GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  CASINO DE GRANVILLE
         
 

Le casino de Granville 2010

 
         
 

Le Casino a cent ans...

Par Françoise Mouchel

 

A la fin du XIXe siècle, les bains de mer attirent une clientèle nombreuse, la ville étant reliée à Paris par le chemin de fer depuis 1870. Le Salon des Bains s’avère insuffisant, aussi la ville envisage-t-elle la construction d’un casino. Le Conseil municipal fait ainsi appel « aux apitalistes ». Georges Bonheur, d’origine liégeoise, directeur général de la filiale des Chemins de fer de la Manche, soumet à la Municipalité un projet « grandiose » : casino moderne, hôtel luxueux et villas.Il fonde la Société Hôtelière de Normandie - au capital de un million - avec des investisseurs parisiens, et signe un contrat avec la municipalité en 1910.

 

Frank Jay Gould, richissime homme d’affaires américain, venu en France pour valoriser des lieux de villégiature, est déterminé à faire de Granville « la Monaco du Nord ». Il sera le commanditaire du Casino et de l’hôtel palace le Normandy. L’architecte Auguste Bluysen est désigné. Il présente deux projets : celui d’un casino massif et d’un hôtel luxueux est abandonné, le second, un bâtiment allongé, est retenu. Le Casino sera édifié sur l’emplacement du Salon des Bains, dont les bâtiments de bois démontables, comme l’exigeait le génie, seront vendus.

 
         
 
 
 

Entrée au  Salon des Bains construit en 1860, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Le Salon des Bains construit en 1860, CPA collection LPM 1900

 
     
 

La passerelle sera démontée. Le Casino construit est de style anglo-normand, dominé par le Roc et la Haute Ville. Sa longue silhouette est ponctuée de deux campaniles, éclairée de larges baies et s’inscrit harmonieusement dans le paysage. Le souci de ne pas « gâter » le magnifique tableau au milieu duquel l’architecte allait planter son oeuvre – ce souci des architectes balnéaires et des villes d’eaux qu’évoque Anatole de Baudot – est celui d’Auguste Bluysen.

 
     
 

La passerelle de l’ancien casino, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Bow-windows, rotondes agrandissant l’espace, faisant pénétrer la lumière et permettant de jouir du paysage, sont des éléments caractéristiques de son architecture. Une salle de théâtre pilote de 400 places, un restaurant, deux salles de jeux, baccarat, salons de musique et de lecture : « Rien n’a été négligé pour faire du casino un établissement hors ligne ». L’entrée principale s’ouvre sur un coquet jardin, face au Plat Gousset.

 

Le Casino est inauguré le 15 juillet 1911 à 14h30 par Monsieur Pams, Ministre de l’Agriculture.

 

En 1924, la Société Hôtelière de Normandie (SHN), devenue Société Immobilière et Hôtelière de Normandie (SIHN), propose à la municipalité de modifier la distribution des pièces du Casino afin d’attirer une clientèle plus nombreuse et plus riche. La ville accepte alors ce qui ne peut qu’accroître sa prospérité. Un hall est installé, l’entrée fait face à la nouvelle ouverture pratiquée dans les rochers du moulin à vent, le Plat Gousset est prolongé de 100 mètres, des cabines y sont placées.

 

En cette année de centenaire, le Casino, fleuron de la station, est toujours là, contrairement à nombre d’autres casinos disparus ou remplacés par des casinos modernes, tels ceux de Saint-Malo, Dieppe, Paramé et Coutainville ; son théâtre, devenu salle de spectacles et de congrès L’Archipel en 2001, lui a redonné son rôle phare dans la ville. Comme en 1911, « Sur la terrasse immense, il est particulièrement délicieux de prendre le frais, le soir, après dîner, lorsque la mer y vient battre ».

 
     
 

Le casino de Granville vers 1920, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Le casino de Granville vers 1920, CPA collection LPM 1900