CATTEVILLE
  CC 39.03 DE LA VALLEE DE L'OUVE
   
  LA FIEF FERME DE CATTEVILLE
         
 

La fief ferme de Catteville

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Julien Deshayes, avec la contribution

de Benoit Canu.


Il semble que le chef de la fiefferme de Catteville puisse correspondre à l’actuelle propriété de la Cour, située non loin de l’église, ce terme désignant habituellement d’anciennes seigneuries dominantes, auxquelles étaient en particulier attachées des prérogatives judiciaires.

 

La cour de Catteville sur le cadastre de 1829

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Sous l’ancien régime, la paroisse de Catteville était pour l’essentiel partagée entre la baronnie de Saint-Sauveur-le-Vicomte et une seigneurie relevant du domaine royal. Ce dernier fief avait d’abord appartenu, au XIIe siècle, à la famille de Meri (ou de Mary), mais il fut confisqué par Philippe Auguste, probablement en raison de l’exil de son propriétaire, Raoul de Meri, qui préféra faire allégeance au roi d’Angleterre suite à la conquête française de la Normandie, en 1204. Par un décret royal datant du mois de novembre 1218, ce fief fut remis au dénommé Robert le Galois, sergent d’armes du roi de France, en récompense de ses services. Désormais qualifiée de « fiefferme », comme tout autre domaine directement affermé par le roi de France, la seigneurie de Catteville fut successivement engagée par la suite à divers propriétaires. Elle était administrée par l’autorité royale sous sa vicomté de Saint-Sauveur-Lendelin.

 

Nous savons que la fiefferme était engagée en 1434 au profit de Bertrand Cauvin. Ayant des extensions à Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Saint-Germain-des-Vaux, sa possession donnait alors droit au patronage de la cure de Saint-Ouen de Catteville et à un droit de pêche dans « la rivière qui vient de la chaussée de Pierrepont par les marais et communes d'entre Doville et Catteville ». En 1438 elle appartenait à Jean Taurin, écuyer, qui consentit cette année la concession de plusieurs terres relevant de ce domaine au profit de particuliers. En 1533 la fiefferme de Catteville était engagée au profit de la famille Blondel, qui possédait aussi des terres à Aureville et Neuville-en-Beaumont et exerçait des offices judiciaires auprès de la baronnie de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Elle restera en possession de ce domaine jusqu’à la fin du XVIIe siècle au moins. En 1553, Thomas Blondel menait une procédure pour se faire reconnaître le droit de nommer le curé de la paroisse. En 1587 puis en 1592, Jean Blondel et son frère Jacques sont signalés comme propriétaires. En 1640, Jean Blondel figure dans le Rôle de la noblesse du grand bailliage de Cotentin. Qualifié du titre de sieur de Catteville, il est alors tenu pour « povre ». En 1688 on trouve Henry et Thomas Blondel cités comme seigneurs de la fiefferme de Catteville.

 

Autres propriétés


D’après un certain nombre de sources écrites rassemblées depuis le XVe siècle, jadis conservées aux archives départementales de la Manche, il apparaît que la paroisse de Catteville était divisée en une dizaine d’aînesses, terres roturières appartenant à des paysans relativement aisés, et constituant des dépendances tantôt de la fiefferme royale ou de la baronnie de Saint-Sauveur. Le nom de ces propriétés ayant généralement changé, pour prendre celui de leurs propriétaires successifs, aucune n’apparaît plus sur le cadastre actuel, ni même sur le cadastre ancien (1829). Certaines cependant peuvent être identifiées. On peut supposer par exemple que l’aînesse Guermont, déjà citée en 1438, et qui appartenait en 1527 à un sieur des Haulles, correspond à la ferme de la Haulle, encore visible sur le cadastre de 1829. La famille Hamelin avait acquis en 1562 le « fief Botterel », qui subsiste probablement aujourd’hui sous le nom de « l’Hamelinerie »… Le « fief Henry », cité en 1523, pourrait être l’ancien nom de l’actuel village au Tellier.

 

L’actuel hameau du Village au Tellier, situé à environ deux cents mètres de l’église paroissiale, tient en effet son nom d’une famille Le Tellier, citée parmi les habitants de Catteville depuis au moins l’an 1549, et qui y résidait encore à la fin du XVIIe siècle. Cette ancienne aînesse constituait une dépendance de la fiefferme. Il y subsiste deux belles maisons anciennes, constructions appartenant pour l’essentiel aux XVeet XVIe siècles qui se caractérisent par leurs portes en plein cintre à claveaux de grès, leurs petites fenêtres chanfreinées et leurs souches de cheminées très massives. Sans disposer des attributs d’une demeure noble ces édifices présentent une indéniable qualité architecturale. Parmi les anciennes dépendances, se remarque également une bâtisse en bauge ou masse, maçonnée en terre crue.

 
         
 

Au XIXe siècle, l’école communale et la mairie sont venues s’établir à l’intérieur de ce hameau.

 

Au nombre des familles anciennement implantées à Catteville, se signale également la famille Corbaran. Dès 1479, Richard Corbaran y possédait un domaine, et, au cours du siècle suivant, il apparait que ses descendants, Tristan et Eustache Courbaran y détenaient aussi bien le fief au Coquière que le fief Guillaume Hamelin et le fief es huit Parchonniers. En 1779, Guillaume Courbaran obtenait du duc d’Orléans autorisation de bâtir un moulin à vent, moyennant une rente de 6 boisseaux de froment. D’après le cadastre ancien, ce moulin à vent, déjà disparu en 1829, semble s'être situé juste au dessous du Village au Prince.

 

 

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