SAINT-LO-D'OURVILLE
  CC 12.12 CÔTES DES ILES
   
  PÊCHERIE DE SAINT-LO-D'OURVILLE 2/2
     
 

La pêcherie de Saint-Lô-d'Ourville

 Par Cyrille Billard   Conservateur du Patrimoine, D.R.A.C

Extrait


II-La pêcherie médiévale

 

Les vestiges d'une pêcherie médiévale reposaient dans une dépression d’au minimum 100 m de large, encaissée dans des formations estuariennes de type tangue. Cette dépression, très probablement un paléochenal du ruisseau du Pont aux Oeufs, affluent de la Grise, est colmatée presque exclusivement par du sable dunaire, accumulé sur près de 7 mètres d’épaisseur.

 

Il s'agit d'un barrage destiné à piéger le poisson remontant ou descendant la rivière (saumons, anguilles, mulets…) : probablement une pêcherie en forme de V de type gord. Une ouverture dans l'axe du cours d'eau a certainement permis de disposer des filets ou une nasse afin de récupérer le poisson.

 

Les bois et autres vestiges organiques ont remarquablement été préservés à la fois par un enfouissement rapide, et surtout par la présence constante de l’eau dans ce chenal : en effet, la base des bois est située à une altitude moyenne de 3,50 m NGF, soit sous le niveau de la rivière actuelle, soit également à un niveau fréquemment recouvert par les moyennes marées et les marées de vives eaux.

 

Dans la partie découverte, le barrage est constituée de 3 poutres de chêne mesurant 12 mètres de longueur chacune, barrant l’ancien chenal.Ces poutres mises bout à bout étaient calées tous les 3 mètres par des pieux verticaux en chêne et des blocs de pierre.

 

Cliché S.R.A. de Basse-Normandie.


Cliché S.R.A. de Basse-Normandie.

   

Dans la partie sud, manque probablement la première poutre partant de la berge.

 

La base de l’installation est constituée d’un merlon que l’on suit sur un axe rectiligne d’environ 45 m. On trouve dans ce merlon des blocs de roches locales (schiste, quartz…), aussi bien des galets que des blocs bruts non roulés.

     

Cliché S.R.A. de Basse-Normandie.

     

D'autres blocs sont brûlés, tandis que certains portent des traces de mortier de chaux. On trouve également quelques fragments de tuiles gallo-romaines ainsi qu’un bloc équarri de tuf. Il est donc probable qu’une partie au moins des blocs provienne du démantèlement d’un bâtiment plus ancien (gallo-romain ?).

 

Des blocs de tangue et des branches s’ajoutent aux blocs de pierre.

 

Au total, ce barrage a pu être observé sur un longueur de 35 m, près de 45 m si l’on prend en compte l’extension sud du merlon, où au minimum une poutre a été démantelée. L’installation a pu occuper la largeur totale du paléochenal qui n’est pas encore connue précisément, probablement près d’une centaine de mètres.

 

Ni l'alignement de poutre ni le merlon de pierre ne se prolongent vers l’est. Celui-ci a été très certainement démantelé par le courant.

 

Des trous ont été creusés à la cuillère sur la partie supérieure des troncs, de manière à y installer de grands piquets qui servaient à supporter des entrelacs de branches de noisetier et de genêt.

 

 

Document S.R.A. de Basse-Normandie.


 La hauteur de l’installation dépassait un mètre comme en témoigne la hauteur conservée d’un des pieux verticaux de la poutre n°1, mais le caractère imposant de l’installation peut laisser présager d’une hauteur pouvant dépasser 2 m.

 

Document S.R.A. de Basse-Normandie.Panneaux de clayonnage

 

Dès les premières découvertes, un échantillon de pieu vertical du tronc n°1 a été daté par la méthode du Carbone 14. Le résultat est : [890 – 999] après JC. Les datations dendrochronologiques sont plus fines et permettent de situer la construction de la pêcherie en 978