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RAPPEL HISTORIQUE |
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Sans faire un récapitulatif complet de l'histoire d'Avranches, il est utile de faire l'inventaire des données en notre possession pouvant apporter quelques renseignements sur les évolutions du donjon à travers les siècles.
Avranches entre dans l'histoire en 56 avant J.C. Jules César, dans la Guerre des Gaules, mentionne l'existence d'une tribu celte, les Ambibarii, dans le sud de l'actuel département de la Manche. Au premier siè cle, Pline l'Ancien nomme ce même peuple les Abrincatui.
La capitale de ce groupe humain semble bien être Avranches, cependant aucun site fortifié n'est évoqué à cette époque, si ce n'est l'oppidum du Petit-Celland, à 10 km de la cité en direction de l'est. D'ailleurs les Abrincates semblent disséminés dans tout leur territoire.Avranches est l'un des sept chefs-lieux de cité de la seconde Lyonnaise. Au Ve siècle après J.C., Avranches devient le siège d'un évêché qui s'étend sur tout l'ancien territoire des Abrincates. À l'intérieur de ce diocèse deux entités administratives distinctes pourraient avoir existé: les pagi de Mortain et d'Avranches. Mais ceci est bien hypothétique.
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Le pagus neustrien d'Avranches est dirigé par un représentant des pouvoirs mérovingien et carolingien.
Au Xe siècle, on ne sait absolument rien de la cité. A-t-elle été victime des incursions scandinaves? A-t-elle été détruite? La seule chose dont on soit sûr, c'est de la longue période de vacance du siège de l'évêché, environ un siècle et demi, ce qui laisse présumer l'état d'abandon de l'Avranchin à cette époque. Vers l'an mil, Avranches est prise en main par le pouvoir normand. Robert d'Avranches puis Guillaume Werlenc en sont les premiers comtes placés par les ducs. Le comté d'Avranches se superpose alors complètement au diocèse. Avranches est à la fois une des sept cités épiscopales qui composent désormais la Normandie, et une capitale militaire forte, face à la Bretagne et au Maine. Les ducs, pour protéger leur domaine, vont établir toute une série de forteresses sur les limites méridionales du pays: Pontorson, Saint-James, Les Biards, Les Loges-Marchis, Saint-Hilaire, Le Teilleul, Mortain.
Vers 1050, Guillaume Werlenc est banni de Normandie par le duc Guillaume et s'enfuit en Italie. On observe alors une partition du comté. Robert, demi-frère de Guillaume le Conquérant, devient comte de Mortain tandis que Richard Goz, vers 1055, est placé à la tête de la vicomté d'Avranches. Richard Goz est le fils de Toustain Goz, vicomte de Hiesmois dès les années 1020.
Il est intéressant de noter qu'il y a sans doute, à cette époque, une répartition géographique des pouvoirs au sein de ce "pays". Avranches conserve son statut de capitale épiscopale, mais c'est Mortain qui devient la capitale comtale |
Blason de Hugues Goz, dit le Loup |
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Blason d'Avranches |
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La conquête de l'Angleterre...
En 1066, Hugues, fils de Richard Goz, apporte sa contribution à la conquête de l'Angleterre en fournissant soixante navires au duc Guillaume. Hugues Goz, dit le Loup ou d'Avranches, devient comte de Chester en 1071, sans que l'on soit vraiment certain de sa présence à Hastings. Hugues d'Avranches fonde l'abbaye de Saint-Sever vers 1065.
Ce personnage haut en couleurs est assez bien connu pour avoir attiré sur lui l'attention des chroniqueurs. Orderic Vital, moine de Saint-Evroult, fait mention du faste déployé à sa cour. Guillaume le Conquérant l'a doté de nombreux territoires en Angleterre ; sa fortune le place au sommet de l'aristocratie anglo-normande ; il est décrit comme "un soldat, capable et dur", "plus chasseur qu'ami des moines", "adonné à la gloutonnerie et énormément gras", "père de nombreux bâtards".
Cependant ce personnage est avant tout un fidèle du Conquérant, ce dernier l'a fait gardien de la frontière galloise et le vicomte d'Avranches, comte de Chester, semble remplir son rôle à merveille. Son expérience militaire lui permet de maintenir les frontières du nord-ouest du royaume, voire de les étendre. Sa rudesse au combat, pour ne pas dire sa cruauté, explique sans doute qu'on l'ait surnommé le Loup. On sait aujourd'hui que les seigneurs normands profiteront des "retombées économiques de la conquête" pour alimenter, accroître leur patrimoine continental. Hugues utilisera sans doute ses revenus anglais pour enrichir sa vicomté natale.
Dans la seconde moitié du XIe siècle, après la mort de Guillaume le Conquérant en 1087, nous savons qu'Henri Ier Beauclerc, son fils, reçoit une grosse somme d'argent. Il l'utilise pour racheter à son frère Robert une bonne partie du Cotentin. Henri devient maître d'un vaste territoire constitué des diocèses d'Avranches et Coutances. Il fait d'Avranches un de ses lieux de résidence. Hugues le Loup, fidèle ami du futur roi, fut sûrement un hôte admirable. Toutefois quelques accrocs entre les deux amis sont à noter, comme en 1091 où Henri Ier Beauclerc, assiégé pendant quinze jours au Mont-Saint-Michel par ses frères, fut abandonné par ses plus proches amis ; le Loup était de ceux-là. |
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Hugues d'Avranches meurt en 1101, dans son comté de Chester. Son fils Richard II Goz prend sa suite. Preuve de l'importance des vicomtes d'Avranches, il épouse Mathilde, la seconde fille d'Étienne de Blois. Richard, digne successeur de son père, est promis à une grande carrière. Mais, en novembre 1120, Richard disparaît dans le naufrage de La Blanche Nef. Il périt sans laisser de descendance, aux côtés des forces vives de l'aristocratie anglo-normande. Cette catastrophe est un véritable coup dur pour le royaume; beaucoup de fiefs importants se trouvent alors sans héritiers. Les possessions des Goz passent aux mains de leurs cousins de Bayeux, les Briquessart.
Dès lors Avranches perd son rôle de "capitale historique" du domaine bicéphale qu'elle constituait avec Chester. Le domaine des Goz, annexé à celui des cousins du Bessin, n'est plus qu'une simple composante d'un ensemble beaucoup plus vaste.
Au XIIe siècle, Avranches reste une cité importante, certes, mais au même titre que des dizaines d'autres réparties dans le vaste empire des Plantagenêts. L'événement marquant de cette époque reste, sans conteste, la pénitence du duc-roi Henri II, sur le parvis de la cathédrale d'Avranches, le 21 mai 1172 ; le puissant monarque est accusé d'avoir commandité ou suggéré le meurtre de Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbery. |
Avranches Le châteeau, CPA LPM collection 1900 |
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Afin de réparer sa faute, Henri II fait amende honorable et implore le pardon de l'Église, face aux émissaires pontificaux dépêchés pour l'occasion.
En 1204 le roi occupe le duché. Cette mainmise royale ne se fait pas sans heurts pour Avranches. Philippe Auguste charge le breton Guy de Thouars de prendre l'Avranchin ; ce dernier en profite pour saccager la cathédrale et démanteler les murs de la ville. Le Mont-Saint-Michel subira le même sort. Cependant le XIIIe siècle va être bénéfique à la ville. Le roi saint Louis rachè te la vicomté en 1236. Il séjourne à deux reprises dans la cité, en 1256 et 1269, et s'attache à la reconstruire. Il la dote de nouveaux remparts, fait creuser des fossés. Avranches semble connaître un nouvel essor.
La fin du Moyen Age n'est qu'une succession de sièges pour la ville. En 1354, les troupes du roi de France la ceinturent. De 1418 jusqu'à 1450, elle vit à l'heure anglaise, subissant régulièrement les assauts libérateurs, mais sans aucun doute destructeurs.
Les guerres de religion seront aussi néfastes. En mars 1562, les huguenots de Gabriel Montgomery mettent à sac la cathédrale et l'évêché. En 1587 et 1589, leurs attaques sont repoussées. En plein hiver 1590-1591, les bourgeois, ralliés à la "sainte Ligue" et retranchés derrière les remparts, doivent subir un siège de soixante jours. L'artillerie royale obtient la capitulation de la ville au prix de terribles dégâts.
Jusqu'au début du XVIIIe siècle, Avranches reste une place forte, une garnison y réside, dirigée par un gouverneur. Le château est déclassé sous le règne de Louis XV. Les remparts sont alors vendus en parcelles. De nombreux nouveaux acquéreurs construisent leurs propriétés en modifiant, dans la plupart des cas, l'aspect originel de la vieille ville fortifiée. Des sections complètes de murailles sont abattues. Les tours sont mutilées, voire proprement rasées.
Tout au long du XIXe siècle, les pouvoirs publics s'attachent à moderniser la ville, les pertes architecturales sont lourdes, malgré les efforts des membres de la Société d'archéologie d'Avranches.
Comme nous le verrons plus loin, les bombardements de juin 1944 apporteront leur lot de déboires, pour la cité en général, mais aussi, plus particulièrement, pour le donjon d'Avranches. |
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AVRANCHES -2
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