PONTS-SOUS-AVRANCHES
  CC 03.09 AVRANCHES - MONT-SAINT-MICHEL
   
  HISTOIRE
         
 

Ponts sous Avranches CPA collection LPM 1900

 
         
 

Aranchin Monumental & archéologique

Edouard Lehéricher 1865


Roibertus de Abr'mcis trûdidit omncm df

cimam $uam de Pont, et deeimam trtum

vavassorttm de Fohnuchunz , et deeimam

cujusdam modietarie quam apud Cavigneium possidcbai,

 (Charte do 1 129. Cartutairû du Mont Saini-Michet. )

 

Le village de Ponts est entouré d'eaux de tous côtés: son église est bâtie au confluent de la Sée et de la rivière combinée de Plomb et de Chavoy. Les limites naturelles ne manquaient pas ; cependant c'est du côté même de ces eaux que l'on a tracé une ligne de convention qui met l'église et le village en -dehors de la commune. La Sée formait entre Ponts et Avranches une barrière infranchissable, mais la cité a passé par-dessus la rivière, dans son avidité fiscale, et a planté de l'autre côté la borne de l'octroi. Aussi la limite méridionale de cette commune est-elle tracée contre toutes les lois topographiques. Les autres faces, à part le sud-est et l'est, sont aussi irrégulières , et nous ne croyons pas qu'il y ait beaucoup de communes aussi mal dessinées. Assurément la géométrie n'a pas de figure qui puisse être l'expression de ce plan que découpa sans doute quelque arpenteur après boire. La Sec au sud, la Sée à l'est avec le cours d'eau séparatif de Tirepied, la route de la Haye à l'ouest , la rivière de Chavoy et de Plomb au nord, telles étaient peut-être les lignes rationnelles: ce finage aurait eu encore l'avantage de régulariser à la fois cinq communes : Avranchcs , Saint-Jean-àVla-IJaize , Ponts , Plomb et Chavoy.

 

La Sée, nom celtique qui signifie rivière, est traduite et orthographiée bien diversement dans les Mss. et les auteurs: le Cartulaire du Mont Saint-Michel l'appelle Seva et Scgia; le chapelain et le poète de Philippe-Auguste, G. Le Breton , l'appelle aussi Seva , Robert Cenalis écrit Sœa , Samson écrit Sès, Templpuse écrit Seuf, les Rôles de  Echiquier Seia, etc.

 

Le nom de Ponts, Pontes, dérive des ponts qui se trouvent l'un sur la Sée, le Pont Saint-Philibert, l'autre, le Pont Saint-Etienne, sur la rivière combinée de Plomb et de Chavoy. Il y en a encore un troisième sur la route de Villedieu, entre le village de Ponts et le Bourg-Robert, le Pont De Dette. Plus que jamais ce village mérite son nom, car sur la route récente de la Ilaye-Pcsncl, à quelques pas des dernières maisons, on a jeté trois ou quatre ponts. L'ancien pont de la Sée était en moellon, avec sept arches , déviant de l'axe de la route suivant un usage assez constant: on en voyait encore récemment les piles. Cette quantité de ponts indique assez la nature du sol. Le village est placé sur les bords de deux rivières et sur un sol humide; en outre le ruisseau du Noyer afflue à la Sée près du pont, ainsi que celui de la Menardière. La commune est sillonnée par le milieu et dans sa longueur par la rivière de Plomb et de Chavoy, vallée aux pentes molles que côtoie la route royale. Réunies à leur entrée sur son territoire, elles se séparent pour couler parallèlement punissent, se séparent, et s' unissent encore.

 

Le cimetière est baigné par la rivière de Plomb et Chavoy, et par la Sée. L'église affecte la disposition en croix, mais l'extrémité n'est pas proportionnée avec les transepts, comme si le chœur avait été diminué. Sous le chevet même est le pont généralement appelé Pont Saint -Etienne, du patron de la paroisse; le pont de la Sée est appelé par Adrien de Valois Pons sancti Philiberti, « qui est ad pedem montis Abrincatarum undè et à plerisque fltwius dicitur urbem Abrincatas prwtertabi et Gtlùtgere 

 

L'église porte l'empreinte de plusieurs époques.

 

Le grand appareil qui forme comme le soubassement du chœur et des transepts, de beaux chapiteaux épars, deux au portail, deux servant de banc au seuil d'une maison d'un village voisin, dit Bourg-Robert, une table d'autel en granit, représentent l'époque romane et l'édiûce qui fut élevé là dans la période normande. Un des chapiteaux est ciselé de la dent de loup et du cœur de cette époque.

 

Au XVeme siècle se rapportent les deux transepts, dont l'un a conservé quelques fragmens de vitrail peint. A peu près a cette époque a été sculplé un bas-relief en calcaire de Caen qui représente dans ses quatre compartimens quatre scènesde la k de saint Etienne le patron. C'est bien la sculpture de cette époque avec sa naïveté et ses anachronismes. Ce bas- relief , encastré dans le mur oriental , placé à la hauteur de l'ancien autel, se trouve maintenant caché dans la boiserie de l'autel moderne. Un fait peu commun dans nos petites églises rurales se présente à Ponts : une fenêtre dan» la face orientale de chacun des transepts.

 

La fin du XVIeme siècle a vu bâtir le portail : c'est nn cintre encadré dans un cordon qui se dessine en une pure accolade encadrée elle-même dans une arcature prismatique. Une inscription en élégants caractères gothiques est gravée au- dessus , près d'une rosace aux cercles de fer concentriques , remplie par des vitraux monochromes modernes. On lit , avec les caractères P. R. E. , la date de 1565 : le reste, rongé par les lichens, est d'une lecture très-difficile. Cette même époque a bâti le petit portail du nord, pièce intéressante et rare, formant , avec une porte latérale de l'église abbatiale du Mont Saint-Michel, toute la richesse de l'arrondissement en architecture de la Renaissance. Son fronton carré , aujourd'hui vide , a dû renfermer quelques morceaux de sculpture.

 

La date de la tour , 1621 , est cachée dans le fond d'un bénitier : cette tour est une masse lourde , carrée , avec des ouïes barrées, découpée au sommet par une balustrade, comme ses voisines de Saint-Jean , de Marcey, du Val-Saint-Père, et surmontée d'nn toit cunéiforme avec une lanterne. Sa construction fut signalée par la chute et la mort de l'architecte.

 

Ces barres , qui se répandirent dans l'architecture civile vers le temps de Henri IV, nous ont donné le nom de croisés. Les archéologues aûglais les appellent trantomi.

 

La nef a été faite en 1708 et 1710 par P. de Montïeon. Elle a des fenêtres en anse de panier, comme toutes les constructions de cette époqne. A ce siècle se rapporte l'autel lourd, fastueux, entablement pesant porté sur des colonnes torses , le tout brillanté de dorures. C'est, dit-on , celui de l'abbaye de Montmorel. La boiserie des stalles ne manque pas de mérite : c'est celle de l'église de Notre-Dame-des-Champs. Les accoudoirs se terminent par des têtes de dogues appuyées sur des volutes végétales. Le dossier est travaillé assez délicatement : la frise *st taillée à jour ; le montant de chaque stalle est sculpté de inascarons qui tirent la langue.

 

Les pierres tombales sont assez nombreuses dans cette église: il y en a une de 1590. La croix du cimetière n'est pas ancienne; sur le mur du cimetière est une table percée de trois trous : «'était une triple croix, qui semble avoir appartenu à l'époque romane. Les statuettes qui sont dans les lancettes du chevet appartiennent à l'époque gothique.

 

Le bas-relief nous semble mériter une description, et parce •qu'il est caché aux regards , et parce qu'il porte le cachet de l'art de son temps.

 

Derrière la boiserie de l'autel du chœur , encastré dans le mur à la hauteur du tabernacle de l'autel primitif, est un bas- relief en pierre de Caen , pulvérisé par le temps et l'humidité. Plusieurs figures ont été mutilées , et la frise a disparu presque tout entière. Cette sculpture du xvr siècle a été peinte , et imelques teintes d'or ont survécu. Elle représente , dans un ordre peu rationnel et peu historique , quatre scènes de la vie de saint Etienne : c'est la traduction de sa vie telle qu'elle est dans les Actes des Apôtres. Le saint a une physionomie ex- pressive : c'est une tête jeune et douce , avec la chevelure cléricale ; il porte le manipule du diacre et la robe aux longs plis. Le premier compartiment représente l'imposition des mains des apôtres sur saint Etienne. Le deuxième représente «ri tombeàii , avec un homme étendu sur son couvercle, comme <mles grandes sépulture du Moyeti-Age : du corps de cet

homme sort, enveloppé dans des langes, un petit homme image de l'âme, que reçoivent deux anges : c'est l'apothéose du saint. Le troisième montre saint Etienne devant Calphe , lorsqu'il blasphème contre la loi ancienne : il tient un livre, symbole de sa science et de son éloquence. Le dernier repré- sente la lapidation : Saul tient les vêtcmens des lapidateurs. Ce bas-relief , mieux sculpté que celui de Saint-Saturnin , spécimen d'une sculpture naïve dans ses formes el ses costumes, mériterait de voir le jour ; mais son état de vétusté s'y oppose. Sous d'autres autels se voient encore des débris d'ancienne sculpture, entre autres un saint Mamraez , soute nant ses entrailles , trop vrai pour être exposé aux regards.

 

Le cimetière se trouve dans l'angle formé par la jonction de la rivière de Plomb et la Sée. Celte dernière rivière , peu pro- fonde à cet endroit , se couvre des tiges chevelues , peignées et b'ssées par le courant, de grenouillettes et de potamots , que le poète qui a personnifié nos rivières, Jean de Vitel , eût appelées la verte et ondoyante chevelure de la nymphe de la Sée .

 

En 1648, l'église de Saint-Etienne-de-Ponts appartenait au scholastique de la cathédrale, et rendait 100 liv. 8 En 1698, la cure de Ponts valait 1100 liv. Outre le curé , il y avait huit prêtres. La taille était de 765 liv., et le nombre des taillables de 160. Le seul gentilhomme de la paroisse était Fr. de La Piganière. En 1763, Ponts, chef-lieu de la sergenterie de ce nom , renfermait 120 feux 5 . Cette paroisse faisait partie de l'archidiaconé de la Chrétienté , avec toutes les paroisses qui rayonnent autour d'Avranches*. Le pont principal de cette paroisse était sujet à de grandes réparations pour le compte du roi a , qui, outre Avranches, avait plusieurs possessions dans le voisinage, les Moulins-le-Roy, les Moulins-de-Ponts, le droit de pêche à Ponts, etc., pour lesquels l'évêque d' Avranches lui devait hommage :

« Je possède, disait Robert Cenacs en 1550 les moulins de Ponts et droit de pescherie au dessus et au des- soubz. » Ponts avait deux foires importantes dont la dîme appartenait au Chapitre de la cathédrale . Les évêques et les abbés du Mont Saint-Michel avaient échangé des franchises pour les hommes de leur territoire respectif, en souvenir de saint Aubert , dans trois localités qui leur appartenaient. Un registre de l'Abbaye établit ainsi ces franchises :

 

« Les hommes mons. dAvrench de la ville de Pons du Val S. Pere et dAvrench resseans purement soubz levesq par an et par jour sont frans de vendre et dacheter es villes de Gênez du Mont Saint-Michel et dArdevon et aussi sont frans les hommes a labbe du Mont dArdevon et de Gênez es foires et es villes a levesque pour ce que mons saint Aubert donna lesdites villes quent il fonda le Mont . »

 

En 1305, un évêque d' Avranches , Geoffroy-le-Boucher, rendit une charte insérée dans le Livre Vert, qui , après un long préambule  concède au Chapitre plenariam factdtatem molendi blada sua ac faciendum panem pro Capituh in molendinis nostris de Pontibus. » En celte même année , Pierre de la Perine contracta la dette annuelle d'une gelxne de regart : « rccogneut Pierre de la Perigne de la proisse de Pontz , quil aveît vendu et deu tout en tout dcleissé à touz jourz à henorables hommes le deen et le Chapitre d*Avranches une geline de regart. »

 

L'église et la bourgade de Ponts étaient entre deux maladreries , celle de Saint-Nicolas , au pied du Tertre , sur la paroisse de Saint-Gervais-d'Avranches , et celle de la Madeleine sur le territoire de Ponts , entre cette paroisse et celle deTirepied. EUes dépendaient toutes deux de l'Hôtel -Dieu d'Avranches. 11 ne reste plus une seule pierre de la chapelle de la Madeleine : il n'en reste plus que le nom et le vague souvenir de quelques vieillards. Elle était au bord de la route de Tirepied, dans les champs de la Madeleine, où la charrue déterre des ossemens et des débris de pierres et de ciment. Un puits comblé , qui appartenait à cette maladrerie , renferme , dit-on , la cloche de la chapelle. Des fouilles ont été faites inutilement pour la retrouver ; mais le fermier actuel doit les reprendre. A quelque distance est un vieux puits abandonné , dont la margelle et l'orifice ont complètement disparu sous un réseau de ronces. Quelques pierres de la chapelle se retrouvent peut-être dans les murs d'une grange voisine , qui renferment aussi deux pierres sculptées d'une feuille. La Madeleine de Ponts est citée trois fois dans le Pouillé du Diocèse fait en 1640» :  La chapelle de la Madeleine ou Maladrerie de Ponts a pour patron le grand-aumônier de France et rend 100 lîv. — La maladrerie de Ponts , de fondation commune , rend 200 liv, et dépend de l'Evéque. — La maladrerie de la Madeleine d'Avrauches, de fondation royale , dont le patron est le grand-aumônier de France, rend 809 liv. » Ces assertions ne s'accordent pas sur ta fondation ni sur le patronage : pour le patronage elles se concilient, car du domaine de l'évêque cette maladrerie a pu passer dans le do- maine royal , puisque Louis xiv centralisa les établissemens charitables en s'immisçant dans leur administration. Ainsi en 1696 , Louis XIV unit a l'Hôtel-Dieu d'Avranches les biens et revenus des maladreries de la Madeleine de Ponts , de SainteCatherine de Bacilly a, de Saint-Biaise de Champeaux, l'Hôtel-Dieu de Sainte -Anne de Genêts. Quand M. Foucault dressa son utile Statistique de la Généralité de Caen , en 1698 , la chapelle de la Madeleine payait 100 liv. par an .

 

Quelques idées générales et locales sur les léproseries trouveront peut-être leur place ici.

 

Les maladreries ou léproseries étaient très -nombreuses au Moyen-Age , puisque Louis vin Gt des donations a deux mille ladreries de son royaume. Il y en avait encore quatorze au xvii e siècle dans le diocèse d'Avranches. Elles étaient pour la plupart sous l'invocation de sainte Madeleine : on les mettait généralement en-dehors des villes et dans des lieux écartés et bien aérés : ainsi pour le premier cas, la Madeleine de Ponts et la maladrerie de Saint-Nicolas au bas du Tertre, et pour le second la maladrerie de Saint-Blaisc sur la lande de Beuvais. On connaît les lois générales faites contre le lépreux, contre ce malheureux, objet de dégoût, séquestré de la société humaine ; on connaît sa crécelle qui avertit les passans de ne pas se mettre sous son vent, son bidon de bois, sa baguette qui désigne sans qu'il touche , son habit fermé qui le signale de loin. Un article d'une de ces lois fera comprendre toute l'horreur qu'inspirait le ladre. « Si tu craches sur la terre , tu couvriras ta salive de poussière ou tu l'effaceras avec ton pied. » Nous avons recherché si notre diocèse n'avait pas de lois ou d'instructions particulières contre les lépreux. Nous avons trouvé, dans un synode de Robert Cenalisde 1550, une section consacrée à ces malheureux 1 , qu'on appelait chez nous Mezeaux. Villedicu a sa rue des Mezeaux, comme il a sa ruelle au Mière (médecin). D'après ces statuts diocésains , « il est défendu de demeurer avec les lépreux — on doit leur donner des habits qui les distinguent — chaque curé doit avertir ses paroissiens de pourvoir à leur nécessaire , — ne quœ~ rendi victus Âabeant necessitatem. — Ils ne doivent entrer ni dans les églises , ni dans les marchés , ni dans les lieux fré- quentés. — On ne doit pas vendre aux personnes saines les porcs nourris dans les léproseries. — Les lépreux doivent comparaître par eux ou leur représentant, dans le cimetière , a l'issue de la messe pour recevoir les au môme s qui leur sont dues. »

 

Nous n'avons pas de données certaines sur l'origine de la maladrerie de Ponts ; celle d'Àvranches existait en 1180 : « Cames cestrùe red. leprosù de Abrincis XL sol » , selon le Grand Rôle de l'Echiquier

 

Les chartes du Mont Saint-Michel et celles de l'évéché citent assez souvent Ponts et quelques-unes de ses localités, le Champ-Saint-André , Gavigny  Folmuchon , Aubigny , la Piganière, les Mandons»

 

Le Livre Vert contient un cyrographum relatif à Maudon et à Folmuchon : « Noverint unwersi quod ego Rad. filium Laurencii éoncessi et dedi in perpetuam elemosinam capitula sù Andrée décimas quasdam quas habebam apud Maudum et opud Fomucon et apud mansum Moyer ea interposita condilione quod Mathias clericus eas tota vita sua haberet et redderet pro ei singulis armxs capitulo predicto xil <L mini- mes andeg. monete — Trium vavassorwn de Folmuchunz

 

A Ponts on peut rattacher les moulins de Malloué qui furent donnés solennellement au chapitre dans les assises d'Avranches (1237) , en présence de prélats et de seigneurs du pays , l'abbé du Mont Saint-Michel , celui de la Luzerne , l'archidiacre de Mortain , Rob. de Ruppclla , Henr. de Grudis, Rob. Grimault , Joh. de Muscha , G. de Bellovisu , Henr. de Ceaux : « Dédit et concessit G. de Abrincis canonicis Abrinc. , in puram et perpétuant etemosinam duo motendina quee possidebat et adquisiverat in valle de Maloe, quorum alterum dicitur nw- lendinum Lyber s et aliud dicitur molendinum de Plencha... dédit etiam omnes vineas... »

 

Cavigny et Folmuchon 3 sont désignés dans une charte très intéressante de 1129 , relative à la dîme de Ponts. Nous citerons les passages les plus empreiuts de ta couleur du temps et relatifs à ces beautés : elle commence par louer l'utilité des chartes :» Quoniam antiquorwn sollers providentia more instituit ut elemosine que eccliis Deo inspirante a quibuslibet fidelibus largiuntur sub testimonio cartarwnroborari et confimiari deberent memorie future successionis committere decrevimus donum et etemosinam quam in decimis suis huic ecclie beati archangli Michaelis Robtus de Abrincis consiiio cps. Turgcsi, Abrincarum et concessit tocius capituliSti Andrée et iicentia ac voluntate sue nobilissime conjugis nomine Hadvise et omnium amicorum suorum pro pio voto et ferventi désir derio feciu Tradidit itaqne in primis omnem decimam suam de Ponz... et decimam trium vavassorum de Folmuchunz... et decimam cujusdam meditarie quam apud Cavignium


En 1158 , Foulques Paynel donna au Mont « decimam me- teerie de Cavinee*. » Le moulin de Cavigny — « molendinum de Cavigneio quod est situm supra villam Poncium » — fut donné au chapitre par le même. An xn* siècle , Geoffroi de Cavigny souscrivit à la donation du Luot au Mont Saint- Michel par G. d'Avranches 2 .

 

Auprès de Folmuchon est le Champ-Saint-André, domaine du chapitre d'Avranches: « ApudFomucon campus Sti Andrée*. »

 

Le sieur de la Piganière est cité dans le mémoire de M. Fou- cault de 1698.

 

Le chapitre de la cathédrale avait la dîme des saumons pris à Ponts. « Ex dono Rie. episcopi 4 decimam salmonum cap- torum apud Pontem 5 . » Les poètes disaient alors : « Abrin- cas... multo salmonc féroces »

 

Situé aux portes d'Avranches , Ponts s'est ressenti immé- diatement de toutes les vicissitudes de la cité épiscopale. Ses quinze sièges ont jeté dans ce village bien des fois le tumulte des armes. Mais l'histoire ne mentionne guère qu'une fois cette humble bourgade dans les guerres de sa métropole.

 

Le dernier jour d'avril 4450, arriva à Ponts l'armée qui venait de battre les Anglais à Formigny et décider leur re- traite complète de la Normandie. Elle était commandée par le vainqueur, le connétable de Richeinont, qui allait au-devant du duc François de Bretagne , lequel venait de mettre le siège devant Avranches. Ce fut pendant ce siège qu'arriva la nou- velle de la mort dramatique de Gilles de Bretagne, son frère, « estranglé une nuit, par deux compagnons avec deux touaillcs torses » Le connétable venait de recevoir Vire en sa posses- sion : il alla vers Avranches, tandis qu'une partie de ses troupes allait prendre Bayeux. Son secrétaire , G. Gruel , ra- conte ainsi son arrivée à Avranches : « Et le dernier jour d'ap- vril Tan que dessus 1450 , arriva monseigneur le connestaWe à Avranches , et là trouva le duc , et les seigneurs de Bre- tagne et estoit mondict seigneur grandement accompagné. En cette nuict logea à Ponts-soubs-A vranches , pour ce qu'il nV voit pas encore de logis. Puis le lendemain , premier jour de may , vint au siège, et bientôt lui veinreut les nouvelles que monseigneur Gilles son nepveu estoit mort, dont il fut bien courroucé , puis le duc le luy dist et eurent grandes paroles ensemble : toutesfois la chose se dissimula pour l'heure, de peur de plus grands scandales. Puis fut assise l'artillerie tant bombardes , que engins volans , et autre artillerie , et fut fort batue ladicte ville d'Avrancbes, tant quelle estoit prenable d'assault et fut faicte composilion , et la rendirent les Anglois leur vie saulve , et perdirent tous leurs biens* De là s'en vint le duc au Mont Saint-Michel , et jà estoit malade , et monsei- gneur le connestable le vint conduire jusque là a . »

 

Une des plus vieilles maisons du pays se voit à Ponts , à quelque distance de l'église , sur le vieux chemin de la Haye- Pesnel. Il y a eu à la Meuardière une croix ronde , dont les tronçons sont épars autour du colombier ; elle a été remplacée par une croix de bois. Mais le porte-livre en pierre est resté'.

 

Il semblerait qu'au Moyen-Âge les limites de cette paroisse n'étaient pas positivement déterminées , car une charte met l'hôpital « in paroehiâ de Pontibus » , et le GalUa Christiana « inter civitatem et villam de Pontibus. » Celte observation pourra justifier en cet article quelques détails sur l'Hôtel- Dieu. Son premier emplacement fut la place Saint-Gervais d'Avranches. Une charte 1 nous apprend qu'en 1268, la maison- de l'Hôtel, qui venait d'être abandonnée , avec son jardin > fut fieffée à Robert dictus Baste , de la volonté de l'évôque Richard , par Pierre de la Basse , prieur , « presbytero procuratore domûs Dei Abrincensis... nuper edijîcatce in parochia de Pontibus » , et aux frères de la môme maison , « et frairibus ejusdem domûs. » Si l'on pouvait douter , comme on l'a fait , que la place Saiut-Gervais ait été le premier siège de l'hôpital , cette charte lèverait la difficulté : « In quâ domo et horto domûs eormn habuit fundamentum. » D'un autre côté le Gallia Christiana dit que l'hôpital fut transféré de la place Saint-Gervais à Maloué où il est encore : « Ab arcâ Sti Gervasii translatum adsuburbium in vicum Maulone 3 inter civitatem et villam de Pontibus 5 . »

 

Vue des hauteurs d'Avranches , du pied de la porte de Ponts , la bourgade de Ponts offre une ligne de maisons neuves , au bout de laquelle est l'église avec son lourd clocher , et audelà une campagne bien cultivée. Un touriste anglais a vit dans cette campagne l'image d'un comté d'Angleterre : « Devant le spectateur placé sur le boulcvart du Nord , il y a , sur le nord-est , une vue belle et étendue d'un pays riche et par- faitement cultivé , qui ressemble au Herefordshire , bordé par une colline bien plantée qui s'étend dans la direction de Viltedieu r . D'après les apparences, Te même écrivain a pu dire « que la rivière divise Ponts en deux parties à peu près égales. »

 

Nous terminerons cette notice par une histoire racontée dan* Guillaume de Jumiège , qui se passa du temps de Rollon , au commencement du x e siècle. Elle se rapporte à A Tranches : mais nous réparerons une omission en la mettant dans une localité voisine, qui confond, pour ainsi dire avec la ville , son territoire. La grande tradition du Juif-Errant était très-vivante dans le Moyen-Age, qui voyait dans ce personnage plutôt un individu qu'un mythe et un symbole. L'anecdote racontée par l'historien normand semble se rattacher à cette croyance , que l'on peut appeler un cycle littéraire , à cause des nombreuses- légendes , histoires et poésies qu'elle a enfantées.

 

Un soir , à Rouen , où se trouvait alors le duc Rollon , plu- sieurs personnes virent apparaître sur la rivière un homme qui marchait sur l'eau « comme iî aurait marché sur là terre. Il s'approcha d'eux , et questionné par ces hommes , qui le prenaient pour un être surhumain , il répondit : « Vous voyez que je suis un homme. De grand matin , je suis parti de Rennes en Bretagne. A la sixième heure , j*ai mangé à Avranchcs , et ce soir, comme vous le voyez, je suis venu jusqu'ici. Si vous ne me croyez pas , allez et vous trouverez dans la maison où j'ai dîné mon couteau que j'y ai laissé par oubli. » Le bruit de Tarrivée de cet homme extraordinaire se répandit par la ville et vint jusqu'au duc. Rollon voulut le voir et lui manda de le venir trouver. L'homme répondit qu'il fallait l'attendre le leu-demain à la première heure. A l'heure dite , le duc attendit, mais personne ne vint : l'étranger avait quitté son hôte à celte première heure et était parti. Alors tout le monde déclara que c'étaitun imposteur; mais de plus sages interprétèrent ses paroles et prétendirent qu'il n'avait donné de rendez-vous qu'à sa première heure , à lui , « en sorte que ce qu'il avait dictait vrai. Le soir, en causant chez son hôte, l'étranger avait fait de merveilleuses prédictions que raconte l'historien normand

 
     
 
 
 

Ponts sous Avranches CPA collection LPM 1900