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Formé à la politique par Jules Develle dont il est pendant 18 mois directeur de cabinet au Ministère de l'Agriculture en 1886, élu ensuite conseiller général dans la Meuse, Poincaré se forge une réputation de républicain modéré et conciliant dès son premier mandat de député de la Meuse en 1887. Cela n'empêche pas ce fils de polytechnicien, entré avec réticence sur la scène politique, de s'y imposer rapidement.
Après des études à Nancy puis à la faculté de droit de Paris, il entre au barreau de Paris en tant que stagiaire en 1879 ; il est nommé premier secrétaire de la Conférence du barreau et devient secrétaire de Me Du Buit, célèbre avocats d'affaires.
En 1883, il prononce un discours à l'ouverture de la Conférence des Avocats dans lequel il fait l'éloge du républicain Jules Dufaure, ancien bâtonnier et ex-président du Conseil décédé deux ans auparavant :
« S'il est à souhaiter que l'éloge d'un mort illustre éveille chez nous le désir de l'imiter, le simple récit de la vie de Dufaure contiendra, je crois, pour notre génération, un précieux exemple de travail, d'indépendance et de dignité »
En 1895, il ouvre son propre cabinet, qui obtient rapidement un grand succès et détient une clientèle très prestigieuse pour les affaires de presse, les affaires littéraires—il est notamment l'avocat de l'écrivain Jules Verne—et le droit des sociétés. Poincaré a parmi ses clients les plus grandes entreprises industrielles et financières du moment.
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Carrière politique
Il entre en politique en 1887, en étant élu député de la Meuse. En 1892, il est rapporteur de la commission des Finances, au moment du scandale de Panamá, et est réélu l'année suivante.
À trente-six ans, il a déjà été trois fois ministre : de l'Instruction publique (1893), sous Dupuy, puis des Finances dans le deuxième cabinet Dupuy, après la victoire électorale des modérés (1894-1895), et de nouveau chargé de l'Instruction publique, dans le cabinet Ribot, en 1895. Il est partisan de la laïcité mais éloigné de l'anticléricalisme radical. Il prône en effet une « école neutre », dont la vocation aurait été de produire de vrais patriotes. Poincaré devient alors l'un des leaders en vue des modérés, qui arborent alors l'étiquette « progressiste » ayant remplacé l'ancien terme d'« opportunisme » utilisé par Gambetta et Jules Ferry. Au fil du temps, ces « républicains progressistes » évoluent du centre gauche vers le centre droit, selon le phénomène du sinistrisme.
Durant l’affaire Dreyfus, il adopte une attitude prudente. Il fait d'abord partie de ceux qui souhaitent étouffer un scandale qu'ils jugent contraire à la raison d'État. Il se rallie finalement au camp dreyfusard, plus par légalisme que par conviction. Bien que républicain et laïque - signe sûr, à la Belle Époque, d'une appartenance à la gauche - Poincaré demeure cependant prudent envers les gauches, restant très modéré.
En juin 1899, le président de la République Émile Loubet le pressent comme président du Conseil. Mais il n'arrive pas à mettre d'accord les différentes tendances républicaines afin de composer son gouvernement, tandis que Clemenceau déclarait: « Le don de Poincaré n'est pas à dédaigner: c'est l'intelligence. Il pourrait faire remarquable-ment à côté de quelqu'un qui fournirait le caractère » |
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Aussi Poincaré conseille-t-il à Loubet d'appeler plutôt Waldeck-Rousseau, qui forme un cabinet de Défense républicaine. Néanmoins, Poincaré s'oppose à celui-ci ], et plus encore, après la victoire du Bloc des gauches aux élections de 1902, à la politique anticléricale d’Émile Combes ][Quoi ?]. En tant que membre de l'Alliance libérale démocratique (centre-droit), il soutient cependant, de façon générale, le cabinet combiste. Il préfère ensuite le Sénat à la Chambre où il représente la Meuse entre 1903 et 1913 puis entre 1920 et 1934. En 1906, Clemenceau, qui juge pourtant Poincaré un peu trop mou - c'est lui qui aurait inventé l'expression « poincarisme » dans Le Bloc du 15 mars 1902 - lui propose néan-moins d'entrer dans son gouvernement. Poincaré, peut-être par animosité, s'y refuse. Belle consécration, il est élu à l’Académie française en 1909, et est également professeur aux écoles HEI-HEP.
Président du Conseil (1912-1913)
En janvier 1912, il est nommé président du Conseil, et forme un gouvernement de républicains modérés avec Briand aux Affaires étrangères; Théophile Delcassé à la Marine; Jules Pams à l'Agriculture; Albert Lebrun aux Colonies et Léon Bourgeois au Travail et à la Prévoyance sociale. Du 6 au 12 août 1912, il est en visite officielle en Russie dans le cadre de l'alliance franco-russe et assiste à des revues militaires.
L'élection présidentielle de janvier 1913
Alors que le mandat présidentiel d'Armand Fallières touche à sa fin, Poincaré se présente comme candidat à l'élection présidentielle de janvier 1913. Le président du Conseil est en lice face au président de la Chambre, Paul Deschanel, et au président du Sénat, Antonin Dubost. Avec Clemenceau, les radicaux soutiennent Pams, le ministre de l'Agriculture, une personnalité considérée comme effacée et dont la candidature vise essentiellement à contrer Poincaré. |
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Selon la tradition républicaine, un scrutin préparatoire a lieu pour choisir le candidat du « camp républicain »; les « modérés » (républicains de droite) d'un côté, de l'autre les socialistes, refusent toutefois d'y participer. Au troisième tour, Pams l'emporte avec 323 voix contre 309 pour Poincaré, classé à gauche à l'époque (dreyfusard, laïc, il s'était marié civilement).
La discipline républicaine aurait voulu que, battu à ces primaires, il se retire, et c'est ce que lui demande une délégation conduite par Combes et Clemenceau.
Mais Poincaré refuse, sachant que lors du scrutin officiel, il serait soutenu par la droite républicaine: il se présente donc à Versailles, et est élu le 17 janvier 1913 au deuxième tour, avec 482 voix contre 296 à Pams et 69 pour le socialiste Auguste Vaillant.
Clemenceau conservera une rancune tenace contre Poincaré pour n'avoir pas respecté la discipline républicaine, que lui-même respectera lors de l'élection présidentielle de 1920. |
Caricature de Poincaré par le Canadien Boardman Robinson (en) (vers 1923). |
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Le septennat (1913-1920)
Il préside la France jusqu'en 1920. Son mandat est marqué par la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il est l'artisan de l'Union Sacrée politique et sociale, aux côtés de René Viviani, d'Aristide Briand puis de Georges Clemenceau. Avec Briand et Clemenceau, et contre Jaurès et la SFIO, il soutient la loi des trois ans, votée en juillet 1913.
Son rôle dans le déclenchement de la guerre est controversé: il aurait poussé à la fermeté la Russie lors de son voyage officiel du 13 au 23 juillet 1914 en Russie, afin de renforcer les alliances deux semaines après l'attentat de Sarajevo. Le 4 août, son message est communiqué aux Chambres par Viviani : la France « sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l’ennemi, l'Union sacrée, et qui sont aujourd’hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l’agresseur, et dans une même foi patriotique ».
Il n'hésite pas, parfois au péril de sa vie, à venir au front (essentiellement dans la |
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Meuse et dans la Somme) afin de juger du moral des troupes et des populations déplacées. Il visite à plusieurs reprises la partie de l'Alsace redevenue française dès le 7 août 1914 : au Col de la Schlucht, à Thann, Masevaux, Saint-Amarin et Dannemarie entre le 11 février 1915 et le 10 avril 1916.
Fin 1917, il nomme le radical-socialiste Clemenceau, qu'il n'apprécie guère mais dont il admire la fermeté de caractère, comme président du Conseil. Son rôle devient alors plus discret, et il se plaint même, dans ses écrits, d'être mis de côté. Il conserve toutefois une certaine influence : selon l'historien Michel Winock, une certaine forme de cohabitation se met en place entre les deux hommes. |
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Poincaré au front. |
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Après sa présidence
Dès 1920, alors que son mandat n'est pas achevé, il se fait élire sénateur de la Meuse. Très vite, il accepte de redevenir président du conseil, à la place d'Aristide Briand qu'Alexandre Millerand, président nouvellement élu en 1920, a démis de ses fonctions en 1922, n’approuvant pas la façon dont il mène sa politique étrangère. Face à l’Allemagne qui refuse de payer les « réparations de guerre », il a recours à la force, faisant occuper la Ruhr ; mais sa politique de rigueur budgétaire le rend impopulaire et, en 1924, après la victoire du Cartel des gauches, il doit présenter sa démission, tout comme le président Millerand.
On le rappelle en 1926 devant l’ampleur de la crise financière. Il forme alors un ministère d’union, en conservant Briand aux Affaires étrangères, et en revenant à une politique d’austérité financière ; le franc Germinal est remplacé par le franc Poincaré d’une valeur cinq fois moindre, dévaluation qui se borne à entériner le change réel. Malade et fatigué, il démissionne et se retire de la scène publique en 1929. Mort à Paris en 1934, il est inhumé à Nubécourt, dans son département natal. |
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Député de la Meuse (1887-1903)
Sénateur de la Meuse (1903-1913 puis 1920-1934)
Président de la République (1913-1920)
Conseiller général de la Meuse 1886-1913 / 1920-1934
Président du Conseil général de la Meuse 1910-1913
Fonctions gouvernementales
Ministre de l'Instruction publique en 1893 puis en 1895.
Ministre des Finances en 1894.
Il fut cinq fois président du Conseil :
Du 14 janvier 1912 au 21 janvier 1913 cumul ces fonction avec les affaire étrangère
Du 15 janvier 1922 au 29 mars 1924 cumul ces fonction avec les affaire étrangère*
29 mars 1924 au 1er juin 1924
Du 23 juillet 1926 au 6 novembre 1928 cumul ces fonction avec le ministère des finance
Du 11 novembre 1928 au 20 juillet 1929
Du droit de suite dans la propriété mobilière, 1883. Idées contemporaines, 1906. Questions et figures politiques, 1907. Messages, discours, allocutions, lettres et télégrammes (1914-1919), 1919. Histoire politique, chroniques de quinzaine, 4 vol. , 1921-22. Au service de la France, neuf années de souvenirs, 1926-1934. L'Invasion 1914, Paris, Plon (livre tiré à 100 exemplaires qui retrace le septennat du président). |
Tract pour les élections législatives de 1932 faisant référence à la « prophétie » de Raymond Poincaré |
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