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Ce qu'il y a de plus curieux dans l'éducation donnée à certaines jeunes filles n'est pas ce qu'il est avéré qu'elles savent, mais ce que dans leur entourage, on voudrait s'efforcer de laisser croire qu'elles ne savent pas.
Les colombes tournent en oies blanches. L'essentiel pour les parents est que vis-à-vis la galerie, le plumage reste immaculé, résultat auquel on pense parvenir en trichant sur les apparences.
Le théâtre, pour prendre un exemple, ne saurait être admis. Dans certains pays, on n'y peut conduire une « jeune fille bien » sans la discréditer aux yeux des chères madames. Vous me direz qu'il y a théâtre et théâtre. Oui, mais par théâtre, j'entends toute espèce de théâtre : Cela donne « des idées», professent volontiers les mamans sur la jugeotte desquelles il pousse de la mousse humide. Quelles idées ? Les mêmes que l'enfant chaste et pure puise dans la contemplation quotidienne de la vie à moins que ce soit dans les livres laissés entre ses mains, fût-ce après la sélection la plus rigoureuse.
Il m'en vient à ce sujet une bien bonne. | SAGERS 1910 Paris la nuit | | ||||||||
Dans une certaine ville, s'arrêta dernièrement une tournée parisienne, laquelle joua, devant-une salle vide, certaine comédie, à la vérité, une peu espiègle, de MM. de Flers et Caillavet. Pourquoi la salle vide ?
Eh bien mais, parce que primo, une partie de la bourgeoisie locale avait précédemment mené voir la pièce à ses filles à Paris, et que secundo la même élite rentrée en son giron s'était dépêché d'effaroucher avec les mines réjouies qu'on devine le reste des familles : - Ma chère, c'est adorable, nous y avons été avec Parissima, mais n'y emmenez pas la vôtre, il y a un second acte... une horreur !
Seulement, pour connaître l' « horreur », la brochure circula de main en main, de sorte que ce qu'on ne vit pas sur la scène on put l'imaginer - peut-être avec déraison dans le livre. | ||||||||||