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Les petits prêts, c'est de la petite chaparderie à l'usage des gens du monde. Nombre de gens, et surtout nombre de femmes l'exercent, chacun à sa manière, non sur de l'argent, mais sur maints objets assez coûteux au demeurant, notamment la musique, les livres, les dessins, les travaux d'aiguille, parfois la batterie de cuisine.
La grand puissance du petit prêt réside en ce que la personne sollicitée évite très difficilement « le tapage » dont elle est victime.
Ou encore : | SAGERS 1910 | |||||||||
- Tu sais Louise, je fais mes confitures mardi. Tu m'enverras ta bassine de cuivre, à charge de revanche !
Oui, oui, prêtez toujours, mes candides amies ! Beethoven, Bazin et la bassine à confiture auront un sort commun. Si vous poussez la tranquille audace jusqu'à réclamer la bassine, parions que vous n'aurez pas le même aplomb le volume ou la musique !
Elles devraient savoir, ces petites mesdames on demoiselles sans-gêne, qu'emprunter un objet à une amie c'est : 1° forcer la main à cette dernière, 2° la priver de l'objet de l'emprunt. Qu'est-ce que vous voulez, mes belles, que fasse l'amie si elle désire rejouer ses sonates on relire son Bazin ? Elle dira : « Ah ! l'ouvrage est chezune telle, c'est ennuyeux ! » Et puis, comme elle est bonne tête (et vous en abusez), elle n'y pensera plus.
Qu'elle n'y pense plus, vous ne désirez rien tant, d'ailleurs. On n'imagine pas avec quelle facilité un livre, une partition, un dessin, s'acclimatent cher l'étranger. Petit à petit, le temps consacre la possession, et le jour vient oùl l'amie n' « ose plus, depuis le temps ! » Le tour est joué. Il n'est pas joli, entre nous.
Aussi dirai-je aux prêteuses : | ||||||||||