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L’Afrique équatoriale française 2
LE GABON
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L’Afrique équatoriale française 2 | ||
A la création du Corps de santé colonial, les possessions françaises d’Afrique équatoriale se réduisent à deux colonies, le Gabon et l’Oubangui, administrées par un commissaire général. En 1908, quatre territoires sont créés : Gabon, Moyen-Congo, Oubangui-Chari et Tchad et en 1910, un décret organise le gouvernement général de l’AEF à Brazzaville. Les territoires sont divisés en régions, elles même subdivisées en districts.
Cette organisation sera plusieurs fois modifiée par changement des frontières des territoires.
En août 1940, le gouverneur général F. Eboué se rallie au général De Gaulle et, après quelques frictions locales, entraîne toute l’AEF qui devient le premier territoire africain de la France Libre.
En 1946, l’Union française institue une loi électorale permettant aux populations africaines d’envoyer des députés et des sénateurs dans les assemblées parlementaires françaises de métropole. En 1951, des assemblées territoriales élues au suffrage universel sont organisées sur la base d’un double collège. Un Grand Conseil de 20 membres, 5 par territoire, assiste le haut-commissaire.
La loi-cadre de 1956 dote chaque territoire d’un conseil de gouvernement dont les ministres sont nommés par l’assemblée territoriale élue au suffrage universel avec un collège unique.
En 1958, l’appartenance à la Communauté française est approuvée par tous les territoires. Le Moyen-Congo prend le nom de Congo-Brazzaville et l’Oubangui-Chari celui de République centrafricaine. Dans les deux ans qui suivent, ils accèdent à l’indépendance et entrent dans l’Organisation des Nations unies.
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LE GABON | ||
Rappel historique entre 1890 et 1970.
En 1882, Libreville est la capitale du Congo français (actuels Congo et Gabon) dont Savorgnan de Brazza est commissaire général. L’occupation, limitée à quelques postes, a pacifié les tribus. En 1886, le Gabon est séparé du Moyen-Congo. Brazzaville devient la capitale du Moyen-Congo et Libreville celle du Gabon.
En 1910 le Gabon est inclus dans l’AEF. En 1911, le Nord du pays est cédé aux Allemands et récupéré en 1914.
La superficie est alors la moitié de celle de la France. A partir de 1957, le pétrole devient la ressource principale, à la place du bois d’okoumé.
Comme les autres colonies d’AEF, le Gabon passe par les phases de "territoire de l’Union française" (1956) de "République dans la Communauté" (1958) et "d’État indépendant" (1960).
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La colonisation française | ||
De la conquête à l'indépendance
C'est à partir du traité signé entre Louis Édouard Bouët-Willaumez et le souverain Mpongwè nommé Rapontchombo le 9 février 1839 que les Français étendent progressivement leur influence sur le Gabon : ils créent un poste militaire dans l'estuaire du Komo et la future capitale, Libreville, est fondée par des anciens esclaves libérés d'un navire négrier. La naissance de Libreville (1850) est liée à l'incident du navire négrier brésilien Ilizia. En effet, suite à la capture de ce navire négrier plein d'esclaves, les autorités françaises décident de les regrouper dans un village un peu à l'image de ce qui a eu lieu à Freetown. Ainsi, au départ Libreville, nom choisi pour exprimer la liberté acquise par ces esclaves, est constituée dès le départ de 30 esclaves et constituera le fer de lance du processus d'occupation du territoire gabonais par les Français. A la suite de l'action d'explorateurs tels que le Marquis Victor de Compiègne, son ami Alfred Marche, ou encore Pierre Savorgnan de Brazza, les accords avec les groupes de population intérieure se multiplient ainsi que les missions catholiques. En 1886, le Gabon fait partie intégrante de l'empire colonial français par le décret du 26 juillet.
Voici comment le Bulletin de la Société de Géographie envisageait la présence française au Gabon, en 1889 : « Pour les Européens, il ne saurait être question d’un long séjour dans la Gabonie. Les fatigues, les marches y sont dangereuses. Cette contrée ne peut donc pas devenir une colonie de peuplement ; tout au plus restera-t-elle une colonie de commerce. Actuellement le nombre de Français résidant au Gabon ne dépasse pas le chiffre de cinquante, abstraction faite, bien entendu, des marins et des fonctionnaires. »
La fixation des frontières du Gabon s'est faite progressivement, d'une part à cause de différends avec le Cameroun allemand, puis d'autre part du fait que, dans le cadre de l'Afrique-Équatoriale française, le Gabon a d'abord été rattaché au Congo français dont Libreville a été la capitale avant de céder la place à Brazzaville en 1910.
La population du Gabon travaille pour la puissance coloniale afin d'exploiter principalement ses ressources forestières. Lors de la construction de la ligne de chemin de fer Congo-Océan, les conditions de travail sont si dures qu'elles provoquent les premières grandes révoltes. Vient ensuite l'exploitation minière qui fut la cause du va-et-vient de la province du Haut-Ogooué entre le Congo et le Gabon en 1925 et 1946.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Gabon se range du côté de la France libre après des affrontements entre colons Gaullistes et vichystes, pendant la bataille du Gabon. En 1946 le pays devient un territoire français d'outre-mer dans le cadre de l’union française et envoie des députés à L’Assemblée nationale en France. En 1958, le Gabon devient une république autonome, et Léon Mba en est élu président.
En octobre 1958, la Communauté française étant nouvellement créée, le Conseil de gouvernement du Gabon, s'appuyant sur l'article 76 de la Constitution, demanda à devenir un département français. Léon Mba, président du Gabon, chargea Louis Sanmarco de présenter la demande auprès du gouvernement métropolitain. Reçu à Paris par le ministre de l'Outre-mer, Bernard Cornut-Gentille, Louis Sanmarco reçut cette réponse sans ambiguïté : " Sanmarco, vous êtes tombé sur la tête ? N’avons-nous pas assez des Antilles ? Allez, indépendance comme tout le monde !"
La réponse du ministre Cornut-Gentille reflétait la pensée du général de Gaulle, qui confia à Alain Peyrefitte : "Nous ne pouvons pas tenir à bout de bras cette population prolifique comme des lapins (…). Nos comptoirs, nos escales, nos petits territoires d’outre-mer, ça va, ce sont des poussières. Le reste est trop lourd" . Le général de Gaulle s'expliqua en ces termes sur l'"affaire gabonaise" : " Au Gabon, Léon M'Ba voulait opter pour le statut de département français. En pleine Afrique équatoriale ! Ils nous seraient restés attachés comme des pierres au cou d'un nageur ! Nous avons eu toutes les peines du monde à les dissuader de choisir ce statut". Dans Le Colonisateur colonisé, Louis Sanmarco explique : "Ce fut pour moi un vrai désastre, la fin des illusions, l’effondrement de tout ce qui avait été le support intellectuel de toute ma carrière, de toute ma vie. J’étais trop abattu, trop discipliné aussi, pour réagir comme j’aurais dû, faire appel de la décision du ministre au général de Gaulle ou à l’opinion elle-même, démissionner avec éclat, que sais-je ? J’avais cru, avec l’adhésion des Africains, atteindre l’apogée de ma carrière, et j’étais dans le trou, désavoué par une métropole qui ne voulait ni de la gloire que lui apportait cette adhésion ni des efforts qu’elle exigeait. A partir de là, comme gouverneur, je ne fis plus que me survivre, et il faudra que j’entame une deuxième carrière pour retrouver mon tonus. Qu’on m’imagine retournant à Libreville pour expliquer au Conseil de gouvernement que la solution souhaitée par la France c’était l’indépendance et non pas le département ! Je n’étais pas fier, et Léon Mba m’en voulut d’avoir échoué. Il avait raison."
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Charles Noufflard | ||