SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
  CC 26.10 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  L’histoire de l’électricité
         
 

CPA collection LPM 1900

 
 

 
 

Sources : l’histoire populaire de l’Abbé Cosson

l’histoire de l’électricité en basse Normandie

par André Journaux et la famille Amiard

 

Saint-Hilaire fut la troisième ville de France à être électrifiée en 1889.Pour comprendre cette histoire il faut se rendre à la sortie de Saint Hilaire, sur la route de Saint-James, à Saint-Brice-de-Landelles au lieu-dit « le Vauroux » ou Julien François Raulin (1795-1873) avait fondé en 1829 une manufacture de filature et de teinturerie, dont les machines fonctionnaient à la force de l’eau et de la vapeur. Son fils Victor (1818-1872) poursuivit l’affaire de sont père, de même que son fils René Amiard qui, en 1881 s’associa à son cousin Julien Bréhier. Aucun document ne permet d’affirmer que la filature Amiard fonctionnait encore au Vauroux après 1881, mais une chose et sûre, en 1885, se rendant à la filature de Saint-Hilaire, René fut abordé sur le pont d’Airon ou pont de Bretagne par un inconnu qui lui demanda s’il pensait que le moulin pigeon était à vendre. « Non, je ne sais pas, mais si vous cherchez une force motrice, j’en possède une à 3 km d’ici, au Vauroux, que je pourrais vous louer » répondit René Amiard.

 

Cet inconnu était le parisien Ernest Lamy qui cherchait une chute d’eau pour installer l’éclairage électrique dans une agglomération quelque peu importante. Une convention fut donc établie le 6 décembre 1886 et il installa une dynamo à courant continu dans la salle de cardage de ce que l’on appelait « l’usine d’en haut ». La chute d’eau actionnait une roue à aubes de 5 m de large et 4 m de haut dont la rotation lente obligeait une forte démultiplication pour que l’induit de la dynamo tourne à environ 400 tours/minute.

 

Pendant que l’installation de l’usine s’effectuait, la ligne de transport fut établie sur la route de Saint-James avec des fils de cuivre de 4 mm, et l’inauguration le 16 juin 1889 devait être somptueuse… ! Hélas, rien ne se passa comme prévu, ainsi que le relève l’abbé cosson : « On devait acclamer se jour-là les premières splendeurs de l’éclairage électrique et le premier convoi de voyageurs par notre voie ferrée partant de Vire. Un frisson de fierté et de satisfaction passa par toute la ville ; enfin notre pays perdu entrait officiellement dans la grande civilisation ! » Mais on déchanta bien vite, « Hélas la fête de la lumière fut réduite a sa plus simple expression, notre sympathique chef de gare, M. Yves Laveyrie qui nous arrivait de Pontaubault put avec quelques privilégiés admirer l’unique lampe fonctionnant dans le cabinet du maire. Il en était de cette tentative comme du projet d’éclairage au gaz en 1870. Après deux ans de travaux conduits mollement et souvent interrompus, l’entrepreneur électricien, M. Lamy éclaira encore partiellement nos places pendant l’hiver 1889-90, puis n’éclaira plus rien. Il fut condamné à 10 000 F de dommages et intérêts. »

 

René Amiard, ne voulant pas laisser les bâtiments du Vauroux en non-valeur, reprit donc les choses en main et fonda alors la « société Anonyme de Saint-Hilaire » avec plus de moyens techniques : de plus grosses dynamos fournissant 115 volts, cette installation précaire qu’elle fut, était néanmoins la première de basse Normandie, et le troisième de France ! Elle comptait au départ 80 abonnés privés (qui ne pouvaient allumer qu’une seule lampe à la fois !) et une soixantaine de lampes d’éclairage public. À partir de 1910, René Amiard, fut secondé par son fils Alfred qui, après des stages en Allemagne amena une nouvelle évolution plus importante que la seule force hydraulique du Vauroux. Il installa à Saint-Hilaire même un moteur à gaz pauvre de 30 cv entraînant une génératrice pour alimenter 36 installations et 134 compteur. Malgré tout, la société devint une entreprise familiale quand son fils Alfred repris l’affaire en 1919. On était passé après la grande guerre à 61 installations et plus de 200 compteurs. L’entreprise se développa très rapidement alors, la nécessité de trouver une nouvelle puissance d’énergie obligea le nouveau propriétaire à se tourner vers les forces motrices de la Sélune qui en 1922 avait vu achevé le barrage de la « roche qui boit ». Il y avait donc là, à proximité maintenant, une source importante d’énergie et après entente avec la municipalité, en 1922-1923 il transforma le secteur courant continu en courant alternatif. Un contrat de concession fut signé le 24 janvier 1924 pour 30 ans et en 1932, suite à la mise en exploitation du barrage de Vezin , fut créé le « syndicat de Saint–Hilaire » pour la distribution d’énergie électrique sur 22 communes. En 1940, l’achat du courant à haute tension de Vezin obligea le concessionnaire à faire construire une ligne spéciale qui fut détruite en 1944. Le courant ne fut rétabli à Saint –Hilaire après les bombardements qu’en septembre 1945 et l’année suivante la nationalisation sonna le glas des concessions privées. Nous sommes toujours là aujourd’hui, mais l’Europe pourrait bien nous faire revenir à ce "privé" pionnier malgré toute la modernisation de notre société il y a un peu plus d’un siècle…

  

 

 
 

CPA collection LPM 1900