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Air : Un chanoine de l’Auxerrois
Le curé de notre hameau S’empresse à vider son tonneau, Pour quand viendra l’automne. Bénissant Dieu de ses présents, À sa nièce, enfant de seize ans, Il dit parfois : Mignonne, Cache-moi bien ce qu’on fera ; Le diable aura ce qu’il pourra. Eh ! zon, zon, zon, Baise-moi, Suzon, Et ne damnons personne.
Fait pour chasser les loups gloutons, Dois-je essayer sur les moutons Si ma houlette est bonne ? Non, mais à mon troupeau je dis : La paix est un vrai paradis Qu’ici-bas l’on se donne. Surtout j’ai soin, tant qu’il se peut, De ne prêcher que lorsqu’il pleut. Eh ! zon, zon, zon, Baise-moi, Suzon, Et ne damnons personne.
Sans jamais en rien publier, Je vois s’enfler le tablier De plus d’une friponne. S’épouse-t-on six mois trop tard ; Faut-il baptiser un bâtard ; C’est le ciel qui l’ordonne. Les plaintes fort peu me siéraient, Le ciel et Suzon en riraient. Eh ! zon, zon, zon, Baise-moi, Suzon, Et ne damnons personne.
Notre maire, un peu mécréant, À maint sermon répond : Néant. Mais que Dieu lui pardonne !
Les dimanches, point ne défends La joie à ces pauvres enfants ; J’aime alors qu’on s’en donne. Du chœur, où je suis seul souvent, Je les entends rire en buvant Chez la mère Simone ; Ou j’y cours même, s’il le faut, Les prier de chanter moins haut. Eh ! zon, zon, zon, Baise-moi, Suzon, Et ne damnons personne. |
Illustration de Marcel Bloch, collection CPA LPM 1900 Depuis qu’à sa table il m’admet, J’ai su qu’à deux mains il semait,
Sans bruit faisant l’aumône ; Or, la grâce ne peut faillir : Puisqu’il sème, il doit recueillir. Eh ! zon, zon, zon, Baise-moi, Suzon, Et ne damnons personne.
Je préside à tous les banquets, À ma fête j’ai des bouquets, Et l’on remplit ma tonne. Mon évêque, triste et bigot, Prétend que je sens le fagot ; Mais pour qu’un jour, mignonne, J’aille où les anges font leurs nids, Revoir tous ceux que j’ai bénits, Eh ! zon, zon, zon, Baise-moi, Suzon, Et ne damnons personne. |
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