LEGENDES du MONT-SAINT-MICHEL 

   
  LA LEGENDE DU LOUP

 

   
 

La porte du Roy CPA collection LPM 1960

 
     

 

LES MERVEILLEUSES AVENTURES

LES BELLES LEGENDES DU MONT SAINT MICHEL
Texte de R. Dubard-1948


Ils ne voyaient jamais personne, pas même le curé du village voisin d'Astre, qui, cependant, pourvoyait à leur nourriture. Il le faisait d'une façon fort curieuse : par un âne, sans nul guide. Cet âne était si bien dressé, et il connaissait si bien le chemin, que jamais il ne s'écartait de sa route, et il allait seul et revenait, de son village au Mont où demeuraient les ermites.

 

Ainsi, nous dit la légende, il alla et vint pendant un long temps, jusqu'au jour où un loup le rencontra, l'étrangla et le mangea.

 

Les pieux ermites s'étonnaient que leur âne ne venait pas, comme à l'accoutumée. Hélas! la pauvre bête en était bien empêchée... Après avoir longtemps attendu, les moines pressés par la faim, supplièrent Dieu de leur porter secours.

 

Dieu, exauçant leurs prières, leur envoya un loup. Ce loup avait une mine si repentante, et semblait si gêné en la présence des moines, que ceux-ci ne purent douter qu'il était coupable d'avoir mangé l'âne et venait s'en accuser.

 

Alors, les saints hommes commandèrent au loup de les servir, et puisqu'il avait mangé l'âne, il devrait le remplacer. Comme ils le lui commandèrent, le loup le fit. On lui attacha un sac sur le dos et on l'envoya à Astre, auprès du curé.

 

Le loup était fort, grand et gros,

Il porta le sac sur son dos.

 

Il coupa au plus court et arriva tout d'un trait au presbytère. Le bon curé fut sans doute quelque peu effrayé de voir ainsi un grand loup surgir devant lui : mais voyant le sac, il comprit que Dieu avait substitué un loup à son âne.

 

Il le chargea donc, comme il eût fait de son baudet et le renvoya en lui recommandant de gagner au plus vite le Mont Tombe.


Ainsi alla souvent le loup, tant qu'il plût à Dieu. Et, le loup, en dépit de sa nature de loup, était maintenant docile comme un chien, et ceux-ci jouaient avec lui, et avec eux il couchait, et jamais plus, il ne fit de mal à aucune bête.