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WIKIPEDIA CC-BY-SA 3.0 Mémoires et observations sur la fabrique de sel blanc dans le salines du havre de Lessay, élection de Coutances en basse Normandie, pour faire connaître l’injustice la nouvelle régie qu’on s’efforce d’établir pour la perception du quart de bouillon ordonné par l’art 11 du titre X de l’ordonnance de 1680, A Coutances, 1754, Fauvel, publié dans Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, T. 51, 1948-1951, p.361
Histoire du document
C’est grâce au travail d’un historien de la société des antiquaires de Normandie, qu’il est aujourd’hui possible de consulter le factum des sauniers protestants de saint-germain-sur-ay. Il en consigne par écrit une copie. L’originale brule durant les bombardements de juin 1944, tandis que la copie est sauvée in-extremis des décombres par son propriétaire. Cette copie comporte plusieurs lacunes. La partie mentionnant le détail des exigences des plaignants a disparu, tandis que le reste du document a conservé la majeure partie de sa matière, malgré quelques lignes effacées par la boue. Ainsi, le document nous livre en détail les différentes étapes du façonnage du sel blanc dans le havre de saint-germain-sur-ay.
L’économie du sel autour de saint-germain
Le sel blanc reste plus difficile à obtenir que le sel gris. Autour du seul havre de saint-germain, la production nécessite l’intervention de 2375 personnes. 300 personnes restaient durant toute la saison qui s’étendait de mai à septembre. 75 employés, appelés les « boidrots » interviennent à la fin de la production pour tirer du sablon le sel blanc. Ces ouvriers qualifiés étaient employés en fonction des besoins sur la côté des havres. 2000 personnes composées d’individus extérieurs à la paroisse étaient chargés d’apporter des voitures de tangues en début de production. Ils étaient employés en fin de production à la coupe, au fagotage puis au transport du bois pour alimenter les fournaises sous les marmites en plomb. | ||||||||||
Marée montante dans le Havre de Saint Germain sur Ay, Photo JB 8H00 | ||||||||||
Les différentes étapes du façonnage du sel blanc et son coût
L’amendement des salines
Les sauniers rapportent des charrettes de tangues sur les salines. Cette opération permet d’enrichir les terres, et de niveler son niveau en rebouchant les cavités creusées par la mer. Avant les grandes marées, les sauniers retournent leurs parcelles de terre à l’aide de charrues tractées par des bœufs ou des chevaux. Le coût pour le saunier s’élève à deux ruches de sel
Le hersage
Afin d’uniformiser la pénétration de l’eau de mer après chaque marnage, les salines doivent être hersées. Au milieu de la saison, durant la période de morte eau, les salines s’échauffent et sèchent. Les salines sont de nouveau hersées. Le coût pour chaque journée de hersage s’élève à 45 sols . Le « havelage »
Lorsque le sablon s’est bien chargé de sel. Le saunier fait intervenir sur ses terres le « havet » ou « haveau ». Il s’agit d’une planche longue de six pieds renforcée par une bande de fer. Deux manches permettent d’en diriger la direction, tandis qu’un cheval en tracte la masse. C’est le poids de l’homme qui permet de ratisser la saline. L’opération permet de rassembler le sablon en petit tas qui vont se dessécher au soleil. Le coût s’élève à 40 sols, et peut monter à deux livres en cas d’intempéries.
Le filtrage des sablons par les « boidrots »
Une fois sécher le sablon est levé à l’aide de deux tombereaux tirés par quatre bœufs. Le sablon est alors entreposé dans un lieu réservé. Le coût de cette opération s’élève à 45 sols par jour, plus 54 sols pour l’aide de trois chargeurs. Une fois fait, deux « boidrots » par salines interviennent. Ils mettent en place un assemblage temporaire visant recueillir l’eau salée des sablons. Pour cela, ils creusent des fosses rondes en masse d’argiles dont le fonds est composé de planches juxtaposées recouvertes de glud de froment pour affiner le filtrage. Le sablon est renversé dans ses fosses. L’eau se filtre aux gouttes à gouttes au travers du plancher. Elle est alors dirigée par de petits canaux dans des tonneaux. L’eau salée est obtenue ainsi. Le coût de cette opération s'élève à 72 sols.
L’évaporation de l’eau salée sur les fournaises
Une fois l’eau salée obtenue. Les « boidrots » entreposent quatre marmites en plomb dans lesquelles ils déversent l’eau salée. Sous ces marmites, les « boidrots » entretiennent quatre fournaises jour et nuit. L’eau bouillonne puis s’évapore pour ne laisser que le sel blanc. Les « boidrots » doivent être trois pour cette opération, et coûtent au saunier 36 sols par jour. De plus, pour entretenir la fournaise, le saunier dépense un cent de fagot par jour, soit neuf livres. Une fois formé le sel est retiré des marmites, puis il est entreposé contre les feux et au soleil où il a va prendre sa couleur et sa consistance.
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Marée montante dans le Havre de Saint Germain sur Ay, Photo JB 8H30 | ||||||||||