branques voleis, lesquex brisiez et lesquelez voleiez caable n'a hurtey ne a touchié; et les deivent avoir en la maniere que il les ont hors le cable, en tel maniere que il ne poent avoir ne rien prendre eu dit caable devant qu'il est jugié par le seigneur et par coustumirs. Et est assavoir que les borgeiz de Briquebec et ceus de l'Estanc et les porquirs de Saint-Martin et de Magneville et du Mesnil et des Perques, et tous les autres porquirs ont une meisme coustume. Et est assavoir que les borgeis et les porquiers et tous les coustumiers d'entour la forest deivent avoir, eu meis de may, l'aune et le borguet et le sauz por faire lor closturez et pour clorre lor blez, et le deivent avoir de teil grose [7] que I tareire roereis ne le peust perchier sans rompre l'escorche. Et est assavoir que nul coustumier ne poet aler a la coustume en la forest de Briquebec apres le mois de carey, tant comme la costume que euz ont eu eu moys de carey lor dure


 

Notes et références 

 

1. Léopold Delisle, Les cartulaires de la baronnie de Bricquebec, impr. F. Le Tual, Saint-Lô, 1899, p. 21-22.

2. Ancien français hoir « héritier ».

3. Auront.

4. Ancien français des ore en avant, « désormais »; cette locution adverbiale rappelle celle que l'on trouve dans les Serments de Strasbourg (842) : d'ist di en avant, littéralement « de ce jour en avant

5. Ancien français eu, plus anciennement el, forme contractée de en le.

6. Eu meis de carey, au mois de juillet, pendant lequel on charriait le bois des forêts; cf. Léopold Delisle, Études sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie au Moyen-Age, éd. A. Hérissey, Évreux, 1851, p. 365.

7. Noté groisse, dans une autre version de ce texte.

8. Gallo-roman °PORCARIU.

9. Gallo-roman tardif °BORGĒSE.

10. Gallo-roman °MĒSE < latin mensem.