DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -2
         
 

BAISEUR, BAISEUSE

 

Synonyme presque décent de Fouteur, fouteuse.

 

Point d’éloges incomplets,

S’écriera cette brunette,

A moins de douze couplets,

Au diable une chansonnette !

Quoi ! douze, ou rien ? dit un sot.

Oui, c’est l’humeur de Margot

Nous t’en promettons treize :

Viens, Margot,

viens qu’on te baise.

BÉRANGER.


BALADEUSE

 

Fille de mauvaise vie, par allusion à la boutique roulante des marchandes des quatre saisons.

 

Elle t’a trahi sans te trahir.

C’est une baladeuse, et voilà tout.

GÉRARD DE NERVAL

 

BALANCER LE CHINOIS (Se)

 

Jouer avec son membre pour jouir, le faire dodeliner de la tête, comme un poussah, jusqu’à ce que, l’érection arrivant, il se tienne roide comme la justice et pleure silencieusement toutes les larmes de son œil unique.

 

BALANCER SA LARGUE

 

Se débarrasser de sa maîtresse, dans l’argot des filles et des maquereaux.

 

BALANCER UNE FEMME

 

La renvoyer comme Abraham Agar, soit parce qu’elle devient gênante, soit parce qu’elle est trop libertine.

 

Elle m’a traité de mufle.

Alors, il faut la balancer.

CHARLES MONSELET

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; Avarices

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -1
         
 

BAISER OU FOUTRE À COUILLONS

RABATTUS, OU COMME UN DIEU

 

Avec énergie, sans songer au mari que l’on cocufie ni aux enfants que l’on procrée, comme tous les hommes voudraient bien pouvoir foutre, et comme toutes les femmes voudraient bien être foutues.

 

Et maintenant, gonzesse,

que je t’ai foutue à couillons rabattus,

comme tu n’es pas foutue d’être foutue

jamais de ta garce de vie.....

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

Les hommes, lorsqu’ils ont foutu

A double couillon rabattu,

Se lavent dans une terrine.

DUMOULIN-DARCY.

 

Madame Durut, sentant les approches

du suprême bonheur,

se livre au transport, et,

s’agitant à l’avenant, s’écrie :

Foutre ! c’est trop de plaisir !

il fout comme un Dieu !

A. DE NERC


BAISER OU FOUTRE À LA PARESSEUSE

 

Se placer derrière une femme que l’on veut baiser, couché sur le côté comme elle, entrecroiser mutuellement les cuisses,insinuer doucement l’outil dans le trou qui l’attend, et besogner sans effort.

 

Celui dont la pine est mollasse, filandreuse,

et lente à décharger,fout à la paresseuse.

LOUIS PROTAT.

 

BAISER OU FOUTRE EN LEVRETTE

 

Baiser une femme in more du prince de Canino.

En levrette est encore un moyen fort joli

 

Quand on a sous son ventre

un cul ferme et poli.

LOUIS PROTAT.

IAT.


BAISER OU FOUTRE EN TÉTONS

 

Décharger dans cette petite vallée formée par les deux tétons et qu’on peut rendre aussi étroite qu’on veut en les rapprochant avec les mains.

 

BAISER SUR LE POUCE

 

Tirer un coup précipitamment, là où l’on se trouve, sur une chaise, sur un meuble, sur une botte de paille, etc.

 

Je t’ai baisée sur le pouce, ça ne compte pas : nous recommencerons sur le lit,

quand ton mari sera à son bureau.

SEIGNEURGENS.

 

BALANCE DE BOUCHER

 

Fille publique, parce qu’elle pèse toutes sortes de viandes, des quéquettes de jouvenceaux, des courtes de maçons, des pines d’Auvergnats et des vits de maquereaux.

 

BAISER OU FOUTRE EN CYGNE

 

Baiser une femme à la façon de Jupiter Léda, à genoux et ses jambes sur les épaules.

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ;

LPM les illustrateurs N° 014

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -4
         
 

BALAYER SES ENFANTS

 

Enlever avec un balai ou avec un torchon les gouttes de sperme qu’on a laissées tomber sur le parquet en se branlant ou en baisant une femme sur une chaise

 

BALCON (Faire le)

 

Moyen ingénieux employé par les filles pour faire savoir à leurs abonnés qu’elles sont visibles : il leur suffit de mettre au balcon une chaise sur laquelle sera déposée une chemise ou une jupe commencée... puis de retirer le tout quand le client est entré..

 

Je vous dis que vous faites la fenêtre ;

on vous a vue au balcon.

— Ah ! M. le commissaire,

comme on vous a trompé :

je ne vais jamais à ce bal là.

J. CH

 

 

BALLES

 

Les testicules, à cause de leur forme : c’est avec eux qu’on fusille les femmes à bout portant

 

BANDOCHER

 

Avoir des velléités d’érection ; n’être pas en train ; bander faiblement, difficilement.

 

...Elle recréait son impotente lubricité en lui chatouillant le scrotum et les testicules,

ce qui le faisait bandocher.

 (Anti-Justine, p. 123.)

 

BAQUET

 

La nature de la femme dans laquelle l’homme décharge ses ordures liquides :

 

... Dans le baquet desquelles

il eût volontiers lavé son vit.

(Contes de la reine de Navarre.) 

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; 4 La plume

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

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D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -5
         
 

BARATTER

 

Baiser une femme, parce que, dans l’action amoureuse, la pine de l’homme, en allant et en venant dans le con de la femme, où il a déjà déchargé, a l’air de battre du lait dans une baratte et de faire du beurre. Ce n’est pas du beurre qu’il fait, en barattant ainsi, c’est du fromage.

 

BARBILLON

 

Souteneur de filles ; homme qui vend sa protection aux putains. — Du moment qu’il a été convenu qu’on appellerait ces drôles-là maquereaux, comme le maquereau est un poisson, on les a appelés aussi d’autres noms de poissons ; on les a même appelés poissons purement et simplement

 

Quoi ! pour aller danser, ma chère, tu abandonnes le persil, et de ton barbillon de père, tu ne conserve aucun souci.

A. DUMOULIN.

 

BARBEAU

 

Souteneur de filles ; membre de la grande famille des maquereaux  qui n’a rien de commun, que le nom, avec la grande famille des scombéroïdes

 

Pègr’ et barbeaux, aboulez au Sauvage ;

Et sans traquer livrez-vous au plaisir ;

On aurait tort de vouloir être sage,

Puisqu’après tout, on sait qu’il faut roidir.

A. DUMOULIN.

 

BARBE DE LA FEMME (La)

 

Les poils de sa motte, qu’elle se garde bien de couper et encore moins d’épiler, à l’exemple des femmes d’Orient :

 

Sur ta laine annelée et fine

Que l’art toujours voulut raser ;

O douce barbe féminine !

Reçois mon vers comme un baiser.

TH. GAUTHIER.

 
         
 

Feuilles a l’envers recueillies par un bourguignon sale ; 5 Entre deux feux

LPM les illustrateurs N° 014 

 
 
   
 

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D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -6
         
 

BATI

 

Membré convenablement : se dit en parlant d’un homme qui a tout ce qu’il faut pour faire jouir une femme.

 

La résistance est nulle, ou très légère ;

Tu vois pourtant comme je suis bâti.

PARNY.


BATON

 

Le membre viril, à cause de ses fréquentes érections qui lui donnent la dureté du bois

— dont on fait les cocus. Les femmes s’appuient si fort dessus qu’elles finissent par le casser.

 

'Vous connaissez, j’en suis certaine,

Derrière un petit bois touffu,

Dans le département de l’Aisne,

Le village de Confoutu.

Par suite d’un ancien usage

Qui remonte au premier humain,

Tout homme y fait pèlerinage,

La gourde et le bâton en main.

EUGÈNE VACHETTE.

 

BATON DE SUCRE DE POMME 

 

Le membre viril, à cause de sa forme, de sa longueur et du goût sucré qu’il a en fondant de plaisir dans la bouche de la femme qui le suce.

 

Fillettes, qui mourez d’ennui

Et languissez dans la retraite,

Pour mieux dormir toute la nuit,

Il faut employer ma recette :

Si vous désirez un amant,

Si tout bas votre cœur le nomme,

A vos maux il faut un calmant…

Prenez bien vite, mon enfant,

Un bâton de sucre de pomme.

DUMOULIN – DARCY.

 

BATON (Faire)

 

Bander.

 

Le temps... où la première guenon venue qui me mettait la main dessus me f’sait faire bâton pendant quinze jours.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

’crois ben qu’ la seul’ médecine

Qui pourrait m’ guérir tout d’ bon

Et m’empécher d’fair’ bâton,

Ce s’rait d’ fair’ sombrer ma pine,

Capitain’, dans un pied d’con.

G. DE LA LANDELLE.

 

C’est le bâton à un bout qui me pend entre les jambes.

RABELAIS.

 

BATON PASTORAL.

 

Le membre viril, avec lequel nous conduisons des troupeaux de femmes au bonheur.

 

Le simple maniement volontaire d’une main blanche et délicate qui se promène autour de leur bâton pastoral, est suffisant pour leur expliquer tous les mouvements du cœur de leur dame.

MILILOT.

 

BATER L’ANE

 

Faire l’acte vénérien.

— L’expression date probablement du conte de La Fontaine, le Bât, imité de Béroalde de Verville.

 

BATON A UN BOUT

 

Le membre viril,

— le seul bâton qui n’ait qu’un bout, en effet.


 
         
 

Feuilles a l’envers recueillies par un bourguignon sale ;6 Rêve de Nonne

 LPM les illustrateurs N° 014

 
   
 
   
 

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D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -3
         
 

BALANCER UN HOMME

 

Le quitter, soit parce qu’il ne vous donne pas assez d’argent, soit parce qu’il vous ennuie.

 

Toujours d’avance exigeras

Qu’il fasse tinter son argent ;

Sinon tu le balanceras...

On ne vit pas de l’air du temps

(Parnasse satyrique.)

 

 

BALANÇOIRES

 

Simagrées que fait une fille qui ne veut pas être baisée, mais qui veut bien être payée ; promesses de jouissances qu’elle fait au miché racolé par elle. 

 

Car je connais ces balançoires,

Je suis roublard,

Et j’ pourrais écrir’ les mémoires

Du lupanar.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; L'apothicaire

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

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D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -7
         
 

BATTRE LE BEURRE

 

Introduire son engin dans un vagin un peu gras et l’y agiter avec énergie comme dans une baratte.

 

BATTRE SA FLÈME

 

Courir le guilledou, aller dans les quartiers où la femme donne le plus.

 

D’un moule à merde il fait un moule à pine

Et bat le beurre au milieu d’un étron.

(Parnasse satyrique XIXe siècle.)

 

Eh bien ! puisque je suis en train de battre ma flème, je vais connaître cette maison.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

BATTRE SON QUART

 

Se dit des filles de bordel, qui descendent à tour de rôle, pendant un quart d’heure ou une demi-heure, sur le trottoir, où elles raccrochent les passants.

 

Dorante, en se promenant devant la maison au grand numéro, croise Sylvia, qui bat son quart.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

BATTRE UN BAN AU MICHÉ

 

Le préparer à la jouissance suprême par des attouchements habiles et souvent répétés.

 

Je sais attacher un ruban

Selon la grosseur d’une pine ;

Au miché je sais battre un ban,

Je sais tortiller de l’échine.

(Parnasse satyrique.)

 

BAUDE (La)

 

La vérole.

—     dans l’argot des voleurs, qui se rapproche plus qu’on ne croit du vieux langage, puisqu’on trouve dans Eutrapel : « Je cuidai avoir le baut, c’est-à-dire avoir gagné le mal padouan. »

 

BAUDRUCHE

 

Pellicule de boyau de mouton

 

Pellicule de boyau de mouton,

Que l’on neutralise

pour en faire des choses très utiles :

— des capotes anglaises.

V. MILLAN.

 
         
 

Feuilles a l’envers recueillies par un bourguignon sale ;7 Prostitution

 LPM les illustrateurs N° 014

 
   
 
   
 

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D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -8
         
 

BEAU CORPS (Elle a un)


Se dit de toute femme laide de visage, quand on veut s’excuser d’avoir couché avec elle une fois ou d’y coucher tous les jours.

 

BEAUTÉ VÉNALE

 

Femme qui fait métier et marchandise de ce qu’elle devrait donner pour rien, l’homme, après tout, ne faisant pas payer les services de sa pine, qui valent bien ceux du con.

 

O vous, vénales beautés

A l’humeur aventurière,

Vainement vous présentez

Le devant ou le derrière

A l’abbé La Bédollière,

L’abbé qui sera flambé.

EMILE DE LA BÉDOLLIÈRE.

 

Théodore, c’est mon bébé ;

M. Martin, c’est mon monsieur.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

Un mot dont on nous favorise,

Mot aux nourrices dérobé,

C’est, aurait-on la barbe grise :

— Comment ça va ? Bonjour, bébé.

FR DE COURCY.


BEAUTÉS POSTÉRIEURES

 

Les fesses.

 

Le grand camarade, tourmenté de ses désirs, se mettait préalablement au fait des beautés postérieures de la soubrette... et cherchait à s’établir en levrette, mais de petits coups de cul le dénichaient comme sans dessein.

(Mon noviciat.)

 

BAUME DE VIE (ou de vit)

 

La semence de l’homme, que donne le vit et qui donne la vie.

 

C’était pour ce procurer mille morts délicieuses, qu’il ménageait avec art ce baume précieux qui donne la vie. (Félicia.)

 

BAZAR

 

Bordel, qui est en effet un endroit où l’on expose la femme comme marchandise.

 

Je suis la patronne de ce bazar, la mère de dix-huit petites dames.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

BÉBÉ

 

 Nom d’amitié que les filles donnent depuis quelques années aux hommes avec qui elles baisent, maque-reaux ou michés. 

 

BÉCOT. (Donner un).

 

Baiser la tête d’un vit comme on baise le bec d’une clarinette. Cette aimable action ne faisant aucun bruit, on peut aller longtemps : d’abord moderato, puis allegretto, vivace..... chaque pause vaut un soupir.

 

Et quand je lui donne un bécot, Comme il lève la tête, Jacquot !

AL. DALÈS.

 

BEAUTÉS OCCIDENTALES

 

Les fesses d’une femme, dont les tétons sont les beautés orientales

 
         
 

Feuilles a l’envers recueillies par un bourguignon sale ;8 La lune à un mettre

 LPM les illustrateurs N° 014

 
   
 
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B   -9
         
 

BÉCOTTER.

 

Donner des bécots.

 

Petit bossu

Noir et tortu,

Qui me bécottes

Et fripes mes cottes ;

Petit bossu, noir et tortu,

De me baiser, finiras-tu ?

BÉRANGER.

 

BELINER

 

Faire l’acte vénérien, l’acte bestial par excellence, belluinus.

 

BÉGUIN (Avoir un).

 

Avoir envie de coucher avec un homme lorsqu’on est femme, avec une femme lorsqu’on est homme. 

 

Ah ! je ne sais pas quand il se passera, mais j’ai un fier béguin pour toi, va !

LEMERCIER DE NEUVILLE

 

BELLE EN CUISSES

 

Galanterie que les gens du peuple adressent volontiers à une femme

 

Dont ils n’ont pas encore relevé la robe.

J’ prendrais bien quéque chose, moi... Et toi, la belle en cuisses ?

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

BELLE ENFANT

 

Nom que l’on donne à une jolie fille, tant qu’elle est en âge de faire l’enfant, ou de faire un enfant.

 

Ma belle enfant !

Cette expression se trouve dans tous les drames possibles et impossibles, depuis la Pie voleuse, jusqu’à la Grâce de Dieu, etc., etc. Dans cette dernière pièce, elle s’adresse à mademoiselle Clarisse Miroy, qui a 46 ans et est grosse comme mademoiselle Georges : — La belle enfant !

 

BELLE SOUS LE LINGE (Être).

 

 Ne rien perdre de ses séductions en se mettant nue devant un homme qui vous a trouvée belle habillée.

 
         
 

Feuilles a l’envers recueillies par un bourguignon sale ;9 La femme fidéle

 LPM les illustrateurs N° 014

 
   
 
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -12
         
 

BIBI.

 

Jouvenceau, mignon qui sert aux plaisirs libertins des vieillards — le giton du Satyricon, le Ganymède de Jupiter, l’officiosus des bains publics, à Rome ; ou mignon de dame.


BICHETTE.

 

Le membre viril, — ou plutôt, pour lui restituer son véritable sexe, la pine. — Cette expression, maintenant répandue à Paris, appartient à Nadar, à qui l’on prête des conversations intimes avec Mlle Bichette. Un couplet d’Alexandre Pothey la consacre :

 

Avis aux dam’s ! qu’on se le dise !

Nadar a l’ sac, et pour de bon !

Le Monstre Vert, Frisette, Élise,

Jusqu’à l’antique Pavillon,

Pour célébrer ce jour de fête,

S’en vont fair’ la cour à Bichette !

D’être avalée elle a le trac !

Nadar a l’ sac !

 

BICHON.

 

Jeune homme qui sert aux plaisirs d’un homme mûr. C’est le giton moderne. — C’est aussi l’amant de cœur, le petit chien complaisant des femmes qui aiment à se faire bichonner, c’est-à-dire, lécher le cul.

 

BIDAULT.

 

Vieux mot hors d’usage employé dans un sens obscène pour désigner :

 

1° Le membre viril.

Celle-là vouloit bien avoir de vous autre chose que le bidault.

P. DE LARIVEY.

2° La nature de la femme.

Si j’avois vu votre bidault,

Je serois guéri, ce me semble,

Mais pour voir un peu s’il ressemble

A celui de ma ménagère.

(Farces et Moralités )

 

 

BIBITE.

 

Le membre viril — quand il n’est plus ou quand il n’est pas encore assez viril.

 

Ta pine n’est plus qu’une humble bibite

Indigne d’entrer dans mon entonnoir.

ANONYME.

 

... Il est appelé...

La bibite au petit par la bonne d’enfant.

LOUIS PROTAT.   

 

BIDET.

 

1° Cuvette de forme ovale, ordinairement enchâssée dans un tabouret de même forme, au-dessus de laquelle la femme se place à califourchon pour se laver — après le coït. — Ce meuble indispensable, essentiel, était connu des Romains, qui se lavaient post rem veneream, et quasi religiose. Sa forme était à peu près la même qu’aujourd’hui.

 

Des coups de Pincecul, quelques coups de bidet.

Enlèveront bientôt, et la trace, et l’effet.

LOUIS PROTAT.

 

Femme prudente se sauve,

A dada sur son bidet.

A. JACQUEMART.

 

2° Le membre viril, dada que les femmes enfourchent pour aller au bonheur.

 

Il est d’une vigueur que rien ne peut abattre

Que ce drôle était bien mon fait !

Trois fois sans débrider il poussa son bidet.

(Les Plaisirs du cloître.)

A dada, à dada,

A dada sur mon bidet.

JACQUEMART.

 

Il la jeta d’abord sur sa couchette,

Lui présenta son pétulant bidet.

(Le Cosmopolite.)

Chaque père en voyant cette jeune fillette,

Sent son bidet tout prêt à rompre sa gourmette.

PIRON.

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; Lubricités

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

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D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -11
         
 

BESOGNE.

 

L’acte vénérien, que nous accomplissons sans douleur — mais non sans fatigue. C’est ce que Fourier appelle le travail attrayant.

 

Quand ils ont bien travaillé et qu’ils sont saouls de la besogne.

TABARIN.

 

De le faire cent coups, voire à beau cul levé,

Avec votre Brillant, qui besogne en crevé.

TROTTEREL.

 

La belle en train de bien apprendre,

Serrait Lucas, qui, las de besogner,

Par un air abattu lui fit assez comprendre

Qu’on ne peut toujours enseigner.

VIDA.

 

BESTIALITÉ.

 

Crime honteux que l’on commet avec une bête.

 

« Rien ne fut plus commun au moyen-âge que ce crime que l’on punissait de mort quand il était patent et confirmé par le tribunal. — Les registres du Parlement sont remplis de ces malheureux qu’on brûlait avec leur chien, avec leur chèvre, avec leur vache, avec leur pourceau, avec leur oie ! — On aurait volontiers pardonné à la bête plutôt qu’à l’homme ; mais on la tuait de peur qu’elle ne vint à engendrer un monstrueux assemblage de la bête et de l’homme. »

PIERRE DUFOUR.

 

La lutte s’engage, les coups se portent, la bête devient l’égale de l’homme, Sainte est embestialisée... ensinginée.

ALFRED DE MUSSET. (Gamiani.)


BÊTISES (Dire).

 

Tenir des propos gaillards, qui font rougir — et godiller — les dames.



 

BÊTE (La). La femme,

 

— après l’homme.

Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme.

BOILEAU.

 

Si je veux croire les railleurs,

Elle a fort peu de cheveux à la tête ;

Les sujets qu’on en dit

ne sont pas les meilleurs ;

Ce n’est pas bien l’endroit par où j’ai vu la bête,

Mais elle en a beaucoup ailleurs

Où elle est souvent arrosée

Par la plus douce des liqueurs.

(Le Zombi du grand Pérou.)

Ciel ! poursuit-il, quand est-ce qu’on

Pourra désabuser le monde

De foutre ces bêtes à con

Des animaux le plus immonde.

COLLÉ.

 

BÊTE A DEUX DOS (Faire la).

 

Faire l’acte vénérien, pendant lequel les deux fouteurs, cellés ensemble par le ventre, ont l’air de n’avoir que des dos. — L’expression a de l’usage. Coquillart s’en est servi, Rabelais après lui, et, après Rabelais, Shakespeare — dans la première scène d’Othello :

Your daughter and the Moor are now making the beast with two backs...

On s’en sert toujours avec avantage dans la conservation.

 

BÊTISES (Faire des).

 

Patiner une femme, peloter un homme : baiser ; sodomiser.

 

Sois bien sage et bien raisonnable, mais pas trop cochon ; si nous voulons, nous ferons des bêtises.

H. MONNIER.

 

Lors le prélat, relevant son étole,

Après m’avoir caressé le menton,

M’ fit des bétis’s au pied du Capitole :

J’ai, mes amis, toujours été cochon.

(Parnasse satyrique.)

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; Les deux paradis

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -10
         
 

BELUTER.

 

Faire l’acte copulatif, pendant lequel on remue beaucoup, — volutare.

 

BÉNIR DES PIEDS.

 

Se dit des spasmes amoureux, pendant lesquels l’homme et la femme gigotent des jambes, comme s’ils voulaient envoyer leur bénédiction urbi et orbi.

 

BÉNITIER.

 

La nature de la femme, que nous emplissons de sperme bénit — par elle.

 

Je crois bien que notre gros vicaire

Aura mis le doigt au bénitier.

BÉRANGER.

 

... Aussi, ma foi,

Laissez-moi mettre un doigt

Au bénitier de ma belle Lise.

EMM. DELORME.

 

BERLINGOT

 

Le membre viril.

 

BÉQUILLE DU PÈRE BARNABA. (La),

 

Le membre viril de tous les hommes, sur lequel s’appuient si volontiers toutes les femmes. Expression employée dès l’époque de la régence dans de nombreuses chansons.

 

J’ai perdu ma béquille,

S’écriait Barnaba ;

Quelle est l’honnête fille

Qui la rapportera ?

COLLÉ.

 

Marc une béquille avoit

Faite en fourche, et de manière

Qu’à la fois elle trouvoit

L’œillet et la boutonnière.

GRÉCOURT.

 

BESACE.

 

Tétons flasques et pendants, comme une besace dont les toiles se touchent ; ou bien le ventre d’une fille enceinte.

 

Finalement, v’la Boniface

Qui s’ présente et veut m’épouser :

Comme il faut qu’ chacun port’ sa b’sace,

Je m’ promets bien d’ l’utiliser.

Un mal de cœur, suit’ d’un’ scène amoureuse,

Rendit bientôt ma position chanceuse...

PH. VIONET.

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; Les enfants terribles

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -13
         
 

BIEN SERVIR UN HOMME.

 

Le faire bien jouir par des mouvements de croupe habiles et par toutes les fioritures amoureuses connues des femmes savantes.

 

Les dames de nos bourgeois,

Et j’en eus vingt dans un mois,

M’auraient mieux servi cent fois.

BÉRANGER.

 

LE BIGARREAU ROUGE (Le).

 

Le gland, lorsqu’il n’est plus recouvert par la peau du prépuce et qu’il montre aux regards des jeunes filles sa tête chauve, source de volupté pour elles.

 

A force de se bander comme je dis, il y a une peau vers le haut qui se retire contre le ventre et découvre une tête qui est faite comme un grog bigarreau rouge.

MILILOT.

 

BIJOU.

 

La nature de la femme, pour l’homme ; le membre viril, pour la femme, — deux choses précieuses.

 

Qu’il soit pauvre, avare ou brutal

Un père du moins donne à sa fille

Pour en jouir, soit bien, soit mal,

Un petit bijou de famille.

E. DEBRAUX.

 

Non, je l’avoue; aussi je te rends grâce,

Lui dit-il, en tirant un vigoureux bijou.

VADÉ

 

Répondez-moi, tendres amis des dames,

Si vous me manquiez du plus beau des bijoux.

Par quels moyens, hélàs ! leur plairiez-vous ?

E.T. SIMON

 

BIJOU ARTIFICIEL.

 

Phallus de cuir, — vulgo godemiché.

 

J’ai des bijoux artificiels

D’une forte structure

Qui, dans les cons superficiels

Remplacent ta nature.

(Chansons anonymes modernes.)

Certain bijou, qui d’un sexe chéri

Offre l’image et le trait favori,

Sert de Zoé la langueur amoureuse.

PARNY.

 

BISCOTTER UNE FEMME.

 

La baiser, acte pendant lequel on se remue fortement, — de l’italien scuotere, étymologie tirée par les poils.

 

Il aimait mieux dépuceler cent filles

que Biscotter une veuve.

RABELAIS.

 

Lucrèce fait bien de la sotte

Et ne veut pas qu’on la biscotte.

THEOPHHILE

 

C’est celui à qui l’on biscotte la femme.

NOËL DU FAIL

 

 BISSAC.

 

La nature de la femme, qu’elle tend si fréquemment à l’homme, pour qu’il l'emplisse — de sperme.

 

Le texte dit que foullando,

En foulant et fesant zic, zac.

Le galant se trouve au bissac.

(Ancien Théâtre français.)

 

Après cinq ou six bons mots

Fait entrer Genfrey au bissac.

(Farces et Moralités.)

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; Le pessimiste

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -15
         
 

BOIRE AU GOULOT.

 

Sucer un homme.

 

Mais, grossier comme un matelot,

Par le rustre je fus forcée

De boire à même le goulot.

MARCILLAC.

 

BOIRE DANS LE MÊME VERRE.

 

Baiser à plusieurs la même femme, — qui heureusement a le soin de se rincer après que chacun de ses amants a bu.

 

BOIRE SEUL.

 

Se masturber, ce qui est jouir en égoïste, sans trinquer avec un vagin.

 

V’là que j’bande... Ah ! n’craignez rien...

J’n’ai jamais eu c’ défaut-là...

Un Français ne... boit... jamais seul...

TISSERAND.

 

BOIRE UN COUP.

 

Gamahucher une femme après l’avoir baisée, pour se préparer au second coup. La femme ne s’étant pas lavée, on est obligé d’ingurgiter le résultat de la première émission. Ce qui est rentrer dans son bien... avec intérêts. Voici à ce sujet une anecdote qui explique la chose :

M. Z., couché avec une actrice de la Comédie-Française, Mademoiselle X, avait déjà, courant la poste, fait une course... féconde. La fantaisie lui vint de gamahucher. Il invita donc la dame à passer au lavabo. Celle-ci, craignant le froid, ou ne tenant au sacrifice que pour plaire au sacrificateur, ne daigna pas se déranger, et, parodiant un vieux proverbe, elle s’écria en riant :

« Ah! bah!... quand le coup est tiré, il faut le boire ! »

 

BOÎTE.

 

Sous-entendu : à jouissance, ou bien encore, boite à pines. Fille publique.

 

BONDON.

 

Employé dans un sens obscène pour désigner le membre viril.

 

A peine sont-elles aussi grandes qu’un tonneau qu’elles veulent avoir le bondon.

TABARIN.

 

C’est mon tonneau, j’en porte le bondon.

VOLTAIRE.

 

BONHEUR. ALLER AU BONHEUR.

 

Employé dans un sens obscène pour désigner l’acte vénérien.

 

Il ne répondit aux reproches qu’on lui faisait qu’en achevant son bonheur.

DIDEROT.

 

BONNEAU.

 

Homme serviable qui se charge — moyennant finance — d’aplanir les difficultés que pourraient éprouver à se rencontrer une femme mariée et son amant. Son obligeance va même jusqu’à procurer des amants à celles et des maîtresses à ceux qui en désirent.

 

BONNE ENFANT (Être).

 

C’est, pour une putain, se prêter tous les caprices libertins de l’homme qu’elle a raccroché.

 

Déboutonn’-toi, tu verras comme

J’s’rai bonne enfant : j’ t’amus’rai bien

HENRI MONNIER.

 

BONNES FORTUNES.

 

Coups qu’un homme tire avec le sexe : autant de femmes, autant de bonnes fortunes.

 

Une jeune fille dira sans rougir, d’un jeune homme : — Il a eu tant de bonnes fortunes. — Mais elle se croirait déshonorée si elle disait de lui : — Il a foutu tant de femmes. Et pourtant, c’est exactement la même chose.

A. FRANÇOIS.

 

Chacun rencontre sa chacune,

Nul ne fut sans bonne fortune.

VOITURE.

 

BONNET OU BONNET À POIL.

 

La nature de la femme, que l’homme place sur la tête de son priape à la grande satisfaction de celui-ci. Il y a des bonnets pour toutes les têtes et des têtes pour tous les bonnets.

 

Tu vas me dire, je le gage,

Que la chaleur de ton bonnet

Fera transpirer son... visage

GUILLEMÉ.

 

Un bonnet à poil, je te jure,

Aujourd’hui ferait son bonheur ;

Pour faire admirer sa tournure,

Coiffe mon petit voltigeur.

GUILLEMÉ.

 

Mon ourson ne serait plus guère;

Car, comm’ disait notre aumônier :

J'connais c’pays qu’on prône,

Novi, Florence, Ancône ;

Mais l’Italien, peu guerrier,

Rarement coiffe — un bonnet d’guernadier.

HENRI SIMON

 

BONTÉS.

 

Coups tirés avec un homme. Expression chaste, sens obscène.

 

Vous êtes un ingrat : je regrette d’avoir eu des bontés pour vous, et de vous avoir ainsi donné le droit de me mépriser.

J. DU BOYE.

 
         
 

BEKA; LPM les illustrateurs N° 010

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -18
         
 

BOUSIN, BOUSINGOT.

 

Bordel, petit bordel. D’où, par extension : Faire du bousin, pour : Faire du bruit, — les bordels n’étant pas précément des Paraclets.

 

Un soir, dans la rue aux Fèves,

Près d'un boutingot,

un' putain me suc’ les lèvres,

M' fait l'offr’ du dodo.

SCHANNE.

 

BOUT.

 

Le membre viril, qui ressemble à un bout de quelque chose — de bien agréable pour la femme.

 

Le pauvre monsieur Cabout,

Dont le bout

Est toujours petit et mince.

TALLEMANT DES RÉAUX.

 

BOUTE-FEU, BOUTE-JOIE.

 

Le membre viril, parce qu’il met à feu et à flamme l’amadou féminin.

 

Cependant, je ne laissais pas de redouter l’instant où mon nouvel enfileur m’incrusterait son formidable boute-joie, mais je m’armai de courage.

(Mon noviciat)

 

BOUTIQUE.

 

Employé dans un sens obscène pour désigner la nature de la femme.

 

Oh ! ma mie, venez ici, et fermez la boutique, c’est aujourd’hui fête.

(Moyen de parvenir.)

 

J’avais pourtant encor bonne pratique

Et pour cela ne fermai la boutique,

J. DU BELLAY.

 

Bien souvent à telle pratique

Les femmes ouvrent leur boutique.

(Variétés historiques et littéraires.)

Vertu de ma vie! c’était une belle boutique.

TABARIN.

 

BOUTON.

 

L’extrémité de chaque téton, qui est d’une sensibilité telle, qu’en le pressant un peu des lèvres ou des doigts on en fait sortir un flot de jouissance.

 

Ce beau sein sur ma bouche,

Qu’il est pur!

Ce bouton que je touche, -

Qu’il est dur !

GUSTAVE NAPAUD.

 

BOUTON.

 

L’extrémité du clitoris, qu’il suffit de toucher de la langue, du doigt ou de la pine pour ouvrir à la femme la porte des félicités divines. — Voir aussi SONNER LE BOUTON.

 

Laisse mon bouton. mon tit bouton...

HENRY MONNIER.

 

Tout s’ouvre : le bouton des roses,

Et celui des femmes aussi.

(Parnasse satyrique.)

 

BOUTONNIÈRE.

 

La nature de la femme, en opposition à l’anus, que MM. les pédérastes appellent l’œillet.

 

BOXON.

 

Bordel, probablement parce que, comme on y va gris, on s’y boxe souvent, — et non comme l’avance Francisque Michel, sans preuves à l’appui, parce qu’il y avait autrefois, à la porte de ces maisons-là, comme à la porte des cabarets, un rameau de buis (en lat. buxus).

 

Y dit qu’dans tous les boxons

On le r'çoit en paillasson.

DUMOULIN.

 

BOXONNER.

 

Aller de bordel en bordel ; fréquenter les filles publiques. Se dit aussi pour : Baiser.

 

Du dieu Vulcain quand l'épouse mignonne,

Va boxonner loin de son vieux sournois.

(Parnasse satyrique.)

 

BOXONNEUR.

 

Coureur de bordels.

 

BOYAU.

 

Le membre viril, qui semble sortir du ventre — et qui y rentre quelquefois, au grand déplaisir de la femme.

 

Lorsque je bande,

Je me demande.

Si j’ai dans le boyau pinal

Tous les sabres de l’arsenal.

(Chanson moderne.)

 

Adieu ! et jamais plus ne t'advienne entreprendre

Défaire le vaillant, toi gui ne saurait tendre.

Adieu ! contente toi, et ne pouvant dresser.

Que le boyau ridé te serve pour pisser.

REMY BELLEAU.

 
         
 

BEKA; LPM les illustrateurs N° 010

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -14
         
 

BISTOQUER.

 

Vieux mot hors d’usage, signifiant se servir du bistoquet, espèce de queue, de billard employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.

Notre mignon lui répondit

 

Que deux fois l’avait bistoquée.

(Recueil de poésies françaises.)

Mais au moins, dites-moi, l'a-t-il point bistoquée ?

P. DE LARIVET

 

BISTOQUETTE.

 

La pine.

 

Savez-vous, bons citadins.

Ce ue le dieu des jardins

A bien plus gros que la tète ?

Turlurette,

C’est la bistoquette.

Louis Pesteau.

 

BLAGUES À TABAC.

 

Se dit des tétons qui ne se tiennent pas assez.

 

Ceux qui disent que les tétons

Flottent au vent comme des vagues,

Suzanne, tant des polissons :

On voit bien que ce sont des blagues.

ANONYME.

 

BLANCHISSEUSE DE TUYAUX DE PIPE.

 

Fille ou femme galante qui, d’une pipe en terre rouge, fait en un tour de cul ou de main une pipe en écume.

 

BLONDE.

 

Maîtresse,

— quelle que soit la couleur de ses cheveux

ou de son poil.

Puissé-je...

Cramper dans le cul

De ma blonde !

Emile Debraux.

 

BLONDIN.

 

Séducteur, quelle que soit la couleur de ses cheveux.

 

L’autr’ jour, en rentrant chez moi,

J’trouv’la cle dans la serrure...

J’entre et j’ vois ma femm’ près d’un grand blondin,

Tout autre aurait pris la mouche soudain...

J. E. AUBRY.

 

De certain blondin la binette

Me faisait mazurker le coeur.

S. TOSTAIN.

 

BLOUSE.

 

La nature de la femme, qui, au jeu de billard amoureux, reçoit les deux billes de l’homme — avec la queue.

 

Que je voudrais avoir aussitôt un écu,

Voire deux, voire trois,

dans ma pauvre fouillouse.

Comme on a mis de coups dedans votre belouse.

TROTTBREL.

 

BOBOSSE.

 

Entreteneur, miché sérieux.

 

Mais parlez-moi d’ ces vieux bobosses

Qui sans façon vous font présent

D’une guimbarde et de deux rosses :

C’est du nanan.

ÉMILE DEBRAUX.

 

BOC, BOCAN, BOUCAN ou BOCARD.

 

Bordel, — dans l’argot militaire ou populaire. — Voir aussi BOXON et BOUSIN.

 

Le meilleur bocan du Marais

Devient presque une solitude.

CYRANO DE BERGERAC

 

Chez la grosse Catedu, vas-tu donc au bocan ?

LA FONTAINE

 
         
 

Feuilles à l’envers recueillies par un bourguignon sale ; Le pessimiste

LPM les illustrateurs N° 014 

 
         
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -16
       
 

BORDEL.

 

Couvent de femmes qui ont fait vœu de lubricité.

 

C’est le ganea (γάνος, joie) des Anciens, ordinairement situé loin de la ville, et la Borde (petite maison) des Modernes, située aussi dans la campagne, loin des regards indiscrets.

L’on envoie au conscience au bordel, et l’on tient sa contenance en règle.

P. CHARBON.

 

Misérable Philis, veux-tu vivre toujours

Un pied dans le bordel, l’autre dans la taverne ?

MATHARD.

 

Cependant vengeons-nous

Sur la grosse Cateau, qui tient bordel infâme.

LA FONTAINE.

 

BORDEL AMBULANT.

 

Fiacre, dont les stores baissés permettent aux amoureux, qui l’ont pris à l’heure pour aller plus doucement, de faire leurs petites affaires de cul.

BORDELIER OU BORDELIÈRE. Homme ou femme qui hante les bordels.

 

BOSSOIRS (Les).

 

Les tétons, par allusion aux deux grosses pièces de bois qui servent à suspendre et à hisser les ancres d’un navire et qui font saillie au-dessus de l’éperon, à l’avant. — D’où cette facétie libertine :

 

« Les bossoirs (beaux soirs)

font les belles nuits. »

Rembarque-moi ces bossoirs,

Quoi qu’tu fais d’ces morceaux d’tripe’ ?

(Parnasse satyrique.)

 

BOTTE FLORENTINE.

 

Enculage d’un homme ou d’une femme, — par allusion aux habitudes pédérastiques vraies ou supposées, des habitants de Florence, une façon de Sodome.

 

Peut-être aussi le plus bizarre de tous les goûts pour une femme... fait-il qu’elle ne prend aucune précaution contre la botte florentine qui pourrait la menacer.

(Les Aphrodites)

 

BOUCHE D'EN BAS (La).

 

La nature de la femme, — si éloquente dans son langage muet.

 

D’autres femmes y a-t-il, qui ont la bouche de là si pâle, qu’on dirait qu’elles y ont la fièvre.

BRANTÔME.

 

Pour récompenser mon mérite,

Arrachant les dents bien à point,

Permettez que je vous visite

Votre bouche qui n’en a point.'

(Cabinet tatyrique.)

 

BOUCHÈRE EN CHAMBRE.

 

Fille ou femme galante, qui pèse la viande — masculine — avec la main.

 

BOUCHE IMPURE (La).

 

Le trou du cul, — qui parle plus souvent qu’on ne voudrait, et dont le langage n’est en odeur de sainteté qu’auprès des pédérastes.

 

Déjà le comte, dans un moment de délire assaisonné des exclamations les plus passionnées, est allé jusqu’à déposer un baiser fixe et mouillant sur cette bouche impure de laquelle, en pareil cas, il serait disgracieux d’obtenir un soupir.

ANDRÉA DE NERCIAT.

 

BOUCHERIE.

 

Bordel, où abondent les gros morceaux de viande, - humaine.

 

Je vais connaître cette maison et savoir quelle viande il y a à son étal, à cette boucherie-là.

LEMERCIER DE NEUVILLE.

 

BOUCHER LA SERRURE.

 

Mastiquer le vagin de la femme à force de décharger dedans, et le rendre impropre à la fécondation.

 

BOUCHER UN TROU,

UNE BRÈCHE, UNE FENTE.

 

Introduire le membre viril dans le vagin d’une femme, sous prétexte d’en mastiquer les fissures.

Plus loin, j' trouvons madam’ vot’ mère

Sous not’ aumônier Goupillon ;

 

J’ dis : Vous bouchez un’brèch’, not’ père,

Par où pass’rait un bataillon.

BÉRANGER.

 

BOUCHON.


Le membre viril, que la nature a destiné à fermer hermétiquement le goulot de la femme.

 

BOUDER.

 

Joli mot, sotte chose, dit Commernon - Laisser voir, par l’expression de son visage, qu’on a de l’humeur ou du ressentiment contre quelqu’un.

 

On ne saurait bouder longtemps

Quand on boude contre son ventre.

(Improvisateur français.)

 

Tu sais que ta ci-devant femme, quant à ce qui est d’ça (foutre), n’aime à bouder ni contre son ventre, ni contre son bas-ventre.

SOPHIE ARNOULD.

 

BOUDIN OU BOUDIN BLANC.

 

Le membre viril, — dont tontes les femmes voudraient bien avoir dix aunes dans le corps.

 

Qu’est-ce que vous voulez faire du boudin de son mari. N’avez-vous pas assez du votre ?

D'OUVILLE.

 

Il se retourna vers moi et me fit voir comme un bout de bondin blanc qui était assez long, dont je m’émerveillai que je n’en avais point de pareil.

MILILOT.

 
         
 

BEKA; LPM les illustrateurs N° 010

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -17
         
 

BOUDINER.

 

Baiser. — Se dit aussi d’une femme qui se sert d’un boudin, au lieu d’un membre viril, pour se faire jouir.

 

BOUDOIR.


L’endroit réservé, discret, mystérieux, parfumé, où toute femme qui sait vivre reçoit l’homme dont elle veut être aimée — à couillons rabattus.

 

Eh bien, Montade, n’est-il pas joli, mon boudoir ! — Il le sera davantage quand nous l’aurons appelé par son vrai nom, foutoir.

LA POPELINIÈRE.

 

BOUGEOIR (Le), ou la BOUGIE.

 

Le membre viril - qu’on allume lorsqu’on va se coucher avec les femmes.

 

J’ai beau de presser le bouton,

De mon travail, le croirait-on ?

Tu restes spectatrice.

Pour le coiffer d’un éteignoir,

As-tu Jamais prit mon bougeoir ?

He ! zon, zon, zon,

Prends-le moi Suzon,

Il faut que ça finisse.

H. SIMON.

 

BOUGRE.

 

Pédéraste, — en souvenir des hérétiques albigeois et bulgares qui, en leur qualité d’ennemis, étaient chargés d’une foule d’iniquités et de turpitudes par le peuple, alors ignorant — comme aujourd’hui.

Des soins divers, mais superflus,

 

De Fiévée occupent la vie :

Comme bougre il tache les culs,

Comme écrivain il les essuie.

ANONYME.

 

BOUGRERIE.

 

Péché contre nature que commettent, non seulement les pédérastes, mais même quelquefois les honnêtes gens avec les femmes.

 

Un peu de bougrerie

Est dans la vie

Quelquefois de saison.

COLLÉ.

 

BOUGRESSE.

 

Gourgandine, femme qui aime l’homme.

 

BOUILLON CHAUD.

 

Sperme, au moment de son introduction dans le vagin de la femme.

 

BOUILLON POINTU.

 

Lavement spermatique ; enculage.

 

Dieu ! qu’est-ce que je sens ? — L’apothicaire poussant sa pointe ; c’est le bouillon pointu.

(Parodie de Zaïre)

 

BOULETTES.

 

Les testicules, — qu’on ne jette pas aux chiens, mais sur lesquels se jettent ces chiennes enragées d’amour qu’on appelle les femmes.

 

Ceux-là que lu voulais dire qui ne déchargent point, sont les châtrés, à qui on a coupé les deux boulettes et qui ne sont bons à rien qu’à bander quelquefois.

MILILOT.

 

BOURDON.

 

Le membre viril, - sur lequel s’appuie si volontiers la femme qui va en pèlerinage a Cythère.

 

La croix et le bourdon en main.

B. de Maurice.

 

Extasiée, fendue par l’énorme grosseur du vigoureux bourdon de mon dévirgineur, les cuisses ensanglantées, je restai quelque temps accablée par la fatigue et le plaisir.

(Mémoires de miss Fanny.)

 

BOURRIQUER.

 

Baiser une femme comme l’âne saillit sa femelle, avec la même impétuosité et la même absence de précautions — et de délicatesse.

 

...Aux champs, le paysan bourrique.

LOUIS PROTAT.

 

BOURSAVIT.

 

La nature de la femme, qui est en effet une bourse à vits ou, pour parler plus pudiquement, une bourse à glands.

 

Elle avait corps féminin jusqu’aux boursavits.

RABELAIS.

 

BOURSES.

 

Les testicules, qui contiennent la véritable fortune de l’homme — que peut cependant lui enlever cette banqueroute amoureuse qu’on appelle la vérole.

 

... Un banquier, un agent

De change, un financier, disent qu’il ont des bourses.

LOUIS PROTAT.

 
         
 

BEKA; LPM les illustrateurs N° 010

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -19
         
 

BRAGUETTE.

 

Le membre viril, — par corruption de brayette, fente de la culotte par laquelle maître Jean Frappart met le nez à la fenêtre quand il a trop chaud ou qu’il a envie d’éternuer.

 

De l’image de la braguette

Qui entre, corps, oreille et teste

Au précieux ventre dit dames.

(Ancien Théâtre français.)

 

L’insecte prend le bon moment !

Il mord si dru, qu’à sa braguette

Le Saint-Père porte la main,

Et, sur son auguste roupette.

Du morpion bénit l’hymen.

B. DE MAURICE.

 

BRAISE, BRAISER,

 

ABOULER DE LA BRAISE, de l’argent, dans le langage des filles, parce que ce métal brille comme charbon allumé — surtout lorsque c’est de l’or, — et que c’est avec cela qu’on les chauffe.

 

BRANDON et BRANDILLOIRES.

 

Le membre viril, et les testicules, qui brandillent si voluptueusement sous une main de femme.

 

Levant mes jupes, il me fit voir un superbe brandon..., qu’il fit agir avec toute l’impétuosité qu’un long jeûne de mer pouvait lui fournir.

(Mémoires de miss Fanny.)

 

BRANDOUILLER.

 

Branler doucettement quelqu’un où quelqu’une, pour le — ou la — faire bander et l’exciter à jouir.

 

Qui n’invoque point le secours

D’une main gui vous le brandouille.

(Satan et Eve, 47.)

 

Le roi disait à la reine Victoire :

Si tu voulais,

Une heure ou deux, me brandouiller l’histoire,

Je banderais...

Plus d’une fois, une main sous ta cotte,

Tandis que l'autre écartait ton fichu.

Je caressais et brandouillais ta motte...

Dis-moi, Marton, dit-moi, t’en souviens-tu ?

(Chansons anonymes modernes.)

 

BRANLER.

 

Employer la masturbation pour faire jouir les hommes quand on est femme, ou les femmes quand on est homme.

 

Prends-le donc, petite coquine.,. Là... à poignée!,.. Branle ! branle ! pour le remettre en train.

LA POPELINIÈRE.

 

... ...J’ai vu rarement

Une putain sachant branler parfaitement.

LOUIS PROTAT.

 

Un jour que madame dormait, Monsieur branlait sa chambrière.

(Cabinet satyrique.)

 

BRANLER (Se.)

 

Se servir de la main entière quand on est homme, et seulement du doigt médium quand on est femme, pour arriver à jouir sans collaboration.

 

On n’est jamais si bien branlé que par soi-même.

GÉRARD DE NERVAL.

 

Maintenant je suis réduite, farouche,

A me branler, moi ! Que je te maudié !

(Parnasse satyrique.)

 

BRANLER DU CUL,

ou BRANLER LA CROUPIÈRE.

 

Remuer des fesses, de façon à faire jouir l’homme qui vous a payée pour cela.

 

Philis veut avoir un écu

Pour branler une heure du cu,

THÉOPHILE .

 

Cette jeune espicière

Que vous cognoissez bien

Pour branler la croupière

A gagné tout son bien.

(Chansons folastres.)


BRANLEUR, ou Branleuse.

 

Paillard ou femme qui n’est pas assez belle ou qui n’est plus assez jeune pour être baisée, ou qui redoute de l’être à cause des enfants, et qui fait son métier de branler les hommes.

 

... On ne devient pas, il faut naître branleuse

LOUIS PROTAT.

 

BRANLOTTER.

 

Action de branler ou de se faire branler.

 

Colle-toi sur moi ; faisons-nous une bonne branlotte.

LA POPELINIÈRE.

 

BRANLOTTER LE PRÉPUCE.

 

Oter et remettre le petit chapeau de chair qui le protège et le rend si tendre au moindre contact.

Te souviens-tu de ta sœur Luce

 

Qui me branlottai le prépuce ?

(Parnasse satyrique.)

 

BRAQUEMARD.

 

Le membre viril, — par allusion à l’épée courte et large dont on se servait au moyen-âge : c’est avec le braquemard, en effet, qu’on blesse les femmes au ventre.

 

De tant de braquemarts enroidis qui habitent par les brayettes claustrales.

RABELAIS.

 

Mettant la main sous les draps, et trouvant son braquemard.

(Moyen de parvenir.)

 

Il est nommé. . . . . . . . . . . .

Jacques par le farceur, braqmard par l’étudiant.

LOUIS PROTAT.

 

BRAQUEMARDER.

 

Baiser une femme avec énergie et conviction.

 

BRAS.

 

Le membre viril, qui nous sert a prendre les femmes par le — sentiment. — On dit aussi un bras d’enfant pour donner une idée de la longueur et de la grosseur de l’objet.

 

BRASIER.

 

La nature de la femme, où règne une chaleur à faire fondre les pines les plus solides.

 

Tant plus mon mari me brûle en mon brasier.

BRANTÔME.

 

BRÈCHE.

 

La nature de la femme, par laquelle l’homme entre dans le paradis.

 

Madame, n'entendez plus rien,

Laissez donner à votre brèche

THÉOPHILE

 
         
 

BEKA; LPM les illustrateurs N° 010

 
         
   
 

DICTIONNAIRE EROTIQUE

D'ALFRED DELVAU paru en 1886

   
  LA LETTRE B  -20/20
         
 

BRICOLER UNE FEMME.

 

La baiser, lui mettre la bricole masculine dans le vagin.

 

Se trouvant en lieu d’assignation où cinq ou six se trouvaient pour la bricoler.

(Moyen de parvenir.)

 

Et du tout pour avoir bricolé

Avec une jeune guenon.

(Recueil de poésies françaises.)

 

Lorsque l’on est las de Catin,

On embrasse Nicole,

Qu’on abandonne le matin

Pour Suzon, qu'on bricole.

COLLÉ.

 

BRIGADIER DE L'AMOUR

 

(Le). Le doigt médium, — à cause de l'assistance qu’il prête aux amants dans les jeux libertins, puisque c’est avec lui qu’on branle une femme.

 

Quand amour perd de sa flamme,

Ce doigt la réveille en vous ;

Lorsqu'aussi près d'une dame

Le dieu cueille un beau laurier

Ce doigt est son brigadier.

(Chansons anonymes modernes.)

 

BRIMBALLER.

 

Vieux mot hors d’usage signifiant sonner les closches, employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.

 

Seulement il ne voyoit’ sa femme brimballant.

RABELAIS.

 

Et que sur le tombeau, où je reposerai,

Neuf fois par neuf matins il brimballe des filles

Et de neuf coups de cul son vit je bénirai.

THÉOPHILE.

 

BRIMBORIONS (Les).

 

Les testicules, — qui ont l’air de pendre à la queue de l’homme comme les pompons à la tête d’un mulet.

 

Peux-tu, me dire aussi tous les différents noms

Que l’on donne parfois aux deux brimborions

Qui sont pendus après ?...

LOUIS PROTAT.

 

BUT D’AMOUR, ou BUT DU DÉSIR,

ou BUT MIGNON DE FOUTERIE (Le).

 

La nature de la femme, à laquelle tendent tous les membres suffisamment virils.

 

Et lorsqu’il vit le but d’amour.

(Moyen de parvenir.)

Et quand ma main approche

Du but de mon désir,

J’attrape une taloche

Qui fait toujours plaisir.

COLLÉ.

 

BROQUE, ou BROQUETTE.

 

Le membre viril — avant qu’il soit viril. — Monstrelev parle d’une statue d’enfant (le modèle de Mannekenpis) qui « par sa broquette donnait eau rose. »

 

Allons, mon petit ami, sors ta broquette pour que je la baise.

J. LE VALLOIS.

 

Lorsque d’Adam en paradis

Ève soulevait la breloque

Qu’importait à son clitoris

Un nœud, une pine... une broque !

PAUL SAUNIÈRE

 

Ici-bas, voilà notre état :

A coup de cul il faut qu on broque.

Le plus pauvre sur son grabat

Se démène à, grands coups de broque ;

Rois, juges, soldats valeureux,

Musulmans, païens, chacun broque ;

Et le Saint-Esprit amoureux

Nous a faits chrétiens par la broque.

PAUL SAUNIÈRE.

 

... L’avenir m’inquiète...

De Pincecul, hélas ! l’exécrable broquette

Peut n’être pas...

LOUIS PROTAT.

 

BRULER, ou BRULER UN CIERGE.

 

Être très amoureux. Tirer un coup avec une femme, — qui se charge de vous faire couler.

Vénus, à ta charmante loi

 

Mon cœur n’est point rebelle :

Je me sens presque malgré moi

Brûler pour chaque belle.

ARMAND GOUFFÉ.

 

BUISSON (Le).

 

Les poils qui ornent le mont de Vénus et qui défendent souvent l’entrée du vagin, quand ils sont mal peignés et mal lavés.

 

C’est là-d’ssus qu’la vieille femm’ se r’jette :

Son buisson est large et touffu ;

N’eût-on plus d’cheveux sur la teste,

Il faut avoir du poil au cul

AUGUSTE LEFRANC.

 

BURETTE (Petite).

 

Le membre viril, qui contient l’huile essentielle de l’amour, cette «bonne eau» (de vit) dont parle Brantôme en ses Dames galantes, et « qui est si douce sans sucre. »

 

Va... ferme ! que rien ne t’arrête...

Fais-moi cadeau d’ta p’tit burette.

H. MONNIER.

 

J’y vas d’ma burette tous les matins et tous les soirs.

LEMERCIER.

 

 
         
 

BEKA; LPM les illustrateurs N° 010

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -4

         
 

BARILLIER : fabricant de barils ; tonnelier. Ce mot se trouve dans la nomenclature des métiers du commencement du XIVe siècle.
BARRACAN : bourracan, étoffe de poil de chèvre. Expression de l'ancien français, prise de la basse latinité barracanus.
BARRETEL. Voyez BARATTON.

BARRETOUX : querelleur, tapageur. De la basse latinité barra, bâton.

BARRIQUE (AVOIR LA) : être ivre.

BASSE : servante. De bachelette, jeune fille.
BASSÉE : basque d'habit.

BASSETILLE : basque d'habit. Valognes. BASSICOTER ; BACIQUOTER ;

BACHICOTER : marchander d'une manière mesquine. De bassicot, cage en charpente, au moyen de laquelle on élève les ardoises du fond de leur carrière. Au propre, bassicoter signifie tirer à soi ; au figuré, c'est attirer un objet en l'agitant, en le tiraillant. C'est ainsi que tribulation, peine morale, souffrance de l'âme, vient du latin tribulum, machine à battre le blé. Suivant Borel, baciquoter signifie tromper.
BASSICOTIER, ÈRE : celui ou celle qui bassicote.
BASSIN : renoncule des prés (Ranunculus pratensis), parce que la couleur de cette fleurressemble au poêlon de cuivre jaune qu'on appelle bassin.
BATACLAN : attirail, meubles, ustensiles,
bruit confus. Pataclan dans le patois Troyen. Sorte d'onomatopée. BATIAUX : vieux meubles ; vieilles pièces de mauvais bois.
BATIÈRE : bât. De Bαστάζω, porter.
BATTAISON : pente ou inclinaison donnée à une construction pour la rendre plus solide. Roman.
BATTELESSIVE : hoche-queue ; lavandière.
BATTERIE : lieu où l'on bat les céréales.
BATTONER manger avidement.

BATTU (lait) : caillé égoutté, puis écrasé avec


 

du lait frais et de la crème. C'est cettepréparation que, dans d'autres parties de la Normandie, on appelle de la piquette.

BAUBE : bègue. Du latin balbus ; du verbe grec Bαμδαίυω, balbutier.
BAUBER : bégayer.

BAUCHIER : ouvrier en bauge ou pisé. On lit, dans les Chansons Normandes que nous avons recueillies à la suite de notre édition des Vaux-de-Vire de Basselin, p. 182 :

 

A la compaignye d'un bouchier

Venus sommes du Vau de Vire.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -3

         
 

BALÈQUE : bavarde. De bat et de langue.

BALIATTE ; BALIETTE : petit balai.
BALIER : balayer. Se dit aussi dans le patois Lorrain.

BALIURES : balayures.
BALLANNER : rôder, ne rien faire.
BALLANT, TE : pendant, les bras ballants. Au figuré, fainéant.

BALLAS (s. f.) : commère, fainéante.
BALLER : être pendant. Du roman baller, danser. En italien, ballare.
BALLIÈRE : sorte de paillasse remplie de balle d'avoine. Se trouve aussi dans le patois Lorrain. Voyez PAILLOT.
BALVAUDER : rester les bras ballants. Ce verbe signifie aussi faire mal un ouvrage ; galvauder.
BAMBOCHER : faire des bamboches, de mauvaises farces ; se livrer à la débauche.

BAMBOLER ou BANVOLER : gesticuler et se balancer d'une manière désordonnée, comme les cloches que l'on sonne à toute volée.

BANCELLE (s. f.) : petit banc.
BANLOCHER : balancer, branler.
BANNE (s. f.) : grand banneau. Du celtique benna. En français, la banne est une sorte de panier.

BANNEAU : tombereau ; petite banne.

BANNELÉE ce que contient un banneau.
BANNELER charrier en banneau.
BANNIE enchère publique. De ban.
BANNIR publier solennellement, louer en bannie.

BANON : cuvier pour recevoir le cidre dans le pressoir. On l'appelle aussi bêleron.
BANON (DE) : en liberté de paître après la récolte. Se dit des bestiaux qui ont cette faculté après le ban, ou simplement après'époque déterminée par l'autorité. Ce terme de l'ancienne Coutume de Normandie s'emploie en parlant des bestiaux qui paissent sans être attachés, à l'abandon.

BANON : enfant pleureur.

BANONNER : pleurer comme un enfant.
BANQUE élévation de terre en forme de banc ; Crète de fossé.
BANQUÉ E : celui ou celle dont les bans de mariage sont publiés. BANVOLE : sorte de girouette, d'éten-dard, de petit moulin à vent, pour jouet d'enfants.
BAQUER : céder, plier.
BAR ou BARD : forte pièce de bois sur laquelle on assujettit un arbre, pour le scier en madriers ou en planches.

 

 

BAR : civière.

BARAI ; BARRIS : baillerai, baillerais. 

BARATTÉ : babeurre, liquide qui reste au fond de la baratte, quand le beurre en est extrait.

BARATTON : sorte de pilon, avec lequel on fait le beurre dans certaines barattes.
BARBACROC : moustaches qui font le crochet ; homme qui les porte.

BARBAUDIER : bavard.
BARBELÉE (GELÉE) : frimas qui couvrent les plantes d'une sorte de barbe.
BARBISTRAL : barbier.
BARBOT : bourbier. Barboter en vient.
BARBOTTEAU : caparaçon.
BARBOUILLER : bredouiller. Babouï, dans le patois Walon.
BARÈTE : baratte.

BARETÉE : mesure de cinq décalitres, demi-hectolitre. Ce mot vient de ce que le demi-hectolitre offre à peu près la contenance de la baratte commune, que le peuple appelle barète.

BARETER : baratter ; agiter dans une baratte la crème que l'on veut convertir en beurre.
BARGE (s. f.) : foin ou paille empilée en forme de cône.
BARGOUILLARD : babillard importun.
BARILLER : barbotter. Valognes.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -6

         
 

BÉLIANE : canard tadorne.
BELIN : bélier.
BELLEMENT : grandement.
BELOSSE ou BLOCE : fruit du prunellier.

BÉLUETTE : bluette ; étincelle.
BELZAMINE : balsamine. Id. dans le patois Lorrain.
BEN : bien. De bene. C'est une simple crâse qui supprime l'i de l'adverbe bien, comme ren est celle de rien dans

plusieurs patois.

BÉNAMEN : assurément. C'est approuvé, en disant bien ! amen

BÈNE : ruche ou panier. De benne ou banne, hotte de vendangeur. Avranches.
BÉNÊQUE : oie sauvage. De bernache, oie du Nord.
BÊNI : escargot. Avranches.
BÊNIR, en parlant du linge : sécher un peu ; cesser d'être complètement mouillé.
BENOM : surnom, sobriquet. De bis nomen.
BÉQUERELLE : bavarde acariâtre et querelleuse. Du roman becquerelle mauvais propos écourté.

BÉQUET : petit clou que l'on met sous la semelle des souliers
BER. Voyez BERS.

BÉRAT : bec d'un vase, par où l'on verse le bère.

BÉRANGUIER : marchand de fromages et de fruits.

BERBIS : brebis. Du latin vervex.
BERCA : brebis.BERDAILLER ou BREDAILLER : bredouiller ; faire un bruit importun, en parlant d'un rouet.

BERDALE : femme de mauvaise conduite.
BERDANCIER : inconstant
BERDANSER (SE) : se balancer. De danse BÈRE : boire. Je bérai, tu béras. etc. De même pour les autres modes de ce verbe. Je bés, ils bèvent. Bès ou beu, à l'impératif. Appartient également au patois du Jura.

BÈRE : cidre ou poiré. Corruption de boire. C'est une sorte d'euphémisme. Maitre bère, gros bère : cidre pur et fort.
BEREAU : tuyau de bois ou de métal, dont on se sert pour dépoter le cidre et le tirer du tonneau ; - broc. On lit ce vers dans Basselin :


Les pipes, les bereaux

pleins de liqueurs vermeilles.

 

BÉRÉE (s. f.) : frigilla , sorte d'oiseau. Au figuré, petite bérée, jolie petite fille, bonne

et gracieuse.

BERELLE : dispute entre buveurs.

BERGE : estomac des oiseaux.

 

 

BERGEAS : moutons, brebis.

BERLAN : brelan. Id. patois Lorrain.
BERLANDE. Cuillère de bois.
BERLICOQUET : jeune coq ; cochet
BERLINGUETTE : petite sonnette. Onomatopée.
BERLOQUES : breloques. Id. patois Lorrain.
BERLOT : coq-d'Inde. Onomatopée tirée de son cri, lorsqu'il fait la roue.
BERLUETTE : bluette, étincelle.
BERNE : berme de chemin.
BERNICLES : besicles
BERNOUSER ou BRENOUSER : salir par des excréments. Du celtique brenn, son, la partie du grain qui enveloppe la farine.

BERNOUX : brenneux.
BEROUASSE ; BROUASSE : bruine, pluie fine qui brouille le temps.
BEROUÉE : brouée; brouillard pluvieux. Dans le patois du Jura, brouée signifie une ondée. Du latin pruina ; du celtique-breton brumen, brume, brouillard épais.
BÉROUETTE : brouette. En patois Walon , berwette.

BERQUE (s. f.) : vieille brebis. Voyez GERCE.
BERQUER : berger.
BERQUERIE : bergerie.
BERQUIGNOT : homme mal bâti.
BERRICHON : femme dont la toilette est en grand désordre.

 
         
   
         
 

Glossaire du patois normand

 par Louis Du Bois 1773-1855

Augmenté des deux tiers, et publié

 par M. Julien Travers.

Caen : Typographie A. Hardel, 1856

 

CPA collection LPM 1900

Les Paysans de Bernard GAUTIER

 

La lettre B

 

BABINOUX. Voyez BOBINOUX.
BABOTIER : babillard.
BABOUIN. Ce mot se prend en mauvaise part, comme qui dirait.: mine de singe. De babine : lèvre.
BABOUIN : sorte de statue en neige, que les enfants pétrissent dans les rues.
BACHEROLLE : vaisseau de bois pour porter de l'eau. Du roman bachoue, bachole, tine ou vase de bois propre à transporter la vendange.
BACHEAU ou BACHOT : petite bâche pour pécher les écrevisses. En roman, bagou. — Dans les marais du Cotentin, un bachot est une petite barque.

BACON : porc salé. De la basse latinité baco, cochon.

BACOUETTE : hoche-queue ; lavandière. De bat, et de coue, dont le diminutif est couette. C'est la même signification, en termes équivalents, que hoche-queue

BACUL : traverse de bois pour attacher par derrière les chevaux attelés. Ce mot, dans l'arrondissement de St.-Lo, employé pour désigner une personne qui a les cuisses et les jambes courtes, doit s'écrire bas-cul, et n'est pas l'exact homonyme de bacul (bat-cul).
BACULOT ; BAGULOT : petit bâton qui sert à jouer. Du latin baculus.

BADER (SE) : mouiller ses vêtements par le bas ; se crotter. Badé, e, crotté et mouillé. De bad (bois, eau), expression celtique, de laquelle sont venus les noms des villes de Baden en Allemagne, et de Bash en Angleterre, qui, toutes deux, ont des bains célèbres ; et même le mot

 

 

badaud appliqué aux Parisiens, parce que leur ville, naturellement humide, était fréquemment enveloppée dans les brouillards de la Seine et des marais. En islandais, bada, se baigner

BADINOUX : petit rouet dont le travail très-facile n'est qu'une sorte de badinage. 

BADOCHET (s. m.) : entremetteur ou entremetteuse de mariages. On l'appelle aussi rouche-croûte, parce que ce sont ordinairement de vieilles femmes (pouvant à peine ronger leurs croûtes) qui se chargent de ce ministère officieux et lucratif.

BAFFE : tape, soufflet. Roman. Du mot paf.

BAFRE et BAFRÉE (s. f.) : régal ignoble de gourmands. Bafrée se dit également en patois Lorrain.

BAFRER : faire une bafre. Se trouve aussi dans le patois Troyen.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -7

         
 

BERRUCHON ; BERRICHON : roitelet.
BERS :
berceau. On lit dans Cretin :


Car soubz l'enfant gisant au bers.

 

Wace avait dit dans le Roman de Brut, v. 13, 895


Enfans em bers esboeler.

 

BERTELLES ; BERDELLES : bretelles.

BERZOLE : femme étourdie, qui ne songe qu'à se divertir. Du celtique-breton berza, défendre, chômer une fête. Voir le Dict. de Le Gonidec.
BESCOCER :
se troubler. Ce verbe est employé dans le même sens par Froissard

(Poésies, p. 338).
BESEAU : l'oiseau dernier éclos d'une nichée. Voyez ÉCLOCU.
BESER en parlant des vaches en rut : courir çà et là.
BESIN : demi-ivre.

BESOT (porter) : porter malheur. Parce que le besot, le double-as, est le plus faible point que puissent amener les dés.
BESTIAL :
bétail. On a conservé en français le pluriel bestiaux.
BESTOURNER :
déranger, renverser. De la basse latinité bistornare.
BÊTAS :
même sens que bêta : bête  sot ; imbécille.
BÊTASSE
(s. f.) : grosse bête, imbécille. De l'italien bestiaccia.
BÉTELER
(v. n.) : cailler sur le feu, en parlant du lait. Voyez CALEBOTTER, et TRUTER.
BÊTISER
(v. n.) : dire des niaiseries, des bêtises.
BÉTON :
petit sot, petite bête.
BEUCHONNIER :
ivrogne qui fréquente les mauvais cabarets, les bouchons.

BEUCLÉ. Voyez BÉCLÉ.

BEUGUER : roter.

 

 

BEURGUER ; BURGUER : pousser.

BEURRÉE (soupe à la beurrée) : panade.
BEZOT :
le dernier né d'une couvée. S.-I.

BIANC : blanc. C'est l'i pour 1'l, comme en italien après A, B, P, V.
BIANCHET :
blanchet, sorte de corset. A.
BIARD on BLARD : sorte de civière pour transporter les morts. De Bière.
BIAU (DE) :
Mettre ses chaussures de biau. C'est les mettre au pied, auquel elles ne sont pas destinées.
BIAUCOUP :
beaucoup.
BIBE :
bube, petite tumeur survenue à la peau. Du grec βουβώυ, tumeur.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -8

         
 

BIBERONNER (v. ne): faire biberonner un enfant, lui faire boire du lait avec un biberon.
BIBELLE : petite bube à la figure.
BIBET : moucheron. L'auteur d'une des Chansons Normandes, que j'ai recueillies à la fin de mon édition de Basselin, dit, p. 210:


L'araigne, qui tous les ans 

Fesoit son nid au dedans,

Avec mouches et bibets

Qu'elle prenoit dans ses rets.

 

Voyez GUIBET.
BIBETTE : petite bube. Diminutif de bibe.
BIBI : bobo ; mal léger.
BIBRETEUX : rouge.
BICACOIN : en zig-zag; de côté et d'autre.

BICLE ; BICLESSE ; BIGLE ; BIGLESSE : louche. Le poète normand, Elis de Bons, dit à Camus, évêque de Séez :

 

Que son renom sera universel
Malgré l'effort de la biglesse envie.

 

L'Académie a conservé bigle et bigler.

BIGLER : regarder du coin de l'œil.
BICOIN : de côté et d'autre ; en zig -zag.

Voyez BICACOIN.

BICOQUET : sorte de coiffure de femme, favorable à la coquetterie.
BIDAILLON : mauvais bidet ; petit cheval de peu de valeur.
BIDOCHE (s. f.) : cheval de bois ou de carton, pour les amusements populaires.
Nous en avons parlé dans nos Archives Normandes (année 1826, p. 374), à l'art. Cérémonies des Mariages dans la partie occidentale de département de l'Orne.

BIDOQUE (s. f.) : vieux cheval, mauvais bidet.

BIE : cruche ; par extension, toute sorte de vase. De buie ou buire, espèce de broc pour les liqueurs de table. Ces mots, ainsi que burette (contraction de buverette), busse, botte, que Du Cange dérive du grec, viennent du primitif celtique banc et baot, qui signifie antre et généralement tout ce qui est creux. Bocal, boucaut, et (suivant Bullet) bouteille, ont la même origine, de même que bouche et poche, le dernier mot ayant changé le b en p ; ce qui est fréquent dans ces sortes de dérivés et de composés.

BIEF : biez , canal qui conduit l'eau au moulin.

BIENVENUE. Voyez VENANTISES.
BIÈRE : fantôme échappé de sa bière. BIEU : biez ; ruisseau.
BIEU : bleu. L'i pour 1'l, comme on a vu ci-dessus dans bianc , etc.

 

 

BIGARNOISE (A LA) : coiffé à la bigarnoise ; d'une manière effrontée.

BIGNE : tumeur ; enflure produite par un coup. Dans le patois Lorrain on dit beugne, et geugne. En roman bugne, buigne.

BIGNET : beignet. Patois Lorrain.
BIGNOCHE. Voyez BIGORGNE.
BIGORGNE (s. f.): partie d'un arbre, ou morceau de bois biscornu, raboteux. En

français, la bigorne est une sorte

d'enclume qui a deux pointes ou cornes (de bis et de cornu). Au figuré, on dit des lettres bigorgnes, pour des lettres mal conformées.

BIGRE : bougre, juron grossier. Du latin apiger (qui regit apes) on a fait biger, bigrus, garde forestier, chargé du soindes ruches. Plusieurs chartes du moyen-âge offrent ces biger, bigrus et bigre. Un aveu, rendu en 1479 par le seigneur de Bémécourt au comte de Breteuil, s'expri-me ainsi : « Ai droict... , quand on met des mouches en la dite forest de Breteuil, d'envoyer mon bigre avec les bigres du roi, lequel doit être juré devant le chaste-lain de Breteuil de bien et fidellement querre les abeilles et le miel pour en faire mon besoing. » On trouve aussi ce qui suit dans un aveu de la seigneurie de Neaufle, rendu également au comte de Breteuil en 1465 : « Et du dict fief d'Auvergni despend un hostel, appellé l'Hostel de la Bigrerie ou Hostel aux Mousches. »

 
 
 
 
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -9

         
 

BIGUENETTE : dévote acariâtre. De bigotte.
BIHAN : rouet.
BIHORAGE (s. m.) : plantation en désordre ; terrain mal cultivé.
BIHOT. Voyez BUHOT.
BIHUTTE : mauvaise cabane. De butte.
BIJAUDER : faire le plaisant. Orne.
BIJUDE. Voyez BIHUTTE.
BILANDIER : être bilent. V. ce mot. BILANGE (s. f.) : bande étroite d'étoffe. De lange ou linge.
BILENT : lent, très-lent, fainéant. De bis et de lentus. En Roman bilant.
BILLOT : « C'est comme la noblesse du Billot ; va te coucher, tu souperas demain ! » parce que les gentilshommes de cette petite contrée de l'arrondissement de Lisieux étaient en général fort pauvres, par comparaison avec la noblesse normande.
BINDER : s'impatienter. S.-I.
BINEL : guignon. Jouer de binel. Orne.
BINET. Voyez BIGNET.

BINGOT : stalle de lavoir. Val.
BINGOT : panier en paille nattée.
BINOT : monceau ; tas.

BIOCHE (s. f.) : petite bie ; petite cruche.
BIONNER : travailler avec redoublement d'efforts. De bis. En vieux argot, bier signifie aller.
BIQUETTE : petite chèvre ; jeune bique, qu'en patois de Courtisols on appelle bica.
BIRETTE (s. f.) : verge d'enfant. Du latin

veretrum.
BIRINGUE : rosse ; mauvais cheval.
BIROQUE : rosse.
BIROU ; BIRUCHET : roitelet.
BIS (s. m.) : recoupe de blé.
BISCANTINE ou PISCANTINE : boisson mauvaise et plate. Voyez CLACUSSE.
BISET. Voyez BISEUL.

 

 

BISETÉ (éaillou) Voyez BISEUL.

BISETTE (s. f.) pain bis.

BISETTE : macreuse (Anas nigra).

BISEUL : gros caillou ; bloc de silex brut. Suivant Bochart, biset, pour bisec, vient du grec βιζάπιον qui signifie une petite pierre. Meursius le prouve au mot Bιζάπιον. Les Chaldéens disaient biseca.

BISIEUTRE (s. m. ) : calamité, malheur. Orne.

BISQUE ( s. f.) : poiré fait avec des poires jetées simplement avec de l'eau dans une futaille ; par extension, mauvaise boisson.

BISQUE (s. f.) : haridelle, mauvais cheval.
BISQUE ET DE COIN (DE) : de travers. Voyez BICACOIN.

 
 
 
 
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -10

         
 

BISQUER : éprouver du dépit Comme celui qui boit de la bisque ou bien est monté sur une bisque.
BISSAQUET (Bourgeois) : paysan décrassé qui fait le fier, et semble oublier qu'il a porté le bissac.
BITER A : toucher à. L
BITOT : bientôt.
BLAGUE (s. f.) : bavardage de fanfaron. Parce que la blague, proprement dite, paraît une bourse bien garnie, et ne renferme qu'un peu de tabac.
BLAGUER (v. n.) : bavarder pour se vanter, hâbler.
BLAGUEUR, SE : celui ou celle qui blague.
BLAIS (St.) : St.-Blaise. A Alençon, le peuple dit le fau‑bourg St. -Blais.
BLANC : on ne dit plus que six blancs. Le blan ou blanc valait cinq deniers. Nos six blancs représentent donc 2 sous 6 deniers, ou 12 centimes et demi.
BLANC-MUGUET : aphtes qui survien-nent à la bouche des petits enfants, et ressemblent à la fleur du muguet dont ils ont la couleur.

BLAUDE (s. f.) : espèce de blouse. Se trouve aussi dans le patois du Jura. On disait dans notre ancienne langue bliaud, de la basse latinité blialdus, bliaudus, blisaudus, et même blidalis dans Du Cange. Les Lyonnais en ont fait blauda, les Picards bleude, les Normands blaude et plaude, les Troyens biaude.
BLEC ; BLÈQUE ; BLÈCHE : mou, molle, en parlant de fruits. En patois Rennais, blet. Ce qualificatif est dérivé du grec βλάξ qui signifie mou. Blèque en roman.
BLÉCHIR (v. a.) : mollir, en parlant de fruits, tels que la poire, la nèfle, la corme. Les Lorrains disent blessir et blettir.
BLÉRIE ou BLAIRIE (s. f.) : champ couvert du blé qu'on y a semé. BLESSE (s. f.) : blessure
 

 

 

produite par l'effet d'une chûte, d'un coup violent ou d'un effort.

BLET (s. m.) : image. Avranches.BLÊTE ou BLÊTRE (s. f ) : motte de gazon. Bleite en roman signifie toupet, touffe de cheveux, comme notre blête est une touffe de gazon de graminées. Dans la langue romane, dit Roquefort, on désigne par blotte et bloutre « une petite motte de terre renversée par le soc en labourant. » 

BLETTER (v. n.) : rester immobile comme une blête. Val.

 

 
 
 
 
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -11

         
 

BLEU-BLEU : barbeau, bluet.

BLEUS (s. m. plur.) : linges de couleurs qu'à la lessive on établit sur le cuvier pour les laver les premiers, parce qu'ils n'ont pas besoin d'y séjourner aussi longtemps que le reste du linge. C'est ce qu'à Alençon on appelle la tournée.

BLOCHE ou BELOSSE. Voyez BLOSSE.
BLOQUE (s. f.) : pièce de 2 sous (10 centimes). Bloquer signifie vendre dans l'argot récent.
BLOQUET : souche, pièce de bois, billot. Manger au bloquet , manger sur le billot.
BLOQUET : fuseau de dentellière.

BLOSSE : prune sauvage , fruit du prunellier des haies. De roman baloce, belloche.
BLOSSES : yeux.
BLOUQUE : boucle. C'est une métathèse qui n'est pas particulière à la Normandie.
BOBAN : luxe, bombance. De pompa.
BOBILLON, NE : minutieux, méticuleux. En patois Rennais, bobillon signifie bavard.
BOBINETTE : loquet, cheville qui ferme la porte. Employé par Perrault, dans le conte du Petit Chaperon Rouge.
BOBINOUX : dévidoir qui sert pour les bobines.

BOBON : bonbon.
BOCAIN: paysan du Bocage.
BOCHE: bouche. Puer la bôche, avoir l'haleine fétide. Valognes.
BOCHER (v. n.) : paraître volumineux, comme s'élève une bosse. Voyez BOSSER.

BOCHET ou BOCHETTE : élévation ou bosse que fait le fil sur le fuseau. En roman, bochette.

BOCHU : bossu. Dans le XIIIe. siècle, on disait bochu pour boçu on bochu :

 

On m'appelle bochu , mais je ne le suis mie,

dit Adam de La Halle, poète d’Arras, qui, vers 1250, donna la première comédie française et la première pastorale (Le jeu de la Feuillée, et Le jeu de Marion et Robin). Voir M. Paulin, Paris, Cabinet de lecture du 24 janvier 1836.


BOE : boue. Roman. Gautier de Coinsi dit

 

Boe et venin tout environ
De totes pars en sailloit fors.

 

BOEL (s. m.) : cour près de l'habitation.

BOÊME : il a l'air d'un boême, d'un boêmien (bohémien) ; il a l'air noir et sale d'un sorcier. En roman, boem, signifie sorcier ; boêmé, ensorcelé ; boesmien, vagabond. Les Bohémiens du XVe. sièclesont, suivant le baron de Bock, originaires des Grandes-Indes, et appartenaient à

 

 

la caste méprisée des Sudders.

Le mot bohème est passé récemment dans la langue française, où il désigne une portion notable de la jeunesse parisienne, dont ce mot indique métaphoriquement les moeurs relâchées.

BOGUE (s. f.) : hérisson ou enveloppe de la châtaigne. La bogue tire son nom de sa conformation : elle s'ouvre comme les paupières sur un œil. Roquefort n'a pas connu ce mot ni les deux acceptions qu'il 

BOGUES (s. f.) : les paupières, et, par extension, les yeux. Du grec βοώπις, qui a de grands yeux. Le poisson que l'on nomme bogue ne porte ce nom, suivant l'ichtyologue Rondelet, qu'à cause de la grandeur de ses yeux, du mot grec βόωψ.
BOGUÉYE : chassie. P. R. Boguille.

BOGUÉYEUX, SE : chassieux, se. P. R. Boguilleux.
BOILLE ( s. f.) : gros ventre. Du vieux substantif français boel, boyau. En roman, beuille signifie le nombril, et, par extension, ventre ; d'où boillu, ventru.

BOIRAILLER : boire à tort et à travers.
BOIRE (s. m.) : petit boire, cidre mêlé d'eau.
BOIRE (s. f.) : abreuvoir.

BOIS-DOUX : réglisse.
BOIS A FUMER : clématite des haies

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -2

         
 

BAFREUR : qui aime la bafre ; goinfre.
BAGLE : bague.
BAGNE (SUER A) : suer abondamment, comme dans un bain chaud.
BAGOU ou BAGOUL : fécondité de paroles stériles. Ce mot existe aussi dans le patois du Berri. De gula, gueule, goule.
BAGOULARD : bavard.
BAGOULER : bavarder.
BAGUER (v. n.) : se dit d'une couture qui fronce désagréablement.
BAHUYER : bahutier.
BAICHIN, NE : nigaud. De Baissin, parce que les Baissins sont regardés comme moins civilisés que les habitants de la Haute-Normandie. Voyez BAISSIN.
BAILLE-LA-GOULE : bavard, sujet à manquer de parole. C'est ce que la Farce de Pathelin, p. 110, appelle

 

Des bailleurs
De paroles en payement
A rendre au jour du jugement. L.

 

BAILLOUX : fainéant et maladroit, qui semble bâiller toujours et ne donner aucune attention à son ouvrage.

BAINS (s. f.) : mauvais cabaret, où l'on ne peut se procurer que de mauvaise boisson. BAISEUL

: partie de la croûte d'un pain qui, dans le four, a touché un pain voisin (l'a baisé). Dans plusieurs cantons de la Manche, on dit du baisé dans le même sens.
BAISSE-MINE : sournois; décontenancé.

BAISSIN : habitant du pays de Bas, du Bas pays. Ce sont des manoeuvres qui viennent du

 

 

Bas-Maine et des arrondissements normands contigus, pour travailler dans la Haute-Normandie. Ce mot baissin n'a nul rapport avec le Bessain ou Bessin (le territoire de Bayeux) : il a la même origineque baissière, liqueur qui reste au bas d'une futaille.

BAITE : ivre.BAITER (SE) : s'enivrer.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -5

         
 

BAUDE : engourdi par le froid. Il a les mains baudes, comme on dit à Lisieux : il a les mains pottes. C'est le B pour le P, et le P pour le B.

BAUDOUR : joie ; réjouissance. Roman.
BAUME : menthe coq (Tanacetum balsamita). Par extension, toute plante aromatique.

BAVE (s. f) : bavardage. Villon dit, dans ses Repues franches :

 

Qui sçavez si bien les manières,
En disant mainte bone bave,
D'avoir du meilleur de la cave.

 

BAVE DE COUCOU : cercops écumeuse, insecte.

BAVER : bavarder. Le juge dit au drapier, dans la Farce de Pathelin :

 

Paix, par le Dyable ! vous bavez.

 

BAVERESSE : bavarde.

BAVERETTE : bavette au-dessus du tablier.

BAVETTE : petite bavarde.

BAVOL (adv.) : filer bavol, filer négligemment, inégalement. Voyez BAVOQUER.

BAVOLETTE : bavolet ; femme qui porte cette élégante et riche coiffure du village.

BAVOQUER : filer un fil inégal. C'est à peu

près le verbe bavocher, qui signifie imprimer grossièrement.

BAVOT : partie du fil où il est grossier et inégal.

BAVREULE ; BAVROLE : bluet.

BAYON ; BÉION : cuvier du pressoir, dans lequel on recueille le cidre que la pression du marc fait couler. Cette cuve s'appelle aussi béron et bélon. Du celtique-breton béol, cuve.

BÉ : bien. De bene. Les Basques disent bey.

BEAUBELLE (s. f.) : hypocrisie. Faire la beaubelle, agir en tartufe. De beau, belle, qui affecte d'être beau de caractère.

BEAU-PERDU (OEIL) : oeil qui n'y voit pas, mais qui a une belle apparence.

BÉBÉS; BÉBÊTE  : bête malfaisante. Mot enfantin.

BEC DE CORBIN : renoncule des champs (Ranunculus arvensis).

BÉCAILLER : bavarder. De bec. Voyez BEQUERELLE.

BÉCANCIÈRE : bavarde revêche qui, comme on dit, a bec et ongles.

BÉCANETTE : sorte de chantepleure de bois, ordinairement en sureau ; petite ruche, vase  à  boire. De bec.

BÉCARD : jeune mouton d'un an, dans le patois Bayeusain ; de deux ans, dans le patois de l'Orne.

BÉCASSON : oiseau le dernier éclos de la couvée. Voyez ÉCLOCU.

BÊCHEVÊCHE : en sens contraire. Voyez BÉJUEL et TÊTE-BÊCHE.

BÊCHEVÉCHER ; BÊCHEVÉLER : mettre en sens inverse, en sens opposé.

BÉCLÉ, en parlant du lait : caillé. Clé pour clair. Voyez TRUTER.

BÉCO (DE) : de plus ou de moins d'un nombre déterminé ou proposé. Un   gant de  béco : un

 

 

gant dépareillé. Voyez  ÉTIPE. Dans le  celtique-breton,besk signifie la privation d'un membre

BÉCOT : baiser sur la bouche, le bec.

BÉCOTER : donner des bécots.

BÈCU : maladroit , malavisé. De besk, écourté.

BÉDANGOUX : bègue.

BÉDANGUER : bégayer.

BEDÉE (DE) : tout à coup ; étourdiment.

BEDEIN : jeune veau. Peut-être du latin bis et dens, qui a deux dents.

BÉDIÈRE: lit, couche. De l'islandais beder, de l'anglais bed. Pont-l'Évêque

BEDONDON; BÉDONDAINE: bedaine.

BÉDOT ou BÉDROT : le dernier né.

BÉDOU : rouge-gorge.

BÉGAS : sot, qui ne sait que dire. De bègue, sans doute, parce que celui qui bégaie a l'air d'un niais, par l'effet de la difficulté qu'il éprouve pour s'exprimer.

— On appelle begas, dans la Manche, cette pièce de bois portative, où l'on suspend la lampe pour les repas du soir ou pour les veillées ; et grand begas, métaphoriquement, un grand garçon, immobile par bêtise ou par maladresse.

BÉGAUD : nigaud. Roman.

BÉGAUDER : dire des niaiseries ; balbutier.
BÉGAUT : chandelier de bois avec une bobèche de fer-blanc, à ressort.

TRUITE BEGUË : truite saumonnée.

BEGUER : bégayer.

BEIGE, en parlant des laines : de couleur mélangée de noir et de blanc.

BEILLÉE ou BAYÉE : ventrée à pleins boyaux. De boille, gros ventre ; panse. Beil, ventre, dans le patois Vendéen.

BÉJUEL ou BÉJUET : en sens inverse. Être couché béjuet se dit des personnes qui, dans le même lit, sont couchées en sens opposé l'une de l'autre, comme il arrive chez les paysans pauvres

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -12

         
 

BOQUE : coquille de noix, de noisette. De bois. Voyez BOGUE.

BOQUET, TE : bocager, non cultivé. Des pommes bôquettes. C'est à tort que MM. Du Méril écrivent banquet. Ce mot vient de boscus, bois.

BORAN ou BAURAN : rebord de fossé, relevé en talus ; crête de fossé.

BORD : ruban de fil ou de laine qui sert à border un travail de couture. Voyez LISETTE.

BORDAGE : petit domaine champêtre. Du vieux mot borde, habitation à la campagne. On lit dans le Dictionnaire de Trévoux que bordage, en terme de coutume, était un « droit seigneurial dû sur une borde, loge ou maison baillée pour faire les vils services du seigneur. »

Dans la basse latinité, boaria, borda, bordellum, etc.

BORDAGER : qui occupe un bordage A.

BORDER : heurter. Voyez BOURDER.

BOS ou BOSC : bois. On lit le vers suivant dans le Dict du Cerf :

 

Le cerf estoit par bos, par prés, par plaine.

 

Bos appartient aussi au patois des Vosges. Nous retrouvons bos et bosc dans la dénomination de plusieurs communes.

BOS : bah !

BOSCO : bossu.

BOSQUIER (v. a. ) : pousser.

BOSSELER : bossuer un vase de métal.

BOSSER : paraître volumineux, faire saillie comme une bosse, — bossuer. Voyez BOCHER.

-Supe, supe, va tréjou !

... ah ! est-ou bon !

... I préfère meux sa pipe que sa femme, tieu grand bon à rein

BOTTER : en parlant de la neige qui s'attache aux pieds, comme une botte, et embarrasse la marche. C'est évidemment de ce verbe et de cet accident que vient le substantif pied-bot.

BOU : bouleau.

BOUJOU : bonjour ! C'est par l'effet de cette tendance à changer on en ou, que nous disons mouceau pour monceau, la commune de Mouceaux pour Monceaux, couvent pour convent

BOUAILLE : anneau, bague. De bouel, boyau (creux et rond). Bouailles se dit aussi pour entrailles.

BOUBANE : perruque. Bernai.

BOUBIQUE (adj.) : hermaphrodite, qui est à la fois bouc et bique, mâle et femelle.

BOUBIQUE (s. f.) : cidre fait d'un mélange de pommes et de poires. Voyez HALBI.,

BOUCAN : mauvais lieu, tapage. Le boucan est un lieu dans lequel les Sauvages et les Flibustiers fumaient leurs viandes pour les dessécher et les conserver. C'est, par conséquent, un lieu sale, enfumé et bruyant.

BOUCANER : gronder sans mesure ni raison.

BOUCHAS : bondon. Du verbe boucher.

BOUCHILLON : pommier ou poirier sauvage. De boscus, bois. Voyez BOQUET

BOUCLE : baie. La boucle de Port-en-Bessin.

BOUCLÉ : se dit en parlant du lait. Voyez BÉCLÉ.                     

BOUDE : bouderie. Faire la boude , bouder.

BOUDE : vessie.

BOUDIN : boyau, intestin. Du roman baudan ; en provençal, baoudan. Du latin botulus.

BOUDOUFLÉ : boursouflé d'orgueil blessé

BOUDRE : bouillir.

BOUDRE : bougre !

 

 

BOUERQUIN : sorte de muselière que l'on met à la bouche des moutons pour les empêcher de brouter.

BOUESSON : bouchon ou poignée, soit de paille, soit de foi, dont on se sert pour frotter.

BOUESSONNER : brouiller, mettre en désordre.

BOUESSONNIER : brouillon.

BOUFFAILLER : abondance de grosse viande.

BOUFFARD : gourmand.

BOUFFE-LA-BALLE : gourmand qui, à force d'emplir sa bouche, rend ses joues bouffies comme une balle.

BOUFFER : manger avec avidité. En roman, bouffard signifie gourmand. Du grec βονφύγος. Dans notre ancien français, bouffer signifie enfler ses joues en soufflant. Ainsi notre verbe patois bouffer voudrait dire : manger à pleine bouche, de manière à ce que les joues en paraissent enflées. Au reste, bouffer pourrait bien être l'altération du verbe brifer : manger avidement.

BERGEAS : moutons, brebis.

BERLAN : brelan. Id. patois Lorrain.
BERLANDE. Cuillère de bois.
BERLICOQUET : jeune coq ; cochet
BERLINGUETTE : petite sonnette. Onomatopée.
BERLOQUES : breloques. Id. patois Lorrain.
BERLOT : coq-d'Inde. Onomatopée tirée de son cri, lorsqu'il fait la roue.

BERLUETTE : bluette, étincelle.
BERNE : berme de chemin.

BERNICLES : besicles
BERNOUSER ou BRENOUSER : salir par des excréments. Du celtique brenn, son, la partie du grain qui enveloppe la farine.

BERNOUX : brenneux.
BEROUASSE ; BROUASSE : bruine, pluie fine qui brouille le temps.
BEROUÉE : brouée; brouillard pluvieux. Dans le patois du Jura, brouée signifie une ondée. Du latin pruina ; du celtique-breton brumen, brume, brouillard épais.
BÉROUETTE : brouette. En patois Walon , berwette.

BERQUE (s. f.) : vieille brebis. Voyez GERCE.
BERQUER : berger.
BERQUERIE : bergerie.
BERQUIGNOT : homme mal bâti.
BERRICHON : femme dont la toilette est en grand désordre.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -13

         
 

BOUFFON : gros morceau de pain qui fournit de quoi bouffer.
BOUFFON : sorte de Lychoris dont la fleur rose, très-double, forme des touffes bouffantes.
BOUFRE : bougre.
BOUGES : culotte.
BOUGIE : vessie. Mortain.
BOUGON : morceau de bois gros et court
BOUGUENETTE (s. f. ) : maraude, pillage
BOUGUES : terrain sablonneux et mouvant sur le bord de la mer. De l'anglo-saxon bog, marais. Manche.
BOUTAS : boyaux.

BOUILLE (s. f.) : boucle faite sur un noeud, soit de fil, soit de ficelle.
BOUILLON : boue liquide, l'eau qui tombe en abondance et qui fait, pour ainsi dire, bouillonner le sol.
BOUILLONNIÈRE (s. f.) : ornière, pas-sage rempli de bouillon ou boue liquide.
BOUL : poignée de verges de bouleau pour fouetter les enfants.
BOUL-BOUL : taureau. De l'anglais bull. BOULE : tête. Perdre la boule : perdre la tête.

BOULEMENT : vertige, qui fait tourner la boule, la tête.
BOULER : pousser comme une boule, déprécier, mal traiter. Envoyer bouler : envoyer promener.
BOULET : bouleau.
BOULEUX : gros sabot, dont le bout est rond comme une boule. Voyez BOITON. BOULEVARI : tumulte, désordre où tout est 

 

 

bouleversé. On dit en français hourvari, Voyez HOULEVARI. Boulevari se trouve dans le patois Lorrain.

BOULIEUX : mangeur de bouillie, comme les villageois de cantons pauvres. Se prend en mauvaise part.

 
 
 
 
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -14

         
 

BOULICOT : petite pelotte de fil ébouriffée. Du substantif boule et du qualificatif gâté : petite boule gâtée, difforme. Ce substantif signifie aussi morceau de bois gros et court.
BOULOIR : terrain disposé pour jouer aux quilles, sur lequel doit rouler la boule.
BOULOT : gros et rond comme une boule.
BOULOTTER : équilibrer à peu près sa dépense avec sa recette. Vulgairement on dit en ce sens : parvenir à joindre les deux bouts.
BOUQUET (s. m.) : grosse salicoque.
BOUQUETÉ (adj.) : paré d'un beau bouquet.
BOUQUETS : plantes de parterre, qui produisent des fleurs propres à faire un bouquet.
BOUQUETTE houpette.
BOURBIQUET voyez BROUBIQUET.

BOURDIN tourte aux fruits, cuite au four. On dit aussi chausson, doufflon, etc.

BOURE : cane, femelle du canard. En roman, bour, bourette, bourotte, signifient aussi bien le canard que la cane. Du vieux français bour, boue, parce que cet oiseau aime à barboter dans la boue, afin d'y chercher des vers pour sa nourriture.

BOURET ; BOUROT : caneton.
BOURETTE : petite boure, jeune cane.

BOURETTE : sorte de gâteau ou de petit.pain. Probablement parce qu'il avait la forme de l'oiseau appelé boure, bourette Manche.
BOURGAUT : mauvais sujet. De la basse latinité burgator, voleur, brigand.
BOURGEOLEINE : bourdène (Rhamnus frangula).
BOURGOGNE (s. f.) : sorte de coiffure des filles du Bessin

BOURGUELÉE (s. f.) : feu de joie. C'est ce que dans le Dauphiné on appelle bordalunéiri, et dans le Jura beurdifaille.
BOURGUIGNOTTE (s. L) : sommet de la coiffure des filles du Bessin. Suivant Roquefort, la bourguignotte était autrefois « une sorte de calotte à oreilles, un ancien casque fort léger. »

BOUROT ou BOUREAU : petit canard.
BOUROTER : marcher à petits pas pressés, comme font les bourots ou canetons.

BOURRELLE : cruelle. De bourreau. L
BOURRETTE : étoupe. De bourre.
BOURRI : hamac. Manche.
BOURRI : âne. Abréviation de bourrique, qui vient de l'espagnol borrico.

BOURRIER : plantes parasites que l'on
enlève par le sarclage. Du latin burra, employé par Ausone pour signifier des riens ; d'où sont venus bourre, mauvais poil, et bourrée, fagot fait de branches de peu de valeur. Par extension, ordures : c'est dans ce sens qu'on l'emploie en Bretagne. Dans une de ses stances, Regnier place ainsi le mot bourrier :


Et cependant tu vas dardant
Dessus moi ton courroux ardent,
Qui ne suis qu'un bourrier qui vole..

 

BOURROCHE : bourriche. Roman.
BOURROT : flocon de laine qui se forme de celle que les épines des champs arrachent aux moutons.

BOURSETTE ; BROUSSETTE : mâche (Valeriana locusta).

BOURSICOT; BOURSIQUET : petite bourse.

 

 

Il se trouve également dans le patois du Berri et du Nivernais.

BOURSICOTER : se cotiser, tirer de sa bourse.
BOURSILLER. Même sens que BOURSI-COTER.
BOUSÉE : fiente du gros bétail faite en une fois.
BOUSER : faire une ou plusieurs bousées.

BOUSET : bouse consistante.
BOUSIN : mauvais lieu, tripot. Patois Lorrain.

BOUSINE : musette. De buccina, ou de βοϋς, bœuf, parce qu'elle était faite, primitivement du cuir de cet animal. En roman, bozine signifie trompette.
BOUSSACRE : mauvais ouvrier.
BOUSSACRER : exécuter mal un travail.
BOUSTOC : homme ou enfant gros et court. On dit communément un gros boustoc. De buste.
BOUT (Être sur bout) : être debout.
BOUTE-TOUT-CUIRE : prodigue.
BOUTICLE : boutique.
BOUTIFAILLE (s. f.) : profusion d'aliments.
BOUTIQUER (v. a.) : mettre dans un mauvais ordre, déranger.
BOUTRE (v. a.) : placer, poser. De bouter mettre. Se trouve aussi dans le patois Troyen.
BRANGÉ : bête à cornes dont le poil est rayé de fauve et de noir ou de brun foncé.

BRANLE ; BRANLOURE ou BRANLOIRE : pièce de bois du pressoir, qui sert à en
mettre les roues en mouvement, en branle.
BRANNÉ : taché de rousseurs qui ressemblent au bran ou son. Voyez SONNU. B.
BRANNÉE : ration de son mouillé pour les animaux de la ferme, quelquefois avec addition d'herbes, de feuillages, etc.
BRASILLÉ (s. m. ) galette, cuite au four ; elle se fait principalement sur le littoral du Calvados.
BRASILLER : cuire dans la braise ardente du foyer ou du four. Basselin emploie ce verbe.
BRASQUER ; BRASSETIQUER : bâcler; faire à la hâte et sans égard à l'ordre.
BRASSAGE : pressurage de fruits, soit à cidre, soit à poiré.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -15

         
 

BRASSAISON : temps du brassage.
BRASSE-CORPS (À) : à bras-le-corps.
BRANCTIQUER : Voyez BRASQUER.
BRASSEYER : marcher les bras pendants.
BRAUDER : enduire de choses sales.

BRAVE : bien paré ; bien habillé. Du celtique-breton brav , beau , gracieux.
BRÊCHE (s. f.) : lie, sédiment.
BRÉDALLER : promener.
BREHAIN : stérile. Il n'est plus usité en français qu'au féminin. On trouve brehains dans Wace (Établissement de la Conception).

BREHAINE : perdrix qui n'a pas encore couvé.
BREBOLIÈRE (s. E) : mauvaise bruyère , mauvais terrain.
BRÊLE (s. f.) : bricole pour les bêtes à cornes. Voyez BREULE.
BRELETTE (s. f.) : rosse.
BREMAN : porte-faix faisant partie d'une association, sur laquelle M. de Formeville a écrit un mémoire curieux. De l'islandais ber, porter, et man, homme.
BRENÈCHE (s. f.) : petite ordure. De bren ou bran.
BRENÉE. Voyez BRANNÉE.
BRÈNES ou BRANNES : mamelles de la truie. Du cel‑tique-breton brennid.
BRESI ou BRESIL : bois de Fernambouc. Sec comme bresil. Dans cette locution, sec s'est changé en salé, et l'on dit souvent : salé comme bresi. Dans le Jura, on donne ce nom à de la « viande de vache que l'on fait boucaner pour la conserver » , dit M. Monnier, dans le Vocabulaire de la langue rustique et populaire du Jura.

BRESILLER (v. a.): mettre en pièces, écraser, pulvériser comme du bois de Brésil. En picard, bersiller ; en languedocien, brésilla.
BREUIL : nom de plusieurs communes de Normandie. De l'ancien français broil (broilum , dans la basse latinité), qui signifie bois, broussaille. Le vieux poète Alexandre de Bernai disait, dans le XIIe. siècle :


El val de Josaphat y est un brouil foillu.

Thibaut, roi de Navarre, emploie dans ses Chansons le mot broil. En roman, breuil et ses synonymes signifient un bois, un buisson. Brogilus est employé dans un Capitulaire de Charlemagne (De villis, cap. 46) dans le sens de bois ou bocage.

 

 

 

BREUILLE ( s. f.) : duvet des oiseaux nouvellement éclos. Expression métaphorique tirée de breuil.

BREUILLER : rôdet dans les bois, les breuils.
BREULE : bricole. Voyez BRÊLE.

BREUME : obscurité. De bruma. C'est eu pour u, comme preune pour prune, eune pour une, etc.
BRICHE (s. f.) : ordure , excréments, être ou objet de nulle valeur et méprisable. Roman.
BRICHET; BRUCHET : creux de l'estomac, le sternum. En roman, brechet.
BRICOLI : brocoli, jets de choux montés en fleurs. Du celtique-breton caul ou col, chou.
BRICOLIQUE : ramas d'objets divers. Corruption du mot bucolique.
BRICOLA : mauvais sujet. En italien, bricone. Dès le XIIIe. siècle, Wace avait employé ce mot dans son Roman de Rou : (v. 4184) :


Blasmez en seriez, et tenu por bricon.


BRIDESAVIAU (s. m.) : ruban étroit de fil écru. Nicot définit par nugae, bagatelles, le vieux mot brides-à-veaux, dont Piron s'est servi dans une de ses épigrammes.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -16

         
 

BRIE : machine de bois pour broyer la pâte.
BRIÉ (Pain) : pain de pâte ferme, briée (broyée) et fortement maniée. Brieu en patois Bourguignon. Dans le patois du Jura, brier signifie presser en foulant aux pieds. En effet, pour brier le pain dont il s'agit, un homme en presse dans le pétrin la pâte sous ses pieds couverts d'un sac de toile.
BRIÈRE : bruyère (erica), lande.
BRIFFONNIER : marchand de volailles et de menues denrées. Du celtique dibrif, manger, ou de brifa, manger avec avidité ; mots d'où l'on a tiré briffer, briffaud, débrider. Ainsi le briffonnier est un marchand de comestibles, tels que volailles, œufs, etc.
BRIGANDINE (s. f.) : planches minces dont on fait ordinairement les cercueils. B.
BRIGANT : banneton, mans. Manche.
BRIMBALLER : tramer çà et là. Du vieux mot baller, danser, sauter. Voyez TRIMBALLER.
BRIMBORIONNER : écrire ou parler sans raison.
BRIN (s. m.) : petite quantité, un petit brin ; donnez  m'en un brin.
BRIN (adv.) rien, pas du tout. Je ne vous en donnerai brin.
BRINCANDER : remuer minutieusement brin à brin. Orne.
BRINDELLE : brindille, menue branche.
BRINDESINGUES : ivresse gaie.
BRINGE : petite branche.
BRINGÉ : même signification que BRANGÉ.
BRINGÉE : bon nombre de coups de bringe.
BRINGER : fouetter avec des bringes. Ce verbe est roman, ainsi que le substantif bringe.

BRINGUE (s. f.) : brebis. Voyez BIRINGUE.
BRINGUES : morceaux, pièces brisées menu. Mettre en bringues : mettre en pièces. Id. en patois Lorrain.
BRINGUET : boeuf de couleur bringée. Voyez BRANGÉ.
BRINOTTER : mâcher lentement, brin à brin.
BRISAS : qui brise tout, maladroit.
BRISCOT : canard. Mortain.
BRISÉ (s. m.) : jachère récemment brisée par le labou rage. B.
BRISION (s. f.) : grand bruit.
BRISTONNER : divulguer, ébruiter.
BRIT : bruit.
BROCHE : aiguille à tricoter.
BROCHER : se faire jour, pénétrer à travers une haie ou des broussailles. De l'ancien français brocer, parcourir les bois, les broussailles. Roman. En patois Walon, broki signifie fondre sur, foncer.
BROCHON: bourgeon, bouts de jeunes branches garnis de leur feuillage, qui tombent brisés sous les coups de gaules, lorsqu'on cueille les fruits.
BROCSON (s. f.) : femme grossière et

 

 

malpropre. Voyez TOCSON.

BRODER : tricoter.
BRODURE : broderie.

BROB ; BROUE (s. f.) : écume de la bouche.
BROIL Voyez BREUIL
BROILLE (s. f.) : gros ventre. Hydropisie chez les animaux, surtout chez les lapins domestiques. Voyez BOILLE.
BROILLU : qui a un gros ventre.
BRONBRON : rouet. Onomatopée. A.
BRONCHAS ; BRONCHIOUS : hanneton. Onomatopée, à cause du bruit que cet insecte fait en volant
BRONDIR : brandir ; faire bruire une pierre qu'on lance avec la fronde.
BRONFIOUS : hanneton. De brou, feuilles, parce qu'il dévore le feuillage des arbres.

BROQUE : broche.
BROQUETTE : pénis d'enfant.
BROTER : écumer, jeter de la broue.
BROTILLON : broutille.
BROU : feuillages que l'on donne à brouter aux bestiaux ; jeunes feuillages des arbres.
BROUBIQUET : chèvre-feuille. C'est la même idée, puisque brou signifie feuille, et biquet, chevreau.
BROUE : écume à la bouche.
BROUÉE : brouillard épais. A.
BROUER écumer de la bouche, jeter de la broue.
BROUER ; BROUIR : roussir, briller. En patois Walon, brouter : brûler , havir.
BROUETTEUX (s. m.) : mésange à longue queue.

 
         
   
 

GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND    La lettre B  -17

         
 

BROUSSE (s. f.) : terrain inculte, couvert de broussailles.
BROUSSETILLES ou BROUSTILLES : menues branches brisées. Roman. Du celtique broust, hallier, buisson.
BRUCHET. Voyez BRICHET,

BRULE-BOUT ; BRULE-TOUT : binet sur lequel on brûle les bouts de bougie ou de chandelle.
BRULIN : brûlé. Sentir le brûlis, avoir goût de brûlin.
BRUMAN : nouveau marié. En roman, ce mot signifie gendre. Étymologiquement, c'est l'homme de la bru.
BU : bouleau. Falaise.
BUAN : brouillard épais. Roman. Du celtique Bu.
BUCAILLE (s. f.) : fourré de bois, bocage.
BUCHER : tailler, couper dans une pièce de bois. L'Académie n'emploie ce verbe que dans le sens de faire des bûches.
BUÉE : vapeur de l'eau bouillante. Lessive. Ménage déraisonne longuement sur l'origine de ce substantif, que Huet fait avec raison venir du grec βύω, d'où est tiré le verbe latin imbuo et le mot français imbu. En effet, le linge est imbu par la lessive qui l'abreuve. Dans une de ses ballades, Villon dit :


La pluye nous a buez et lavez.


Bua en patois du Jura. Bouaie en patois des Vosges.

BUETTE : bûchette. Manche.
BUFFE : coup ou soufflet qui fait enfler ou bouffir la joue,
BUFFET DE SERVICE : buffet.
BUHOT : sorte de tube en bois pour prendre les taupes. Il est un autre buhot dont les faucheurs se servent pour placer et humecter la pierre à aiguiser la faulx. A Vire, on appelle buhot un gros sabot qui ressemble un peu au buhot du taupier. L
BUHOTTE (s. f.) : petite limace.
BUNÉE : caprice.
BUVETTE (s. f.) : fauvette traîne -buisson ou fauvette d'hiver (Motacilla modularis). Bunette, probablement pour brunette , à cause de sa couleur. Dans le patois Troyen, la buvette est la mauviette.
BUOTTE : piège à taupes. Voyez BUHOT.
BUR ou BURE : habitation de village. De la base latinité burum.

 

 

BURAS : sorte de bure, étoffe.

BURET : porcherie. De bur. En Auvergne, on appelle une vacherie buron. Le bure, en français, est un puits profond dans les mines. B.

BURET ou plutôt BURRET : première mue des jeunes oiseaux dont la plume n'est alors qu'une sorte de bourre.
BURGUER : heurter brutalement, brusquer, pousser rudement. Raynouard (Lexique roman, II, 27) dit que les troubadours employaient le mot burs dans le sens de choc ou coup.
BUSOQUER : agir en buse, oiseau stupide ; perdre son temps à de niaises et sottes occupations.
BUSOT : poil follet, plumes naissantes ; brin de paille, fétu.
BUSSE : petit tonneau. En basse latinité, bossex ; en roman bosse.
BUTAS : homme grossier, lourdaud. En roman, butau.
BUTÉE : butte, côte, chemin montueux et rapide.
BUTER : broncher, comme lorsqu'on heurte avec le pied une petite butte.
BUTILLÉE (EN) : en masse. De butte.
BUTILLON : panier à tissu clair, et allongé en bouteille. V. Butiglionus dans Du Cange.