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LEGENDES EN MANCHE
La légende des oies de Pirou : chateau-pirou.org/Legende L'on peut se demander pourquoi un tel château fort dans un pays plat, alors que d'ordinaire les barons du Moyen Age choisissaient de préférence des escarpements naturels pour construire leurs donjons.
Si l'on a, au prix d'un tel déploiement de douves et de retranchements, fondé cette forteresse redoutable, au milieu des mielles, c'est que précisément elle était indispensable pour protéger un havre formé par un cordon littoral, qui constituait un mouillage naturel fort intéressant pour des vaisseaux d'un faible tirant d'eau, comme étaient, par exemple, les esnèques des Vikings du IXe siècle.
Le jugeant imprenable, ils renoncèrent à l'enlever d'assaut et, pour le réduire par la famine, ils en entreprirent le blocus.
Ils ne trouvèrent qu'un vieillard grabataire auquel ils promirent la vie sauve s'il leur disait ce qu'étaient devenus le Sire de Pirou, sa famille et sa garnison. Le vieillard leur expliqua alors qu'à l'aide d'un grimoire le Seigneur et toute sa maison s'étaient changés en oies sauvages pour échapper à leurs assaillants.
Les Normands se rappelèrent en effet qu'ils avaient vu, la veille, au lever du jour, une quantité d'oies cendrées prendre leur essor au-dessus des remparts.
On sait que, dans les vieilles traditions populaires de Normandie, le sorcier qui s'est changé en bête doit, pour reprendre sa forme humaine, "délire", c'est-à-dire lire à rebours, la formule qui lui a servi à se "goubliner".
Le Grand Dictionnaire Historique de Moréri (XVIIIe siècle), après avoir raconté la légende en citant les Mélanges d'Histoire et de Littérature de Vigneul-Marville (1699), ajoute: "Voilà le merveilleux, mais ce que l'on peut dire de certain c'est que dans la nuit du 1er mars, chaque année, des oies sauvages viennent reconnaître les nids que les habitants du château fort ne manquent pas de leur préparer au nombre de 18 ou 20, au pied des remparts, avec de la paille et du foin.
Quand tous les nids sont occupés, on en prépare encore 6 ou 7 autres au sommet des murailles, lesquels ne restent pas longtemps vides. Ces oies, dont on ne saurait s'approcher à moins de six cents pas qu'elles ne s'envolent, lors qu'elles sont dans les champs, cessant d'être sauvages "pour l'amour de leur hôte", lorsqu'elles sont au château, viennent manger le pain et l'avoine dans la main. Elles pondent en mars, couvent en avril, les petits éclosent en mai..."
Dans un exemplaire de l'édition de 1725, une note marginale portée en 1753 par Monsieur Ducanet dit ceci: "Depuis quelques années ces oyes ne paroissent plus, on est venu à bout de les détruire, à cause du grand dégât qu'elles faisoient dans les campagnes" ("campagnes" signifie au XVIIIe siècle: champs ouverts cultivés).
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