SAVIGNY -LE-VIEUX
  CC 26.12 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  ABBAYE DE SAVIGNY-LE-VIEUX
         
 
 
 

 

 
 

L'abbaye de Savigny est une abbaye fondée par l'ermite Vital dans la commune de Savigny-le-Vieux. L'abbaye (porte Saint-Louis et vestiges) fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 4 juin 1924

 

Histoire

Saint Vital, né vers 1050, à Tierceville, près de Bayeux, fut chapelain de Robert de Mortain et chanoine de la collégiale de Mortain.

Ses nombreux talents et qualité lui valurent une réputation méritée. L'ermitage qu'il avait créé à Dompierre en Mantilly (conformément à ses goûts de retraite) était devenu trop insuffisant pour les nombreux solitaires qui se joignaient à lui.

Vital fonda l'abbaye de Savigny, au milieu d'une forêt sauvage obtenue auprès de Raoul de Fougères (1112) (Raoul refuse au départ, mais tombe malade. Les prières de Vital le sauvent). Une église de bois est d'abord construite, ainsi que quelques bâtiments. Il s'agit d'un monastère double : un monastère d'hommes, auquel est associé un monastère de femmes, 500 pas plus loin, à « la Prise aux Nonnes », à l'entrée de la forêt.

 

En 1120, les moniales sont déplacées au prieuré de la Blanche (ou abbaye Blanche), près de Mortain.

L'abbaye se développe rapidement et saint Vital meurt en 1122 après avoir fondé trois nouvelles maisons. Ses successeurs en fondent 26, tant en France qu'en Angleterre. Parmi ces fondations, on peut citer:

Abbaye Blanche à Mortain (1112),
Abbaye des Vaux-de-Cernay (1118),
Beaubec-la-Rosière (1127),
Buckfast dans le Devon (1136),
Aunay-sur-Odon (1131),
Quarr sur l'île de Wight (1132),
Byland dans le Yorkshire du Nord (1134),
Buildwas dans le Shropshire (1135),
Le Breuil-Benoît (1137),
Barbery (1140),
La Trappe (1140),
Jervaulx dans le Yorshire du Nord (1145)...

L'abbaye de Savigny, au concile de Reims, en 1148, s'unit à l'ordre de Cîteaux dont elle adopta l'habit et les règles monastiques.

 
 

 

 
 

Ruines de l’abbaye.

 
   
 

En l'année 1200, est achevée la somptueuse église abbatiale, qui subsistait en 1789. L'archevêque de Rouen la consacre en 1220.

Cinq religieux de cette abbaye ont eu les honneurs de la canonisation :

Saint Vital ;
Saint Geoffroy ;
Saint Pierre d'Avranches ;
Saint Guillaume ;
Saint Hamon ;

auxquels il faut ajouter sainte Adeline, sœur de saint vital, et qui fonda l'abbaye blanche de Mortain.

La translation définitive de leurs reliques a eu lieu solennellement devant 100 000 personnes en l'an 1248.

En 1172, le roi d'angleterre y rencontre les émissaires du pape concernant l'assassinat de Thomas Becket. En 1256, Saint Louis vient visiter l'abbaye. Pierre-Daniel Huet, évêque d'Avranches s'y rend en 1696.

Le sac de l'abbaye de Savigny par les calvinistes, en 1562, avait porté un rude coup à ce monastère, qui depuis lors périclita. Elle sera pillée et brûlée par les protestants compagnons de Gabriel de Montgomery.

La Révolution de 1789 expulsa les moines et, depuis, un vandalisme cupide acheva de détruire l'important chef-d'œuvre. Le mobilier est vendu, les bâtiments sont détruits pour servir de carrière de pierre.

 

Architecture

Son architecture était majestueuse : flèche de 70 m, superficie de l'église abbatiale de 3 256 m², 15 autels, 76 vitraux et 3 rosaces de 6 m.  

 
         
 

Après sa vente à la Révolution, comme bien national, l’abbaye est devenue une carrière de pierre, les démolisseurs s’employant à arracher, y compris à la dynamite, tous matériaux de construction et en particulier les pierres de taille qui constituaient les parements des murs, ne laissant souvent que quelques moignons de la grosse maçonnerie interne, moellons hourdés au mortier de chaux.

Il ne resterait sans doute rien aujourd’hui de cette très importante abbaye cistercienne, ancien chef d’Ordre, si, au milieu du XIX°, Arcisse de Caumont n’était intervenu en achetant de ses deniers le vestige le plus connu dit «  la Porte Saint-Louis » qui donnait accès du cloître au grand réfectoire : c'est cette partie qui est classée "Monuments Historiques".

 

Divers dégagements ont été fait alors mais depuis cette période la végétation et le lierre avaient recouvert les parties hautes des ruines, enserrant les maçonneries et les pénétrant profondément.

 

Plan de l'église abbatiale de Savigny dessiné par l'abbé Lemesle vers 1859

 
         
 

Les vestiges aujourd’hui conservés sont les restes d'une épaisse muraille très irrégulière en hauteur, de 0 à 7 mètres et en épaisseur de 0, 80 à 2 mètres qui constituait la séparation entre le cloître et le réfectoire aujourd’hui disparu, le cloître et différents corps de bâtiments comme cellier ou cuisines, aujourd’hui disparus. L’église abbatiale, encore plus ruinée, présentait les mêmes symptômes : pans de murs très diminués ou noyaux de grosses maçonneries laissés par les démolisseurs du XIXe après l’arrachage de quasi toutes pierres de taille.

Des travaux de dégagement et cristallisation des ruines subsistant hors sol ont été entrepris en deux phases entre 2003 et 2009 par le propriétaire des lieux, la Communauté de Communes de Saint-Hilaire du Harcouët. Ces travaux visaient à sauver durablement ces ruines qui sont le témoignage remarquable d’un ensemble fameux mais réduit, sans leur faire perdre leur caractère de ruines. Ces travaux ont été conduits par François Pougheol, architecte du patrimoine. Cet architecte avait tenté une restitution du plan complet de l'abbaye dans son projet de diplôme d'architecte (1983), en se fondant notamment sur les notes et dessins de l'abbé Lemesle, curé de Savigny au milieu du XIXème.

 
     
 

Restitution du plan de l'abbaye de Savigny, 1983