CHAULIEU
  CC 30.03 DU MORTANAIS
   
  LE TRAMWAY
         
 

Gare de Sourdeval, collection CPA LPM 1900

 
     
 

E. ROYNEL Pages Personnelles

La ligne de "tramway"


Il existait au village des Maures, une gare appelée Gare des Maures avec plusieurs quais qui servait à la fois pour la ligne de "tramway" à vapeur Les Maures-Montsecret via Tinchebray, le tronçon Montsecret Tinchebray fut construit à l'initiative de la municipalité de Tinchebray qui, le 13 août 1873 votait une subvention de 85.000 Frcs pour acheter les terrains. Un décret du 5 mai 1876 déclarait les travaux d'utilité publique. Le 29 octobre 1879, l'entreprise Radenac et Soubigou commençait les terrassements. La circulation des trains commençait le 15 février 1883 sur la voie unique et la ligne était inaugurée le 22 juillet 1883 par M. Labiche, banquier, sénateur de la Manche, futur maire de Sourdeval et président du conseil d'administration.

 

La partie Tinchebray-Sourdeval étant financée par une société appelée Compagnie du Chemin de Fer Montsecret-Chérencé le Roussel comprenant les industriels de la vallée de Sourdeval. Ces trains roulaient à une vitesse inférieure à 20 km heure et s'arrêtaient pour laisser passer les charrois. La plateforme de cette ligne demeure visible en face du village des Croix ainsi que le pont de la route menant à St Sauveur. La partie Sourdeval-Chérencé le Roussel ne fut jamais construite, la société ayant fait faillite en 1888. Son exploitation devait se terminer vers 1930, la ligne étant déclassée en 1936, et la ligne de chemin de fer Vire-Mortain via Sourdeval, inaugurée le 4 novembre 1887 en gare de Vire avec un train officiel partant de Vire à 15h05 pour arriver à Mortain terminus de la ligne à 16h44 soit une distance de 36 km en voie unique à l'espacement de 1m44.

 

Les derniers trains ont circulé en 1988 en trafic marchandises à voie unique. Cette ligne construite sous la direction de l'ingénieur Bienvenue qui dirigera plus tard la construction du métro de Paris, avait un profil tourmenté avec de fortes rampes et de nombreuses courbes, les trains étaient souvent en panne à cause des feuilles, de la pluie, d'un matériel vétuste, le 16 décembre 1887, premier jour de trafic, le premier train partant à 4h30 de Vire arrivait à Mortain à 5h30. Celui partant de Mortain à 6h16 devait tomber en panne à St Clément, faute de machine de secours, et le télégraphe ne fonctionnant pas, un voyageur dut faire le trajet à pied pour prévenir.

 

Un grave accident eut lieu le 15 janvier 1911, avec 7 morts et des blessés, une machine partant de la gare des Maures en marche arrière, se dirigeait vers Vire pour remorquer un train en panne quand elle percuta le train de voyageurs partant de St Germain de Tallevende vers Mortain. Les morts étaient les suivants : Bourdonneux, 30 ans - Marie 47 ans - Ducreux 34 ans - Colas 29 ans - Jouvet 29 ans - Malet 55 ans - Lenormand 50 ans, tous agents des chemins de fer. Les blessés étaient ; Journeaux, Maine, Bonnin et Prunier. Bien que l'accident soit dû pour une bonne part à la vétusté du matériel et au manque de communications sur la ligne, le chef de la gare des Maures et le conducteur du train de voyageurs furent condamnés. Un autre accident avait eu lieu deux jours avant, le 13 janvier, le train partant à 7h50 de Tinchebray déraillait à l'entrée de la gare des Maures à cause de la neige.

 

Dans les années 1900, il existait trois trains de voyageurs passant à la gare des Maures. A partir de Sourdeval, une ligne d'intérêt local existait depuis 1908 se dirigeant sur Granville en passant par Avranches, cette ligne avec un écartement de 1 mètre obligeait à un transfert des voyageurs et marchandises. Cette ligne devait disparaître le 1er février 1935.


Après la guerre de 1914 le trafic reprenait, en 1936 la SNCF devenue propriétaire supprimait le trafic voyageurs dès 1939. Pendant la seconde guerre mondiale, les allemands feront circuler de nuit leurs trains de matériel. Après la guerre, seuls les transports agricoles et les expéditions d'une usine de Mortain assurent une activité.


Déclassée, cette dernière a été aménagée en chemin de randonnée. La gare, longtemps laissée à l'abandon par la SNCF, rachetée par la commune a été réhabilitée et transformée en logements.


A proximité de la gare, au village des Maures, l'usine Hébert-Esneu fabriquait des outils (socs de charrues) et de la quincaillerie, elle est disparue vers 1930, ruinée par la concurrence des usines de Tinchebray. Le Village des Croix à quelques centaines de mètres comportait en 1900 de nombreuses maisons, quelques commerces dont un cabaret et un arrêt du tram.