LES ROIS DE FRANCE                                             10
   
  CLOTAIRE II 584-628
     
 
 
     
 

Né en 584, mort en 629, Clotaire II est le fils de Chilpéric 1er et de Frédégonde, petit-fils de Clotaire 1er et père de Dagobert 1er.

 

Alors qu’il n’a quelques mois, il est proclamé roi suite à la mort de son père. La régence est donc confiée à sa mère Frédégonde qui se trouve vite en proie aux pires difficultés. Les nobles francs tenus en respect par le défunt roi, lui reprochent chaque jour davantage sa basse extraction et les sanguinaires intrigues par lesquelles elle avait obtenu son élévation.

 

Ne pouvant gouverner seule, elle fait appel à Gontran son beau-frère, qui contrôlait déjà la majorité du pays franc en ayant su entourer littéralement le pays de son neveu.

 

Gontran fait promulguer dès 587 par le traité d’ Andelot, de nombreuses réformes visant à simplifier la gestion du Royaume. Il voit là l’occasion de généraliser à tout le pays franc, ses idées.

Malheureusement, déléguant une trop grosse partie des pouvoirs royaux aux puissants seigneurs terriens et aux maires du palais qui deviennent de véritables premiers ministres, les pouvoirs royaux deviennent moindres.

 

Gontran fait aussi reconnaître, sous le nom de Loi Salique une coutume selon laquelle le roi n’a plus à partager son Royaume entre ses héritiers. Il doit désigner son seul et unique successeur. Au cas où il ne le ferait pas, la primogéniture mâle ou la plus proche parenté même jouerait.

 

Gontran meurt en 592, laissant son neveu sous la tutelle d’un conseil formé de leudes et de maires du palais. Frédégonde disparaît en 597, laissant son fils en proie à d’énormes difficultés et même plus maître en ses Etats.

 

Gontran ayant laissé la plus grande partie de ses possessions à son autre neveu, Childebert II roi d’Austrasie, c’est seulement à sa mort que Clotaire Il devient le seul maître de tout le pays franc.

Clotaire II a profité des années qui suivirent la mort de sa mère, jusqu’à son accession à la royauté totale en Francie, pour se débarrasser peu à peu de la tutelle que les leudes faisaient peser sur lui.

Mais l’un de ses premiers actes, dès qu’il eut rassemblé l’héritage de Clovis, fut de basse vengeance ; il fit saisir la malheureuse Brunehaut, et la fit mettre à mort, en offrande posthume aux mânes de sa mère.

De 613 à sa mort, survenue en 629, Clotaire Il gouverne un pays franc unifié, pacifié, si ce n’est de sourdes luttes d’influence entre le pouvoir central et ces leudes qu’il n’avait pu complètement supprimer, ayant besoin de nombreux administrateurs pour un si vaste Royaume.

 

Il doit sans cesse rappeler à l’ordre ces hauts fonctionnaires outrepassant trop fréquemment les instructions du roi et ayant un peu trop tendance à abuser de leur pouvoir pour lever des troupes et se créer une véritable principauté dans l’Etat.

 

Les maires doivent aussi être maintenus dans leurs charges, leur création étant le fait du Roi. Bien que singulièrement diminuées ces charges, constituaient encore une menace pour le trône.

 

Que le Roi relâche un instant sa pression, et ces messieurs en feraient à leur guise. Il faut savoir que chaque partie du Royaume franc (Neustrie, Bourgogne, Austrasie) avait un maire du palais, et que ces hauts fonctionnaires intriguaient tant qu’ils pouvaient pour discréditer leurs collègues et obtenir ainsi plusieurs mairies.

 

Le Roi doit donc se livrer à un subtil jeu diplomatique, faisant toujours attention à ce qu’un juste équilibre soit maintenu entre les maires, impuissants, seuls devant la volonté royale, mais combien dangereux s’ils avaient laissé leurs querelles pour s’unir.

 

A sa mort, Clotaire Il laisse les germes de la décadence mérovingienne dont le commencement sera retardé par l’ action de son fils, le dernier grand roi de cette dynastie, Dagobert 1er.