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Air : Contentons-nous d’une simple bouteille
Allons, Babet, il est bientôt dix heures ; Pour un goutteux c’est l’instant du repos. Depuis un an qu’avec moi tu demeures, Jamais, je crois, je ne fus si dispos. À mon coucher ton aimable présence Pour ton bonheur ne sera pas sans fruit. Allons, Babet, un peu de complaisance, Un lait de poule et mon bonnet de nuit.
Petite bonne, agaçante et jolie, D’un vieux garçon doit être le soutien. Jadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien. Je veux demain, bravant la médisance, Au Cadran Bleu te régaler sans bruit. Allons, Babet, un peu de complaisance, Un lait de poule et mon bonnet de nuit.
N’expose plus à des travaux pénibles Cette main douce et ce teint des plus frais ; Auprès de moi coule des jours paisibles ; Que mille atours relèvent tes attraits. L’amour par eux m’a rendu sa puissance : Ne vois-tu pas son flambeau qui me luit ? Allons, Babet, un peu de complaisance, Un lait de poule et mon bonnet de nuit.
À mes désirs, quoi ! Babet se refuse ! Mademoiselle, auriez-vous un amant ? De mon neveu le jockey vous amuse ; Mais songez-y : je fais mon testament. Docile enfin, livre sans résistance À mes baisers ce sein qui m’a séduit. Allons, Babet, un peu de complaisance, Un lait de poule et mon bonnet de nuit. |
Illustration de Marcel Bloch, collection CPA LPM 1900
Ah ! Tu te rends, tu cèdes à ma flamme ! Mais la nature, hélas ! trahit mon cœur. Ne pleure point ; va, tu seras ma femme, Malgré mon âge et le public moqueur. Fais donc si bien que ta douce influence Rende à mes sens la chaleur qui me fuit. Allons, Babet, un peu de complaisance, Un lait de poule et mon bonnet de nuit. |
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