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Quand la jeune fille est devenue femme, qu'elle a trouvé le mari longtemps rêvé, sa sécurité lui semble complète d'abord.
Un délai plus ou moins long, suivant les circonstances, ne tardera pas à l'éclairer sur la nécessité de veiller au bien qu'elle a acquis : menues libertés, froideurs, petits reproches par ci, petites observations par là, constitueront un ensemble de symptômes auquel il importe beaucoup que la jeune épouse ne se trompe pas.
Conserver son mari à soi, bien à soi et rien qu'à soi ; pouvoir se dire après dix ans de ménage : « Je suis aimée comme au premier jour » ; sentir à ses côtés une tendresse intangible que n'ont altérée ni l'accoutumance, ni les ravages possibles du temps ; voilà en effet, qui n'est pas si ordinaire qu'on le croit.
Un point à poser comme principe, c'est que l'homme n'aime pas seulement dans l'épouse sa femme, mais la femme. Il l'a choisie suivant un idéal plus ou moins approximatif. Adieu l'idéal : le rêve est parti. L'homme se trouve frustré.
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De là, nécessité pour l'épouse de demeurer toujours un peu l'amante. Trop de femmes mariées s'imaginent que du moment où elles ont acquis leur situation définitive, elles peuvent impunément se négliger, se laisser vieillir, apporter au mari des vestiges dont il se satisfera. Aucune erreur n'est plus désastreuse pour la cohésion du ménage. Il existe assurément des conditions où la femme a bien autre chose à faire que de s'occuper exclusivement de son physique, mais dans ce cas même, une heure de coquetterie destinée à rendre la ménagère belle pour quand le mari rentrera n'est pas une heure perdue.
Autant l'exagération de la coquetterie est absurde, autant est blâmable l'abdication prématurée. L'homme est esthète naturellement, ne l'oublions pas.
Il est également sensuel. L'agrément de son logis lui plait. Il veut un intérieur gai, propre, ordonné. Souventes fois, il est méticuleux : Un livre qu'il ne trouve pas l'agace ; une fleur gentiment placée dans un vase le fait sourire. Il peut être porté sur sa bouche. Du moment où cette faiblesse ne tire pas à conséquence, à quoi bon le contrarier ? Oui, suivant son caractère, la femme doit doser ses prévenances, et surtout ne pas les multiplier inconsidérément.
Enfin l'homme est irritable : Résultat de ses soucis d'affaires ou d'ennuis que la femme doit chercher à comprendre et à partager, à moins qu'elle ne se sente importune. La douceur est ici une qualité essentielle. Il faut excuser à l'occasion un mot désagréable échappé à l'impatience, et surtout n'y point répliquer sur le même ton, ce qui amène fatalement des conflits. Tel est le canevas grossièrement tissé sur lequel chacune à loisir de broder. Je sais bien qu'il existe des circonstances où l'application n'est pas très facile. Mais laquelle d'entre nous ne se résoudrait à quelques sacrifices pour obtenir la perpétuation de ce rêve cher à toute femme Etre aimée !
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