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Sercq est une seigneurie normande du bailliage de Guernesey, état dépendant de la Couronne britannique. Sercq est une petite île d'une superficie de cinq kilomètres carrés dans l'archipel des îles Anglo-Normandes.
Elle est située à environ 10 kilomètres à l'est de Guernesey, 35 km à l'ouest des côtes du Cotentin français, et 20 km au nord-nord-ouest de Jersey. C'est un plateau rocheux culminant à 114 m d'altitude (au Moulin). La côte se compose de falaises rocheuses et trois ou quatre petites plages accessibles par des escaliers escarpés. L'île se compose de deux parties distinctes communément appelées la petite et la grande Sercq. Elles sont reliées par « la Coupée », un isthme étroit qui ne fait que 3 mètres de large dans sa partie supérieure, bordés des deux côtés par un à pic d'une centaine de mètres. |
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Des barrières de sécurité n'y ont été installées qu'en 1900 (auparavant, les enfants traversaient le passage à quatre pattes pour éviter de tomber). La totalité de l'isthme est couvert aujourd'hui par un étroit chemin bétonné, construit en 1945 par des prisonniers de guerre allemands, sous la direction des Royal Engineers, le génie militaire de l'armée britannique.
L'île est desservie uniquement par la mer, pour le fret et pour les passagers, depuis Saint-Pierre-Port. Elle a deux petits ports, situés sur la côte est : Port-Maseline, en eau profonde, utilisé pour les liaisons, et Port-Creux, asséchant à marée basse, utilisé par les pêcheurs locaux, et relié par un tunnel à la route menant au bourg.
Le phare de Sercq s'élève au sommet de la falaise Nord-Est de l'île à la pointe Robert et guide les navires passant par le passage de la Déroute entre Sercq et le Cotentin. |
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Histoire
D'abord pacifiée par les légions romaines, afin de protéger les routes commerciales, Sercq est utilisée au XIIIe siècle comme repaire par le pirate français Eustache le Moine, après qu'il a servi le roi Jean d'Angleterre. Cet ancien refuge de naufrageurs abrite alors une petite communauté celte depuis le IVe siècle.
Proposée ensuite au seigneur de Saint-Ouen à Jersey, la seigneurie de Sercq est attribuée par la reine Élisabeth Ire à Hélier de Carteret, sous condition qu’il la colonise car c'est alors une île peu peuplée, qu'il faut protéger contre des bandes de pirates qui s'en servent de base d’opérations. C’est avec une quarantaine de familles venues de la paroisse de Saint-Ouen que Carteret établit cette petite société féodale. Les colons essaient tout d'abord d'établir un bailliage indépendant, mais le bailli de Guernesey se hâte de refuser leurs revendications et d'affirmer l'autorité de la Cour royale de Guernesey sur l'île, ce qui est resté d'actualité.
Les trois siècles qui suivent sont paisibles, en dehors des tensions franco-britanniques, auxquelles l'île est forcément soumise. La paix qui caractérise l'ère victorienne permet la découverte de l'île par les premiers touristes, souvent des personnes de la haute société, dont le voyage passe par Guernesey ou Jersey. Le prince Louis Lucien Bonaparte y vient en 1862 pour étudier le sercquiais, issu du jersiais, dialecte insulaire normand. |
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Durant la Seconde Guerre mondiale, Sercq est occupée par les Allemands entre 1940 et 1945, comme les autres îles Anglo-Normandes. Elle est attaquée lors de l'opération Basalt par une équipe du SOE Britannique. Contrairement à Aurigny où s'établit un camp de déportés, Sercq ne conserve que peu de traces de cette période. Il est probable que la forte personnalité de la Dame de Sercq, Sybil Hathaway, résidente de La Seigneurie, ainsi que sa maîtrise de la langue allemande, sont pour beaucoup dans le comportement de la garnison ennemie, nettement moins brutal que sur les autres îles.
Après la guerre, l'île est mieux connue par les guides de tourisme. Le seigneur y conserve intacts ses droits seigneuriaux, contrairement aux autres fiefs des bailliages de Jersey et de Guernesey, où ils sont abolis ou transférés au domaine public. En revanche, toutes les seigneuries des deux bailliages ont conservé leur existence juridique : les seigneurs perpétuent la tradition de la foi et de l'hommage au duc de Normandie, dont le titulaire est le souverain britannique. Ils paient un cens au montant resté inchangé depuis le Moyen Âge.
En 1990, André Gardes, un physicien nucléaire français sans emploi, tente une invasion de Sercq, armé d'un fusil semi-automatique. Il est arrêté par l'officier de police (lequel était à l'époque un fermier de la petite Sercq, Philip Perrée Junior) alors qu'il était assis sur un banc, en train de changer le chargeur1.
Sercq fait juridiquement partie du bailliage de Guernesey. Elle n'a donc pas le rang d'État indépendant, mais c'est la seule seigneurie des iles anglo-normandes. |
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Droit coutumier normand
Comme sur les autres îles Anglo-normandes, le droit coutumier normand est encore applicable à Sercq.
Clameur de Haro
Parmi les lois de Sercq figure la clameur de haro, article de la coutume de Normandie qui existe également dans tout le bailliage, ainsi que dans le bailliage de Jersey : par ce moyen coutumier, une personne qui s'estime lésée peut obtenir la cessation immédiate de toute action qu'elle considère enfreindre ses droits. À cet effet, elle doit, en présence d'un témoin, se découvrir la tête (afin que tous puissent l'identifier), réciter le Notre Père en français (alors que la population est aujourd'hui anglophone), et s'écrier (en français également) : « Haro, Haro, Haro ! Au nom de Dieu et de la Reine, laissez ce travail... ». La « clameur » doit ensuite être enregistrée à l'office du greffe dans les vingt-quatre heures. Toutes les actions contre cette personne doivent alors cesser jusqu'à ce que l'objet du différend soit entendu par la cour de justice. Cette coutume n'est pas utilisée fréquemment : la dernière « clameur » enregistrée a été prononcée en juin 1970 pour empêcher la construction d'un mur de jardin. La clameur de haro existe toujours, d'une façon différente, dans les autres îles de l'archipel, également régies par la coutume de Normandie. |
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