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Fi des coquettes maniérées ! Fi des bégueules du grand ton ! Je préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton.
Jeune, gentille, et bien faite, Elle est fraîche et rondelette ; Son œil noir est pétillant. Prudes, vous dites sans cesse Qu’elle a le sein trop saillant : C’est pour ma main qui le presse Un défaut bien attrayant.
Fi des coquettes maniérées ! Fi des bégueules du grand ton ! Je préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton.
Tout son charme est dans la grâce ; Jamais rien ne l’embarrasse : Elle est bonne, et toujours rit. Elle dit mainte sottise, À parler jamais n’apprit ; Et cependant, quoi qu’on dise, Ma Jeannette a de l’esprit.
Fi des coquettes maniérées ! Fi des bégueules du grand ton ! Je préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton.
À table dans une fête, Cette espiègle me tient tête Pour les propos libertins. Elle a la voix juste et pure, Sait les plus joyeux refrains. Quand je l’en prie, elle jure ; Elle boit de tous les vins.
Fi des coquettes maniérées ! Fi des bégueules du grand ton ! Je préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton.
Belle d’amour et de joie, Jamais d’une riche soie Son corsage n’est paré. Sous une toile proprette Son triomphe est assuré ; Et, sans nuire à sa toilette, | Illustration de Marcel Bloch, collection CPA LPM 1900
Je la chiffonne à mon gré. Fi des coquettes maniérées ! Fi des bégueules du grand ton ! Je préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton.
La nuit tout me favorise ; Point de voile qui me nuise, Point d’inutiles soupirs. Des deux mains et de la bouche Elle attise les désirs, Et rompit vingt fois sa couche Dans l’ardeur de nos plaisirs.
Fi des coquettes maniérées ! Fi des bégueules du grand ton ! Je préfère à ces mijaurées Ma Jeannette, ma Jeanneton. | |||||||||