MAIRES ET CURES BAS NORMANDS
  LE LICOU
         
 

Par
Jean Des Sablons
Ancien Procureur

 

Le Curé de Viessoix fit venir au carême un capucin de Caen pour prêcher la pénitence à ses paroissiens. Le bon père fit merveille et presque tous les endurcis furent le trouver à son confessionnal. Il y vint un matin un haricotier  qui s’accusa d’avoir volé un licou.

 

- Il faut le rendre, dit le capucin.
- Celui à qui je l’ai pris est mort.
- Rendez-le à ses héritiers.
- Je ne les connais point.
- Combien valait-il ?
- Il pouvait vale quinze sous, mais faut que j’vos dise qu’y avait un queva au bout,
- Ah ! dit le moine un peu interloqué, qu’en avez-vous fait !
- Pardine, je l’ai vendu.
- Combien ?
- Treize pistoles.
- Puisque vous ne connaissez pas les héritiers de celui que vous avez dépouillé, il faut me remettre cet argent pour mon couvent.
- Ah ! satané farceur, s’écria notre madré paysan, vô êtes encore plus renaré qu’mé, vous ! Portous ben !

 
 
       
 

Et ce disant il prit la route de Vire pour aller témoigner en justice.