CERISY-LA-FORET
  CC 23.02 SAINT-LÔ AGGLO
   
  DE CI DE LA


     
 

Le bourg en 1908, CPA collection LPM 1900

 
         
 

La cité tire son nom du nom de personne roman Ceratus ou Cesarius suivi du suffixe latin de propriété acus. (La propriété de Ceratus ou la propriété de Cesarius)

 

Sous l'Ancien Régime, la paroisse se nommait habituellement Cerisy-l'Abbaye; dans le cadre de la déchristianisation, ce nom fut changé en Cerisy-la-Forêt en novembre 1793, en référence à la forêt voisine.

 

En 1814, une colonne de la garde impériale russe pénétra dans la Manche par Cerisy-la-Forêt. Elle était forte de 9 000 hommes et d'un millier de chevaux.

 

Les lieudits

 

Cette commune regroupe plusieurs hameaux : la Vacquerie, le Bouquetat, la Paumerie, les Rochers, le Pont Caudel, la Branlière, le Vieux Gravier, la Maumistière, Longré, le Bois d'Elle, la Couespelière, Gavray, la Maltelliere, les Landes, la Jayetterie, le Lieu Jouanne, Launay, Hamel Roque, Carbonnel, la Chênée, Mesnil reinne, Rue Dorée, le Castel, la Marquerie, Hameau du puits, Brians, Moulin d'Apechon, Moulin des Rondelles, la Lucasserie, la Pouerie, le Biot, Cantilly, la Mallardière, la Boullaye, la Gouesmerie, la Hunaudière, Maisons Yons, le Mesnil, la Rocque, Vallée, Hamel des Telliers, la Croix aux Moines, la Planche au chêne, la Quesnellière, le Lieu Sirrey, la Rupaillerie, la Gouttière, la Joitière, la Bissonnière, l'Eau Geau, les Houzeaux, Bapaume, les Varannes,Village de l'Etang, le Pont Tannerie.

 

Au Moyen Âge une légende veut qu'un dragon occupait les terres de Cerisy vers l'an 510. Celui-ci fut terrassé par Vigor par un signe de croix puis fut jeté à la mer par son compagnon Théodomir. Vigor fonda ensuite un monastère dédié à saint Pierre et à saint Paul.

 

La Sergenterie

 

Cerisy-la-forêt était le siège d'une sergenterie qui comprenait, en 1735, 24 paroisses : Blay, Trévières, Mandeville-en-Bessin, Cottun, Tournières, Le Molay, Saonnet, Bernesq, Tessy, Notre-Dame de Blagny, Campigny, Crouay, Baynes, Agy, Rubercy, la Haye-Piquenot, Saint-Martin-de-Blagny, Littry, Noron-la-poterie, Ranchy, Le Breuil-en-Bessin, Saon, Saint-Paul-du-Vernay. Ces paroisses faisaient partie du ressort de l'élection de Bayeux, de la généralité de Caen.

 
   
 

 

Le Château de la Boulaye, 2009

 
     
 

Le Château de la Boulaye, CPA collection LPM 1900

 
         
   
  CERISY-LA-FORET
  CC 23.02 SAINT-LÔ AGGLO
   
  FORET DE CERISY
         
 
Chasse à courre en foret de Cerisy; Rendez vous de chasse, CPA collection LPM 1900
 
   
 

C'est une forêt domaniale de 2 130 hectares plantée de hêtres à 75 % du territoire. Depuis 1976, elle est une réserve naturelle gérée par l'Office national des forêts (ONF). Cette réserve naturelle a pour objet la protection de la faune et de la flore. À Cerisy, son intérêt réside dans la présence d'une sous-espèce endémique du carabe doré : le carabe doré à reflets cuivrés, protégé au niveau national.

 

La forêt de Cerisy est aussi appelée forêt de Balleroy dans le département du Calvados.

 

Situation

 

Elle est située sur la commune de Montfiquet dans le Calvados et une partie sur la commune de Cerisy-la-Forêt dans la Manche, à mi-chemin entre Saint-Lô et Bayeux sur la D572, entre Cerisy-la-Forêt et Balleroy dans le Calvados.

 

Histoire

 

Historiquement, on distingue la forêt de Cerisy en deux parties :

 

Au nord, le Bois l'Abbé (250 ha), situé sur Cerisy-la-Forêt, est donné en 1042 par Guillaume le Conquérant aux moines de l'abbaye de Cerisy. Après la Révolution, ce bois est réclamé par l'État, auquel il n'est rattaché qu'en 1845.

 

La forêt des Biards, située sur la commune de Montfiquet, appartient aux ducs de Normandie. En 1204, lors du rattachement de la Normandie à la couronne de France, elle intègre le domaine royal. Après 1791, elle devient bien de l'État.

 

Le 5 septembre 1846, une ordonnance royale unifie les deux parties de la forêt de Cerisy et fixe le traitement de cette forêt en futaie de hêtres.

 

Les bombardements de 1944, les prélèvements pour les besoins de la guerre ont provoqué de graves dommages au massif forestier. Ainsi, tous les peuplements situés autour de l'actuel carrefour de l'Embranchement ne datent que des années 1960.

 

Faune

 

On peut y apercevoir des cervidés tels que cerfs, biches, chevreuils, mais également des sangliers, blaireaux, renards. Il est donc conseillé de faire très attention en promenade à ne pas perturber cette population mais aussi en voiture pour ne pas percuter un animal, les accidents ne sont pas rares.

 

Les oiseaux et autres rapaces sont divers et variés en forêt de Cerisy, un espace agréable pour les ornithologues

 

Les amphibiens et les insectes sont aussi une grande richesse de cette forêt et notamment le carabe doré à reflet cuivré (Chrysocarabus auronitens ssp cupreonitens). Il y a également des papillons remarquables.

 

Flore

 

La forêt de Cerisy est composée à 75 % de hêtre, 12 % de chêne et 3 % de pin sylvestre. On trouve aussi de nombreux autres espèces d'arbres telles que le bouleau, le châtaignier, l' aulne glutineux... des arbustes : le houx, le fragon (protégé en forêt de Cerisy), le noisetier... et de nombreuses fleurs : l' euphorbe des bois, la digitale pourpre, l’anémone des bois sylvie.

 

Images de chasse à courre en foret de Cerisy vers 1910

CPA collection LPM 1900

 


     
 

Chasse à courre

en foret de Cerisy

   

Relais de chasse

 
 
         
 

Chasse à courre

en foret de Cerisy

   

Relais de chasse

 
 
       
 

Chasse à courre

en foret de Cerisy

   

La curée

 
 
       
 

Chasse à courre

en foret de Cerisy

   

Le piqueur et la meute

 
 
         
 

Chasse à courre

en foret de Cerisy


La vénerie

 
 
         
 

Chasse à courre

en foret de Cerisy


Le gouter après la prise

 
 
         
   

Chasse à courre

en foret de Cerisy


La Saint Hubert

 
 
         
   
  CERISY-LA-FORET
  CC 23.02 SAINT-LÔ AGGLO
   
  LA MARECHAUSSEE


     
 

La maréchaussée, en 1660, a un rôle prévôtal. De ce fait, elle est implantée dans les villes et villages de garnison. Ainsi, dans les registres d'état civil des XVIe et XVIIe siècles de Cerisy-la-Forêt, plusieurs actes de décès de Dragons sont enregistrés. Y figurent aussi quelques actes de mariages de Dragons ou de baptêmes de leurs enfants. Ceux-ci nous permettent d'en déduire qu'un corps de cette arme existait alors en cette commune. La Maréchaussée était alors installée dans la ferme de l'abbaye. Cette compagnie de maréchaux était donc dans l'enceinte de l'abbaye, là où les "gens de robes" rendaient la justice. Le principal homme de cette institution religieuse n'était autre que le cardinal de Mazarin, célèbre homme d'état (1602-1661). Bien qu'il en toucha le revenu, ce cardinal préférait la compagnie de la cour à celle des moines. Il ne parut que très rarement en cette abbaye.

 

La salle de justice et sa cellule attenante ont traversé les siècles, subissant invasions et incendies. Celles-ci sont encore visibles de nos jours.

 
 
         
 

De la prison de la "Brigade de l'époque", il ne reste plus que le linteau ornant l’entrée sur lequel on peut lire :

 "TREMBLEZ, TREMBLEZ DIABLES D'ENFER,

AUSSITÔT QU'EN PRISON ON VOUS TRAINERA,

VOS BRAS SERONT LIES DE LOURDES CHAINES DE FER

ET VOUS LES PORTEREZ TELS

ET VOUS APPRENDREZ A CHICANER"

 

La salle des aveux est contigüe à la salle de justice et à la cellule de l'abbatiale. De nombreux graffitis ornent le murs de la geôle. On remarque qu'il en existe deux niveaux. En effet, au XVIe siècle, les prisonniers portaient comme le rappelle l'avertissement vu précédemment… "DE LOURDES CHAINES DE FER". Les prisonniers ainsi très limités dans leurs mouvements, ne pouvaient sculpter qu'à une petite hauteur et que des motifs très simples.

 

Au XVIIe siècle, ils deviennent libres de leurs mouvements dans les cellules, n'ayant plus à supporter les chaînes. Toutefois, la paille, ajoutée jour après jours sur le sol du cachot, entraîna l'élévation du sol. Cette litière n'était pas changée. La conséquence de la liberté de mouvement des prisonniers, associée à l'élévation du sol est nettement visible. En effet, les dessins ou graffitis sont de plus en plus élevés, plus travaillés et expressifs.

 
         
   
  CERISY-LA-FORET
  CC 23.02 SAINT-LÔ AGGLO
   
  ABBAYE DE CERISY-LA-FORET
         
 

Abbaye de Cerisy-la-Forêt, collection CPA LPM 1960

 
         
 

C’est Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant qui l’a fondée, vers 1032. Elle est un témoin de l’architecture qui fut importée en Angleterre avec la Conquête et qui a laissé dans l’île de si beaux monuments. Mais elle fut délaissée, au cours des temps : des logis conventuels du XIIIe siècle, il reste la salle de justice et sa prison dessous, mais surtout la chapelle privée des abbés, construite à l’imitation de la Sainte-Chapelle de Paris et qui doit son origine à un don de Saint Louis, qui s’arrêta à Cerisy, en route vers le Mont-Saint-Michel. Tout le reste a disparu, vendu comme bien national, et les pierres utilisées pour paver les chemins. L’ensemble était en très mauvais état.

 

Fondation XIeme

 

Les plus anciennes traces de l'histoire de l'abbaye de Cerisy-la-Forêt remontent au VIe siècle, alors que la Gaule continue à se christianiser. Saint Vigor, un des premiers évangélisateur du Bessin, reçoit du riche seigneur Volusien la terre de Cerisy (Cerisiacum) avec vingt-cinq villages à l'entour, pour le remercier d'avoir débarrassé la région d'un « serpent horrible qui mettait à mort les hommes et les animaux » (probablement une image pour signifier les idoles gauloises). Vers 510, il construit, vraisemblablement à la place d'une table druidique, un monastère ou ermitage dédié aux saints Pierre et Paul. Parallèlement, d'autres monastères rattachés aux évêchés de Bayeux : (Reviers, Mont-Chrismat, Deux-Jumeaux, Évrecy, Livry) et de Coutances (Le Ham, Saint-Fromond, Saint-Marcouf) voient le jour, témoignant de la rapide conversion des « païens » à la religion chrétienne.

 

Au IXe siècle, la Neustrie est envahie par les Vikings, qui donneront leur nom à la région (Normandie vient de "Normands" qui signifie "hommes du Nord"). En 891, ils pillent Bayeux, défendue par le comte Bérenger II de Neustrie. Les incursions en terre de Cerisy datent probablement de la même année, avec destruction complète du monastère érigé par Vigor. En deux siècles, les Vikings se convertissent et deviennent le fer de lance d'une chrétienté agressive et expansionniste. Rollon, leur chef, obtient du roi Charles III le Simple les pays de Basse-Seine par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911, et le Bessin en 924.

 
 

 

 
 

Le 12 novembre 1032, le duc Robert, en présence d'Hugues d'Ivry, évêque de Bayeux, édicte la charte de fondation d'un nouveau monastère, l'abbaye d'hommes de Cerisy, dédié à Vigor. Mais les archives diocésaines nous font part d'un abbé en fonction dès 1030. Il y avait donc déjà un monastère en ce temps (à tout le moins une église). La fondation de Robert dut se faire avec, ou à partir d'un ensemble déjà existant. Robert donne différents biens et forêts, dote de privilèges en 1032 et y fait déposer en 1034 des reliques léguées par le patriarche de Jérusalem.

 

Entre 1040 et 1070, les moines bénédictins défrichent autour du site la forêt de Cerisy qui fournit le bois et la charpente nécessaires à la construction voulue par le fils de Robert, Guillaume de Normandie, d'une grande abbatiale à l'image de l'église Saint-Étienne de Caen, bâtie sur un plan bénédictin traditionnel de la Normandie ducale, dans une architecture romane en pierre de Caen. Les travaux auraient débuté selon Philippe Gavet par l'édification de l'abside à trois niveaux d'arcatures entre 1068 et 1072, formant le chevet. Devenu roi d'Angleterre, Guillaume exportera cet art roman normand d'architecture, que certains qualifient d'anglo-normand. Des convois de pierre de Caen y seront acheminés.

 

Saint Vigor

 
         
 

En 1048, Guillaume fait don à l'abbaye d'un os du bras droit de saint Vigor. Mais ce n'était probablement pas l'abbaye telle que nous la connaissons. On suppose que les travaux d'édification des sept travées de la nef furent entrepris durant les deux dernières décennies du XIe siècle ; quant à l'abside, le tracé de ses fondations daterait de 1089. Guillaume fera de nombreux autres dons à l'abbaye, et la reliera à la juridiction de Rome. La construction de l'église romane telle qu'elle subsiste aujourd'hui ne fut donc pas entreprise au temps de Robert le Magnifique, mais en celui de Guillaume, et terminée après sa mort. Elle est donc en partie contemporaine de l'abbaye aux Hommes fondée par ce dernier à Caen.

 

XIIeme XVIIIeme

 

Au XIIe siècle, Cerisy étend ses pouvoirs sur les anciennes abbayes mérovingiennes de Deux-Jumeaux et Saint-Fromond et fonde des prieurés à Saint-Marcouf, Barnavast et Vauville. À cette époque, une dévotion commune à la cause de l'Église romaine soude les Normands d'Angleterre, de France, d'Italie méridionale et de Grèce. Partout, leur efficacité militaire s'affirme, ainsi que leur talent pour la construction. L'architecture religieuse connaît alors sa période la plus brillante. En 1178, le pape Alexandre III confirme par une bulle particulière, les privilèges de l'abbaye de Cerisy qui atteint l'apogée de sa gloire au cours de la fin du XIIe siècle.

 

Cerisy est un bourg important à cette époque. L'abbaye comportera jusqu'à quarante-huit paroisses et huit prieurés dont deux en Angleterre (Sherborne et Peterborough). Tout en dépendant du Saint-Siège, Cerisy entretient d'étroites relations avec les monastères du Mont-Saint-Michel, de Saint-Ouen, de Jumièges, du Bec-Hellouin, de Fécamp et bien entendu de Caen.

 

En 1337, les rivalités dynastiques entre les Valois et les rois d’Angleterre vont précipiter le pays dans la guerre de Cent Ans qui va plonger le pays dans la misère, encore aggravées par des épidémies de peste. L’abbaye est fortifiée et une garnison s’y installe. En 1418, Richard de Silly, chevalier et capitaine de l’abbaye, se voit contraint de céder l’abbaye au roi d’Angleterre. Après la victoire du connétable de Richemont sur les Anglais à Formigny en 1450, la Normandie revient définitivement au royaume de France.

 

Suite au concordat de Bologne de 1516, l'abbaye est mise en commende. Comme toutes les abbayes du royaume, cela signifie que l'abbé n'est plus nommé par la communauté des moines, qu'il peut être un laïc, et obtient les bénéfices des revenus de l'abbaye tandis que le pouvoir spirituel est confié à un prieur. Son administration est parfois confiée à une personne nommée à l'extérieur de la communauté. C'est la fin de son indépendance. L'abbaye décline jusqu'à la mort de l'ultime abbé commendataire, Paul d'Albert de Luynes, archevêque de Sens, en 1788.

 
 

 

 
 

Abbaye de Cerisy-la-Forêt, collection CPA LPM 1900

 
         
 

Époque contemporaine

 

L'abbaye, qui demeure la plus riche du Cotentin, tombe alors en régale avant que les six derniers moines et leur prieur la quittent, chassés comme ailleurs par la Révolution. L'église et les bâtiments conventuels deviennent biens nationaux. Quatre ans plus tard, la plupart des bâtiments monastiques sont vendus à un artificier qui les démolit puis vend les pierres pour la construction de routes et de maisons. Les terres sont également vendues. Par la suite, ce qui reste des bâtiments conventuels (dont la chapelle Saint-Gerbold) va être vendu à la ferme de l'abbaye, ce qui permettra leur sauvegarde.

 

En 1811, jugeant sans doute l'église trop grande et surtout trop lourde d'entretien (le tonnerre venait de tomber sur la tour causant d'importants dégâts), et malgré l'opposition formelle du curé, le conseil de fabrique (groupe de clercs ou de laïcs chargé de l'administration financière d'une église), décide d'abattre les quatre premières travées romanes et la

 
 

travée gothique ajoutée au XIIIe siècle, qui avaient déjà été ébranlées par un tremblement de terre en 1775, ainsi que le porche gothique. Les matériaux sont vendus pour payer les réparations nécessaires à la partie restante.

 

Située dans le diocèse de Bayeux depuis sa fondation, l'abbaye est rattachée au diocèse de Coutances avec la création du département de la Manche, et l'église devient paroissiale. Depuis le XVIIIe siècle, l'abbatiale est divisée par une cloison permettant aux paroissiens et aux moines de célébrer la messe sans se croiser. En 1811, les cinq premières travées, anciennement réservées aux paroissiens sont détruites comme la façade gothique à trois portails datant du XIIIe siècle, laissant comme nouvelle façade, la cloison aveugle. L'église est classée parmi la première liste des monuments historiques français en 1840, et des restaurations sont entreprises à partir de 1880. Le reste de l'abbaye est classé le 17 octobre 1938. En 1964, de nouveaux travaux de restauration sont entrepris.

 
 
         
  Eglise Saint-Vigor

 

L'édifice est majoritairement de style roman mais quelques parties remaniées présentent un style gothique. L'ensemble des bâtiments se réduit aujourd'hui à l'église abbatiale, à la chapelle Saint-Gerbold et à quelques bâtiments agricoles. C'est un ensemble hétérogène de style roman de la fin du second quart ou du début du troisième quart du XIe siècle et de style gothique du XIIIe siècle qui témoigne de la façon de construire des Normands.

 
         
 

L'abside

 

Elle comporte trois étages de fenêtres, cette disposition est unique au monde dans l'art roman. L'abside a été renforcée au XIVe siècle par de larges contreforts suite à l'effondrement de sa voûte. De chaque côté du toit de l'abside un pignon et des clochetons du XIVe siècle. La ligne de faîtage sortant curieusement d'une baie bouchée sur le pignon haut du chœur indique probablement qu'il y a eu des aménagements. Les parties hautes conservent leur baies d'origine ainsi qu'une série de gargouilles et modillons romans.


Le chœur

 

Sans déambulatoire, il comporte deux travées droites terminées par une abside profonde. Le vaisseau central communique par des portes avec les deux collatéraux voûtés d'arêtes qui se terminent par de courtes absidioles formant un chevet plat à l'extérieur.

 

Au XIVe siècle une voûte d'ogive en pierre était présente mais, elle fut retirée dans les années 1960 pour restituer l'aspect roman d'origine. Elle fut remplacée par un plafond plat charpenté plus traditionnel. Le chœur possède quarante stalles gothiques réalisées en 1400, elles sont les plus anciennes de Normandie.

 

La nef

 

Sept travées en plein cintre furent construite entre 1035 et 1087 mais, les cinq premières travées furent démolies au XVIIIe siècle. L'élévation de la nef est à trois niveaux : le premier niveau comporte de grandes arcades retombant sur des piles cruciformes, le deuxième niveau possède des tribunes ouvrant sur la nef par des baies géminées et le troisième niveau des fenêtres hautes avec une galerie de circulation dans l'épaisseur du mur.

 

Le clocher

 

Jusqu'au XVIIIe siècle une tour-lanterne était plus haute de 10 ou 20 mètres. Le troisième étage a été refait au XVIIIe siècle et la flèche au XIXe siècle. Les deux niveaux inférieurs sont romans. Le second niveau comprend sept arcades aveugles par côté, dont les deux attenantes à la fine arcade centrale étaient autrefois ouvertes.

 

Le cloître

 

Autrefois, un cloître de trente-cinq mètres sur trente, comprenant deux cents colonnes, était enserré sur la largeur de l'abbatiale, entre les troistravées restantes et le réfectoire (disparu) et, sur sa longueur, entre le transept sud et les bâtiments des moines (ces derniers également disparus). Aujourd'hui encore, on peut apercevoir quelques fondations de certaines colonnes.

 

 

 

 

 

Plan

 

 


 

On voit sur cette gravure l'ancienne voûte d'ogive du chœur.

 

 
     
 

L'Abbaye photo 2009

 
         
 
 
         
   
  CERISY-LA-FORET
  CC 23.02 SAINT-LÔ AGGLO
   
  DAVID, DIT LA TERREUR
         
 

 

CPA collection LPM 1900

 
         
 

David la terreur, né à Cerisy-la-Forêt en 1761 et mort à Caen en 1796, est un des plus célèbres chefs de bande de chauffeurs qui mettent à profit les désordres de la Révolution pour se livrer aux pires exactions sous le couvert de la chouannerie.

 

Avec deux de ses frères, il sème la terreur durant plusieurs mois en Basse-Normandie. On sonne le tocsin sur le passage de celui que tout le monde surnomme « David la Terreur ».À Pâques 1796, sa bande commet plusieurs massacres dans les environs de Bayeux. Après l’assassinat d’un prêtre, toute la bande est arrêtée quelque temps plus tard et passée par les armes à Caen.

 

DAVID, DIT LA TERREUR

 

A l’imitation des chouans de la rive droite de la Loire, des bandes de malfaiteurs s'organisèrent dans quelques cantons do la Basse-Normandie, et sous le nom de chauffeurs, s'acquirent une triste célébrité. Parmi les chouans de cette sorte, David se rendit redoutable sous le surnom de La Terreur qu'il se donna. Né à Cerisy-la-Forêt, vers 1761, de Henri David, maréchal, et de Madeleine Gardin, La Terreur se mit à la tête de quelques vagabonds, au nombre desquels étaient deux de mes frères, dont l’un, Jean, né le 4 avril 1763, se faisait appeler l’Intrépide. Balleroy, Planquery , La Bazoque, Litteau furent d'abord le théâtre de ses incursions nocturnes. Mais, voyant sa troupe s'augmenter de gens sans aveu, il voulut rendre le jour témoin de ses brigandages et de ses assassinats. Les communes qu'il traversait étaient frappées de stupeur et d'épouvante. Dans la quinzaine de Pâques 1796, les chouans, commandés par David, se montrèrent aux environs de Bayeux; maïs ils ne tentèrent pas d'entrer dans la ville. Ils venaient d'Aunay, où ils étaient en force, et arrivèrent, le samedi saint â Nouant. Là, ils massacrent un meunier qu'ils laissent pour mort, avec un écriteau, signé La Terreur, qui défendait d’y toucher, sous peine de mort. Mais le meunier n'était qu'évanoui ; il guérit des blessures qu'il avait reçues. De Nouant, les chouans allèrent à Ellon, où ils ne firent aucun mal. Seulement s'étant arrêtés pour se reposer chez un cultivateur, nommé Barbey, ils lui prirent des chevaux et des jambons. D'Èllon, ils s'avancèrent, pendant la nuit du samedi au dimanche de Pâques, jusqu'à la grande route de Bayeux â Saint-Lô, et se logèrent à Vaubadon, dans un cabaret Isolé, où ils passèrent un jour et deux nuits. On découvrit bientôt leur retraite, et un détachement de la 14eme demi-brigade, qui stationnait à Vaubadon, les attaqua le lundi matin ; mais l’officier qui les commandait approcha sans précaution avec les siens : il fut obligé de se retirer avec un homme tué et deux blessés. Les chouans, retranchés dans l'intérieur de la maison, tiraient à coup sûr par les fenêtres et ne pouvaient être atteints. Cependant, quoique vainqueurs, ils ne se crurent pas en sûreté à Vaubadon. A travers les bois, ils gagnèrent le Tronquay. Arrivés là, ils entrent dans l'église et y trouvent un homme qu'ils cherchaient depuis longtemps : c'était l'abbé Hébert, ancien curé constitutionnel d'Acqueviile , près de Falaise : il venait de dire la messe et était encore revêtu de ses habits sacerdotaux ; ils le traînent dans le cimetière et le fusillait. A la nouvelle de ce meurtre, les communes voisines se soulèvent : partout on sonne le tocsin. Alors les chouans voulant gagner la forêt de Cerisy par des chemins détournés, se mettent en fuite vers Littry. Les habitants de Litlry s'arment, et, réunis au détachement de Vaubadon, atteignent les fuyards et tirent sur eux. Ceux-ci ripostent et parviennent à se soustraire à la poursuite de leurs ennemis en s'enfonçant dans la forêt. Epuisés de faim et de fatigues, les chouans sont fortes de s'arrêter un instant ; ils mangent à la hâte les jambons pris à Ellon. Toutefois ils abandonnent leurs chevaux, et arrivent enfin à Lamberville, où ils trouvent un refuge dans une ferme appartenant au seigneur du lieu, et occupée par un nommé Le Haguais. La mère du fermier ne voit pas sans effroi de pareils hôtes chez son QIs : elle fait avertir secrètement le Commissaire du Gouvernement près le canton de Caumont. Celui-ci accourt avec un détachement de la ii^ demi-brigade. L'officier c^rne si bien la Aiaison que les chouans, voyant toutes les issues fermées et désespérant de pouvoir sortir, capitulent et se rendent, à condition qu'ils seront traités comme prisonniers de guerre.

 

Cependant un des frères de La Terreur, Jean, dit l’lntrépide, parvint à se sauver sous l’habit d'un valet de ferme, en prenant un cheval à l'écurie, sous le prétexte de l’abreuver. Ayant su que c'était la mère Le Haguais qui les avait livrés, il revint quelque temps après à Lamberville et tua cette femme pour venger sou frère et ses camarades. Ceux-ci, au nombre de vingt, furent amenés à Bayeux, et conduits devant le général Barbazan qui commandait dans la ville et l'arrondissement. En vain réclamèrent-ils l'espèce de capitulation qu'ils avaient faite à Lamberville : on leur répondit qu'ils n'étaient que des brigands et qu'on les traiterait comme tels. Ils furent jetés en prison, excepté deux qui étant blessés, furent mis à l'hôpital. L'un, Ameline, meunier à Hambye, parvint à s'échapper, et l'autre, Lamy, de Crépon, après -sa guérisou, fut envoyé à Caen et guillotiné.

 

On ne tarda pas à juger les autres. On établit, à cet effet, une Commission militaire qui d'abord en fit fusiller trois, La Terreur, un de ses frères, et Collin, chirurgien à Saint-Germain-d'Ectot. Huit jours après, quinze autres subirent le même sort, les uns sur la place Saint-Patrice, les autres sur les boulevards, avril 1796.

 

V.-E. PlLLET.